Cet avis est donné par un cinéphile qui ne pratique pas (ou très peu) les jeux vidéo. C’est donc avec neutralité que j’apporte ma petite contribution à ce florilège de critiques données par les internautes cinéphiles. Après avoir longuement hésité à aller voir ce film, j’avoue avoir été très agréablement surpris par le spectacle qu'offre "Assassin’s creed". Il y a pourtant de quoi se perdre un peu au début car on nous promène dans trois contextes spatio-temporels différents, dont l’année de départ n’est pas choisie au hasard pour la suite de l’histoire. Cependant ces trois temporalités sont utiles pour dessiner l’intrigue et ses enjeux, ainsi que la présentation de celui qui deviendra le personnage principal. Mais ce qui scotche efficacement le spectateur dès les premières secondes, une fois passée la petite notice explicative pour clarifier le fond de l’histoire, ce sont tout simplement les consonances de la partition du compositeur Jed Kurzel d’une part, et d'autre part une esthétique visuelle de l’image qui s’en retrouve énormément stylisée. Question effets visuels, force est de reconnaître qu’ils sont très bien faits. L’arrivée dans les souvenirs est à chaque fois si impressionnante que la 2D passe presque pour de la 3D (tout comme les premiers plans sur le rapace en plein vol), notamment sur les plans aériens particulièrement virevoltants, et l’incrustation des spectres pour mettre le personnage principal face à "lui-même" est purement confondante. Le traitement de l’image à la fois poussiéreuse et jaunâtre rappelle indéniablement l’univers des jeux vidéo (surtout quand on a affaire à un combat plus ou moins en rapport avec le commencement et la survie de l'humanité telle est a été créée, un combat qui dure depuis la nuit des temps), et qui entre en contraste total avec le présent pour le coup froid et aseptisé. Le récit aurait pu être un peu plus travaillé sur ce qui oppose les Assassins à l’Ordre des Templiers afin d’amener un peu plus de suspense et pour améliorer la bonne compréhension des cinéphiles non initiés au jeu vidéo, mais je suppose que les scénaristes ont dû mettre de côté quelques petites choses pour nous offrir au moins un deuxième opus. Qu’importe, on en a pour notre argent, avec des scènes d’action impressionnantes de précision et des combats parfaitement bien chorégraphiés, d'ailleurs parsemés de folles courses-poursuites hallucinantes réalisées à une vitesse que jamais je ne pourrai soutenir sur même pas la moitié de la distance, à moins de mourir d'apoplexie. Michael Fassbender incarne le héros avec énormément de charisme, hyper convaincant dans la peau de cet assassin froid et implacable que rien n’arrête, et dans la peau de ce repris de justesse plus en proie à la peur et à l’indécision qui le poussent parfois aux portes de la folie, à tel point qu’on se demande si c’est bien lui qui occupe les deux rôles. Il est méconnaissable, et c’est tant mieux. Autant l’avouer : il porte le film sur les épaules, réussissant presque à éclipser le reste du casting, ce qui n’est pas une mince affaire face à Jeremy Irons. Quant à Marion Cotillard, elle est bien trop sage dans ce film, limite un peu trop taiseuse pour garder un souvenir impérissable de son interprétation quelque peu fermée, mais elle a fait le job certainement comme on le lui a demandé. Dommage qu’il faille attendre longtemps pour qu’elle nous montre enfin un petit quelque chose de vraiment intéressant. Cependant "Assassin’s Creed" ne serait pas ce qu’il est sans son support musical qui le rend incroyablement prenant (pour ne pas dire immersif) par le thème principal. Superbes, grandioses, les thèmes revenant le plus souvent joués par l’orchestre contemporain de Londres donnent une force incroyable au film, et manquent de peu à provoquer le frisson chez le spectateur (perso, j’en ai eu quelques uns) tant c'est entêtant, à l'extrême limite de la redondance. Si vous restez durant tout le générique de fin pour guetter une éventuelle scène post-générique (qu’il n’y a pas, soit dit en passant), vous aurez le plaisir d’écouter le thème principal dans son intégralité. Comme quoi, il y a parfois des longs métrages qui se distinguent autrement que par la qualité de réalisation et de montage, et/ou par le jeu des acteurs. En plus du spectacle visuel et de l’interprétation de Michael Fassbender, le vrai atout de "Assassin’s creed" se situe autour de la bande originale, aidée par la force de la bande son corpulente à souhait et par ailleurs très bien répartie. Particulièrement bien rythmé, alternant subtilement les moments de vraie intrigue avec les scènes d'action, "Assassin's creed" est donc un vrai spectacle jamais ennuyeux grâce à ses qualités visuelles, musicales et acoustiques, dopé par une interprétation incroyable de Michael Fassbender, qu'il serait dommage de ne pas voir au cinéma, ou en Blu-ray.