Dans la tête des Wachowski, on trouve du Nieztche, du Marx, du Philip K. Dick, du William Gibson, du Star Wars, du John Woo, du James Cameron, des mangas, des comics, et beaucoup d'autres monuments de la pop culture,... La liste est non exhaustive mais vous avez capté l'idée, le duo de réalisatrices ratissent large, ce qui ne veut pas dire qu'elles se facilitent la tâche, loin de là. Parce que trouver sa voie en traversant ces immenses totems, bonjour l'angoisse. En 1999, leur deuxième film Matrix trouvait un équilibre parfait, et prenait tout le monde de court. À sa sortie, c'était un miracle. Le drame, c'est que ça l'est toujours aujourd'hui. En clair, les Wachos n'ont jamais retrouvé de recette aussi exquise. Pas faute d'avoir essayé, et croyez bien que leurs opus suivants transpiraient d'ambition, de générosité et de maladresse. Avec*Jupiter Ascending*, les Wachowski tentent une nouvelle fois le grand saut, mais c'est la première fois qu'elles se crashent de manière aussi spectaculaire.
Pour être franc, je ne sais toujours pas précisément quel était le but du film : débuter une nouvelle saga ou achever le nanar de l'année. Rapidement, quelque chose coince. Dans les 15 premières minutes, on croise plusieurs personnages sur une planète qui discutent de choses qu'on ne saisit pas, puis pouf on arrive sur Terre. Par la suite, on semble se stabiliser dans un nouveau récit d'initiation (et d'émancipation) sous les oripeaux d'un space-opera en mode Cendrillon légèrement décalé, avec des maquillages évoquant Star Trek ou Stargate SG1. Mais ça coince toujours, la sauce ne prend pas. Comment croire à cet univers puisqu'on ne nous le présente que localement ? Tout semble expéditif, téléphoné. Si le film prend le temps de nous exposer les enjeux, ils sont au centre d'un film qui flirte trop souvent avec la parodie. Ce qui passe presque pour de l'ironie, compte tenu d'un humour souvent hasardeux. Le temps ne va faire que creuser le fossé entre les tentatives louables et les exécutions embarrassantes (mon dieu, la scène des abeilles), jusqu'à arriver à un point où le rire est la seule réaction face à cette dégringolade ? Que voulez-vous faire d'autre, face à un Channing Tatum mi-Wolverine et mi-Loup-Garou du campus, une Mila Kunnis en plein trip sous LSD ou un Eddie Redmayne échappé de l'opéra Notre Dame de Paris ? La direction artistique quant à elle réussit la prouesse d'enchainer beauté et laideur au sein de la même scène, souvent d'un plan à l'autre.
Au second ou troisième degré, il est certain que Jupiter : le Destin de l'univers va devenir l'un des favoris lors de soirées amis-pizzas-bières(et joints accessoirement). Le problème, c'est que l'objectif était apparemment de nous livrer clé en main le prototype d'une nouvelle saga stellaire par les Wachoski. Il est donc triste de voir cette concentration de talents, toute cette ingénierie finir dans un mur.