Les implications de Michel Fassbender, Marion Cotillard et Justin Kurzel, un trio ayant très bien fonctionné sur le récent Macbeth, et de la firme Ubisoft elle-même, mastodonte de l’univers vidéo ludique derrière la licence, une parmi tant d’autres, n’y changeront rien. Assassin’s Creed, dans sa version cinématographique 2016, est une coquille vide, un essai qui ne se voudra jamais concluant. L’échec est d’autant plus retentissant que l’Entertainment annonçait ici un renouveau dans l’adaptation des jeux vidéo sur grand écran, manière de dire que les éditeurs des supports originaux s’impliqueraient directement dans la production et l’élaboration, à tous les niveaux, des films qui en découleraient. Cafouillage, surplus d’un orgueil artistique mal placé, scénariste en pleine divagation? Que penser, concrètement, de ce Blockbuster désincarné, maladroit, si ce n’est qu’une fois encore, la machine hollywoodienne et ses tentacules nous livrent le niveau zéro du cinéma sur un plateau richement décoré?
A la décharge de tout le monde, disons que les jeux vidéo eux-mêmes, dans leurs multiples déclinaisons, sur lesquels le cinéaste aux commandes s’appuie grandement, ne sont pas des exemples de limpidité narrative absolue. Oui, jamais la narration n’aura été la force de la firme Ubisotf, tout du moins depuis la prolifération de ses licences en mode monde ouvert. Pétri de bonnes intentions, de belles idées, la licence se mute en un film amorphe, un exercice de style pompeux qui ne ravira même pas les fans de la première heure. Vide, tout aussi vide qu’artistiquement discutable, le film se veut le résultat d’une addition de toutes les faiblesses de la saga vidéo, sans tenir compte de la moindre de ses qualités ou potentiels. Voyage dans le temps, corrélation entre passé et présent, exploration, des sous-thèmes proprement écartés par la production d’un film qui se veut un concentré malhabile de tout ce que la franchise avait de moins intéressant à offrir.
Un gâchis, dirons-nous, du fait de la présence d’un acteur au talent indiscutable qui, jusqu’ici, n’avait commis aucun faux pas. Les errances de Justin Kurzel, celui qui était parvenu à redonner un souffle intéressant à une œuvre usée jusqu’à la corde, toujours le même Macbeth, n’augurent elles aussi rien de bon. Le cinéaste, s’il semble pourvu d’un sens particulier de la mise en scène, se noie sous ses effets numériques illisibles et souvent sinistrement brouillons. Si personne ne semble pourtant aussi à la rue que le ou les scénaristes, ici, avouons toutefois que la piètre performance de Marion Cotillard se veut ici comme étant la cerise sur un gâteau fichtrement rassis.
Tout ça n’est en définitive qu’une illusion de divertissement, un projet tristement creux, une tentative bien malheureusement mise à sac du renouveau de l’adaptation de jeux vidéo au format cinéma. Malhonnête, disons le franchement, envers son public, ce film médiocre se dote d’une fin totalement affligeante, porte ouverte à une suite qu’il me sera strictement impossible de voir tant l’arnaque artistique et narrative suinte ici de toutes les surfaces de la bobine. Décidément, Assassin’s Creed, la franchise, qu’importe son support, s’offre le luxe de la médiocrité. Inquisition espagnole, temps des croisades, renaissance ou révolution française, peu importe, la licence vient de signer son arrêt de mort. 02/20