La relative déception qu’on éprouve au terme de cette adaptation cinématographique très attendue de ‘Assassin’s creed’ est à la mesure de l’adoration que je voue à la franchise de jeux qui, quelques soient ses défauts, reste la série dont j’attends chaque nouvel épisode avec une intense fébrilité. Le plus paradoxal dans l’histoire, c’est que rares sont les adaptations de jeux vidéo au cinéma à se montrer aussi réussies que celle-ci, à bénéficier d’un scénario consistant, d’un réalisateur capable d’assurer le spectacle et d’un casting d’acteurs de premier plan. Car oui, à l’échelle du blockbuster hollywoodien, ‘Assassin’s creed’ présente tout de même pas mal d’atouts. L’histoire, inédite, se déroule dans l’Espagne de la fin du XVème siècle, ce qui permet au film de ne pas être uniquement l’adaptation d’un épisode de la franchise dont tous les fans compulsifs connaîtraient les moindres détails et recoins. Le fan-service est bien là mais concerne exclusivement les aspects visuels, comme les tenues des assassins, les mouvements de combat, l’équipement ou les incontournables “sauts de la foi�, et se coule de manière parfaitement naturelle dans le feu de l’action. Enfin, Michael Fassbender campe un personnage trouble et plutôt négatif, loin du héros unidimensionnel qu’on aurait pu redouter. J’étais toutefois presque certain que ‘Assassin’s creed’ au cinéma présenterait moins d’enjeux narratifs, moins de personnages historiques, moins de lieux célèbres et moins de complexité que son homologue sur console et PC...et effectivement, on écope une nouvelle fois de la démonstration que le cinéma, un certain type de cinéma aux visées commerciales en tout cas, est devenu un médium qui offre moins de liberté et de possibilité créatives que celui qui fut longtemps considéré comme son parent pauvre et interactif. En outre, deux choix artistiques me semblent assez inexcusables, d’autant plus qu’il ne reposaient sur aucune contrainte réelle : tout d’abord, cet ‘Assassin’s creed’ prend place en majeure partie dans le contexte moderne de la lutte entre Assassins et Templiers, les passages dans l’Animus étant traités comme de simples escapades historiques colorées : en somme, tout le contraire de la logique ludique où les sections contemporaines ne valent que pour leur rôle de liant narratif. Ensuite, alors que les somptueux panoramas urbains et leur illusion de vie quotidienne constituaient un des points forts du jeu, le film a pris la décision inexplicable de tout noyer dans un semi-brouillard : l’atmosphère ainsi élaborée n’apporte rien, si ce n’est le sentiment que la régie visuelle souhaitait simplement ne pas s’emmerder à reconstituer une ville ancienne dans ses moindres détails. Enfin...objectivement, le résultat reste tout de même très potable, mais pour une fois que j’avais de réelles exigences en terme d’adaptation, je ne vais tout de même pas me priver de critiquer, hein !