Depuis le cinquième opus et son succès surprise, la franchise est entrée dans la cour des grands, des blockbusters faramineux qui rapportent et qui suscitent l’attention d’un public qui s’élargit de film en film. Car oui, qui aurait pu penser que 14 ans après le premier film (2001, quand même…), la saga Fast & Furious perdurerait autant, arrivant ainsi à la septième virée et promettant de nouvelles aventures dans les années à venir (la production a récemment annoncé la mise en chantier d’un 8, 9 et 10ème film) ? Personne, cela va sans dire ! Mais la formule n’a-t-elle pas subi une certaine baisse de régime à force de suivre le même chemin ?
Scénaristiquement parlant, il ne faut rien attendre de Fast and Furious 7. En même temps, si vous allez voir ce film, c’est que vous connaissez la franchise (au moins à partir du 5) tout en sachant qu’il ne faut pas trop en demander dans ce genre de divertissement, vu que la recette est la même depuis quelques années. En somme, ce nouvel opus ne déroge pas à la règle de la saga : une troupe de mordus de la route et de grosses cylindrées devant affronter un redoutable adversaire en toute illégalité tout en faisant chauffer l’asphalte, admirant au ralenti les pépés en petites tenues sous des airs de hip-hop et faisant voyager le spectateur par des plans exotiques dignes des plus belles cartes postales. Bref, si vous commencez à en avoir marre de Dominic Toretto qui continue à faire l’éloge gnangnan de sa « famille » en plein milieu d’une trame aussi invraisemblable que certaines séquences, au profit d’un déballage d’action d’une très grande efficacité, passez votre chemin, Fast & Furious 7 reprenant sans se cacher ce concept initié par le cinquième opus. Mais vous manquerez ce qui se présente sans fausse note comme l’épisode le plus fun de toute la franchise !
Alors oui, un tel film demande avant tout de laisser son cerveau avant le visionnage au risque d’avoir une crise cardiaque devant d’aussi grosses ficelles scénaristiques, des répliques d’une monumentale bêtise et toute cette testostérone qui dégouline de l’écran. Mais en même temps, c’est pour le plaisir que vous allez voir le film et rien d’autre. Et cela, le réalisateur James Wan, le scénariste Chris Morgan et les acteurs l’ont bien compris. Malgré les moments dramatiques du long-métrage, qui mettent notamment en scène l’amnésie de Letty tout en gâchant le rythme, le tout se révèle être la définition exacte de la badass attitude. Un divertissement qui fonce à toute berzingue dans le manque de sérieux purement assumé en doublant les séquences d’action invraisemblables, saupoudrées de punchlines efficaces et de personnages attachants pour bien des raisons. Une distribution plus que généreuse de « badasserie » qui permet à la franchise de tenir la distance sans faire tomber cette dernière dans la redite ennuyeuse. Le spectateur féru d’action survitaminée, d’explosions en tout genre et de cascades à couper le souffle en aura indiscutablement pour son argent, malgré des effets numériques qui n’arrivent toujours pas à passer la seconde depuis l’existence de la saga.
Ce constat, Fast & Furious 7 le doit en partie à James Wan, réalisateur spécialement connu dans le domaine de l’horreur (Saw, Insidious 1 et 2, Conjuring) et qui se retrouve pour la première fois à la tête d’une superproduction dépassant les 200 millions de dollars. Bien qu’il n’ait pas vraiment de mise en scène personnelle et que le bonhomme a dû se glisser dans le moule clipesque propre à la saga, il a su démontré avec ce film qu’il peut diriger un tel projet sans lui faire perdre une once d’efficacité. Il suffit de voir les scènes d’action, fluides, énergiques, lisibles et bien montées. Ou encore sa manière de filmer la plupart des comédiens, allant jusqu’à en iconifier certains : Jason Statham retrouve sans mal la classe qui le distinguait dans Le Transporteur, Dwayne Johnson n’a jamais été aussi cool que dans ce film… En la personne de James Wan, Hollywood vient de trouver une nouvelle valeur sûre en matière de faiseur de divertissements qui sait autant amuser son public que lui-même !
Et Paul Walker dans tout cela ? Car oui, impossible d’évoquer Fast & Furious 7 sans parler du décès du comédien et de l’impact sur la version finale du film. Avec les nombreux hommages et déclarations sur le sujet qui ont fait la une des medias depuis plusieurs mois, le risque de voir le long-métrage usé de cette tragédie comme argument marketing, atout au succès commercial ou bien prétexte à du tire-larmes. Rien de tout cela, étant donné que l’absence de l’acteur ne se remarque quasiment pas. Sauf pour un œil avisé qui saura repérer les différentes ficelles du tournage réalisées pour donner encore l’illusion de sa présence au sein de l’équipe (doublures, effets numériques, incrustations…), et la réalisation d’un hommage véritablement touchant qui lui a été rendu
en fin de film
(confirmant l’esprit de « famille » qui règne dans cette franchise). Fast & Furious 7 n’en fait jamais trop sur la disparition de Paul Walker tout en arrivant à émouvoir via une seule séquence, une bien belle façon de lui dire au revoir.
Il ne reste plus qu’à espérer que les prochains opus prennent leur voie et évitent de se reposer sur son décès comme a très bien su le faire ce septième volet. Ou bien qu’ils sachent renouveler un tantinet la franchise qui, pour le moment, continue sur les acquis du 5. Avec Fast & Furious 7, la recette fonctionne encore et James Wan possède les capacités nécessaires pour tenir le volant question dynamisme, sensation et efficacité. Mais pour combien de temps ? En tout cas, ce nouveau volet saura combler les amateurs d’action, se présentant comme un divertissement diablement fun et sans aucune prise de tête. Le long-métrage idéal pour s’amuser !