Si vous vous intéressez au film de Justin Kurzel, c’est très probablement que vous êtes un gamer, fan de la série de jeux « Assassin’s Creed » d’Ubisoft. Envieux de vous immerger autrement dans l’univers graphique vidéoludique, vous poussez la porte de votre cinéma et là… après 1h50 de vision, vous vous rendez compte que ce n’était peut-être pas la meilleure des idées. S’il reste un divertissement correct, le film ne remplit par toutes ses promesses et, comme nous, vous jurerez peut-être un peu trop tard, qu’on ne vous y prendra plus…
Nous lisions dernièrement que Michael Fassbender avait l’intention de faire une petite pause après l’enchaînement intense de longs tournages qu’il a réalisé ces derniers mois. Jugez plutôt : « Alien : Covenant », « Weightless » (de Terrence Malick), « X- Men » et le très beau « Une vie entre deux océans », il n’a pas chômé notre germano-irlandais préféré ! Mais force est de constater qu’il est temps pour lui de faire le point sur sa carrière car, s’il est tentant d’être à l’affiche de grands blockbusters, ce n’est pas non plus ce qui le servira le plus… S’il est impliqué dans son rôle de Cal Lynch/Aguilar (ses démonstrations physiques et son accent espagnol prouvent son investissement), le comédien ne parvient pas à combler les soucis scénaristiques d’« Assassin’s Creed » et c’est bien dommage ! Egalement producteur du film, on se demande ce qui l’a poussé à mettre des billes dans un film aussi bancal, qui, on vous le donne en mille, ne sera sans doute que le début d’une série de métrages…
Il faut dire que nous nous attendions, à l’instar de « Warcraft », à une histoire plutôt fidèle de l’univers du jeu vidéo. Et c’est là que le film pèche ! Le décor planté, le contexte présenté, on se plonge dans les souvenirs d’Aguilar, ancêtre de la confrérie des Assassins dont Cal est le descendant. La reconstitution est magnifique, les effets de style propres au jeu soignés : les effets de plongées sur la ville andalouse du XVème nous font sans conteste penser aux cinématiques des épisodes de la saga vidéo. On se balade de terrasse en terrasse, on saute ici et là, on se fond discrètement sur les ennemis pour les poignarder, on s’infiltre sans crier gare… bref, on vit l’action à fond. Les couleurs chaudes de l’Espagne de jadis, les costumes et l’ambiance sonore nous chatouillent les pupilles et nous font voyager. Mais cela ne constituera finalement qu’un petit quart de l’intrigue… le reste du temps, nous évoluerons en 2016, dans le centre de recherches Abstergo dirigé par les Docteurs Rikkin père et fille, à savoir Jeremy Irons et Marion Cotillard. Les deux comédiens ne prennent ici pas trop de risque et servent ce qu’ils ont l’habitude de proposer, ni plus, ni moins.
Côté surprise, on s’étonne de découvrir Charlotte Rampling et Brendan Gleeson au générique (si si, on vous le jure) dans des petits rôles (alimentaires ?) mineurs. Promis, nous arrêtons ici avec les petites présentations en règle. On aurait pu continuer sur notre lancée et présenter les petits copains qui viennent s’ajouter au casting, mais passons à ce qui fâche.
Le film, malgré ses libertés scénaristiques, reste tout de même dans l’esprit du jeu. On comprend pourquoi et comment Callum Lynch se retrouve projeté dans le passé. Néanmoins, ce goût de trop peu historique est vite comblé par une ration de contemporanéité trop présente et finalement peu captivante. On regrette l’orientation prise par le trio de scénaristes (Bill Collage, Adam Cooper et Michael Lesslie) car il y avait matière à voyager davantage dans l’Espagne du Moyen-Age, en quête d’un artefact de haute importance. C’est précisément cette possibilité d’aventure qui nous a manqué. Oui, on comprend que les Assassins (d’hier et d’aujourd’hui) défendent le libre arbitre alors que les Templiers veulent contrôler les populations et avilir la violence. Mais était-ce indispensable d’en faire le sujet central ? Pas sûr…A côté de cela, la psychologie des personnages est survolée, l’aventure un peu bâclée : on assiste davantage à une préface qu’à une épopée à proprement parler et c’est pourtant ce que nous étions venus chercher.
C’est donc mi-figue, mi-raisin que nous sortons de notre salle ciné. Faut-il vanter les mérites du film de Kurzel ? Faut-il le réprimer ? Difficile à dire… On s’attendait à ce que le tandem réussi Fassbender/Kurzel, (que l’on avait suivi dans l’adaptation ciné de « Macbeth »), nous fasse rêver, palpiter. Les intentions étaient bonnes, le résultat un peu moins. Mais nous serions intéressés de connaître votre avis sur ce film désappointant.