Day of Violence est un film un peu particulier, sorte de métrage horrifique imbibé de polar violent anglais, à moins que ce ne soit davantage l’inverse. En tout le cas le mélange est à la base sympathique, et indéniablement c’est pour cela que la première moitié du film est la plus réussie.
Coté casting malheureusement ce n’est pas bon. Le meilleur acteur est clairement Giovanni Radice, qui, utilisant sa grande expérience, parvient à rendre sa brève apparition comme le meilleur moment du casting. Car en effet, les autres ne s’en tirent pas bien. Nick Rendell d’abord peine sur deux points : il ne joue pas bien (il faut le voir lors de son entretien d’embauche avec Boswell, c’est risible), mais en plus il peine à imposer du charisme. Il a pourtant un physique assez imposant, mais non, il reste fade, comme un second couteau « armoire à glace » dans n’importe quel film d’action. Quant au reste… Victor D. Thorn est tout aussi fade dans le rôle du méchant, et il n’y a vraiment pas, dans le reste du casting, de quoi se réjouir davantage. Dans l’ensemble il y a de grosses lacunes, assez surprenantes d’ailleurs car on ne demandait pourtant pas aux acteurs d’abattre un travail de futur oscarisés.
Le scénario, comme je l’expliquais part très bien. Il est sombre, violent, caustique, et on se dit que l’on va avoir droit à un film bourrin décomplexé. C’est vrai que cela reste pendant la deuxième partie du film, mais malheureusement l’histoire en prend un coup. Elle devient très banale, très vide aussi (il ne se passe franchement plus rien passé 45 minutes), et la conclusion est décevante. Je ne parle pas de l’épilogue final, mais de la manière dont Mitchell s’en sort (d’une manière absolument pas crédible et qui n’a rien à envier à un mauvais film de Seagal). Très dommage, d’autant que l’ambiance polar urbain anglais si agréable au début finit par s’évaporer au profit d’un truc beaucoup plus américanisé et moins savoureux. Toutefois le rythme reste constant et solide.
Visuellement le film est plutôt honnête. Le réalisateur très clairement a du talent. Il y a de très bonnes choses à retenir, notamment dans le choix des angles de caméra (pour l’épilogue le choix était très judicieux). Il sait ce qu’il fait, et sait ce qu’il veut et cette maitrise se ressent bien. La photographie en revanche est plus banale. Elle offre quelques promesses au début qu’elle ne tient finalement pas, et l’ensemble en souffre un peu. De même les décors ne sont pas suffisamment convaincants, ils peinent à installer une réelle ambiance et dégage parfois un sentiment de pauvreté désagréable. Pour le reste Day of Violence présente des scènes violentes comme son titre l’indique. Après une scène d’ouverture qui annonce plutôt de la fesse que du sang, le reste est nettement plus brutal. Malgré tout ces séquences (assez longues cependant) son relativement circonscrites à des moments précis, et entre deux passages sanglants le reste est nettement plus sobre. Je déconseille quand même vivement ce film à ceux qui ne sont pas trop habitués, car il y a une crudité certaine dans les scènes de tortures, lesquelles sont très bien faites. Je note l’absence d’une bande son à la hauteur.
En conclusion ce film n’est pas à jeter. Il a de bons points (dont sa mise en scène), et beaucoup de bonnes intentions. Le problème c’est qu’il ne parvient pas franchement à les mettre en œuvre et l’ensemble dégage une impression pas terrible de brouillon, de version inaboutie, de répétition. Il est clair que ses acteurs nuisent par ailleurs à sa crédibilité. De ce fait je ne peux décemment pas lui donner la moyenne, même si le visionner n’est pas atroce non plus.