A peine diffusé dans les salles de notre plat pays (seuls quelques petits cinémas indépendants offrent sa diffusion), « Elvis et Nixon » a pourtant quelques beaux atouts dans son jeu. Sympathique sans non plus être le film de l’année, cette comédie est à voir pour le jeu de ses acteurs de feu : Michael Shannon et Kevin Spacey, excusez du peu ! Ces deux grandes figures du cinéma se fondent dans leur rôle malgré la distance physique qui les sépare de leur personnage. Vous imaginiez Shannon en Elvis avant de voir le film ? Nous, non ! Et pourtant, le pari est réussi. Idem pour Kevin Spacey qui n’a plus à prouver qu’il est un comédien de talent ! Après avoir incarné le carnassier Frank Underwood dans « House of cards », l’acteur se fond dans le corps de Nixon en se tordant comme lui, prend ses expressions, son langage et s’il n’en a pas les traits, il a pourtant tout de ce politique si décrié.
Pour organiser ce rendez-vous historique (mais peu médiatique) du 21 décembre 1970, il fallait compter sur la coopération des collaborateurs de Nixon et des amis d’Elvis. Là aussi, le casting est parfait ! Dans la suite « royale », on retrouve le mannequin anglais Alex Pettyfer. Très professionnel, l’acteur a déjà quelques films derrière lui et on s’étonne de ne découvrir que maintenant l’étendue de son talent. Passé inaperçu dans nos références cinématographiques, il mérite que l’on se penche un peu plus sur ses capacités de jeux. Aidé par Sonny (Johnny Knoxville de « Jackass ») il mettra tout en œuvre pour accéder à la demande de son célèbre ami : rencontrer Hoover et Nixon, rien que çà !
Dans le cabinet présidentiel, on retrouve avec grand plaisir Tate Donovan (l’avocat Tom Shayes dans la série « Damages »), toujours juste et investi dans son travail. Partagé entre l’excitation de rencontrer le King et son obstination à respecter le protocole, il aura bien du mal à gérer tout ce petit monde. Par chance, il peut compter sur le soutien de Egil Krogh et Dwight Chapin, les conseillers du Président, interprétés impeccablement par Colin Hanks et Evan Peters (Vif - Argent dans « X-Men »
C’est vrai, la rencontre entre les deux monstres (de l’époque et du 7ème art) se fait quelque peut attendre mais ce n’est que tant mieux. On trépigne d’impatience de voir comment deux caractères que tout oppose vont partager un moment historique que personne n’avait envisagé. Un petit suspense qui sera récompensé par une entrevue… détonante !
Le plus déroutant dans ce film, c’est qu’il met en scène une entrevue qui a véritablement eu lieu et une demande loufoque d’Elvis, pourtant authentique. Ce qui s’est raconté dans le bureau ovale, personne ne le sait vraiment et l’imagination des scénaristes Joey et Hanala Sagal est là pour donner une lecture potentielle de l’événement. A côté de cela, c’est l’euphorie existante autour du King qui est mise en avant et ce, d’une façon très particulière : on s’amuse de voir que les plus grands fans (et imitateurs) ne reconnaissent pas le vrai Elvis alors que tout les autres (jeunes et moins jeunes) s’extasient de le voir débarquer à l’aéroport, dans un hôtel, dans un bureau gouvernemental ou dans un fast food… le décalage est entretenu tout au long du film et ce, jusque dans les moindres petits scènes !
En parlant de détails, la reconstitution de l’époque est fidèlement retranscrite : les couleurs, les costumes, les décors, la bande originale, tout est mis au service du film sans exception… enfin si. Car si on encense le film jusqu’ici, on se doit d’être franc et d’avouer que tout n’est pas entièrement réussi non plus.
Là où le bat blesse, c’est dans l’intrigue scénaristique qui se résume à quelques lignes. Cette histoire improbable et l’angle choisi par Liza Johnson auraient pu donner un beau court métrage alors que nous assistons ici à un film peu copieux. Pour rentrer dans le cadre long-métrage, (et remplir l’heure trente qu’il occupe), la réalisatrice nous sert une poignée de scènes étirées et forcément, cela ne peut qu’aboutir sur quelques longueurs pensantes voire dérangeantes. L’idée était ingénieuse, celle d’en faire un long-métrage un peu moins.
En bref, « Elvis et Nixon » est à voir pour son casting select de haute voltige, pour son ton décalé et pour son côté « people » made in 70’S léger : une bulle d’air agréable qui n’entrera pas non plus dans les annales du cinéma américain…