Jupiter Ascending, le salut de l’univers mais aussi d’un certain cinéma!
C’est le nerf de la guerre! Le cinéma créatif a laissé sa place aux suites, prequels et autres remakes. Les deux derniers exemples en date? À la poursuite de demain et Jupiter Ascending. En effet, en salle, le dernier film des Wachowski (créateurs de Matrix, faut-il le rappeler?) n’a pas séduit. Dommage, car cette fresque science-fictionnelle valait plus que son pesant et Andy et Lana sont toujours des génies de l’inventivité! Le film vient de sortir en DVD. Et on vous explique pourquoi il n’y a vraiment pas de quoi se priver dans cette séance de rattrapage de luxe!
Née par une nuit étoilée, Jupiter Jones n’a que ce souvenir pour elle. La tête dans les étoiles, pourtant, comme la trajectoire de l’une d’entre elles, la vie de Jupiter (Mila Kunis) a très vite dévié. Immigrée russe à Chicago, ses rêves elle les a rangés au plus profond des toilettes qu’elle nettoie à longueur de journée. Jupiter est femme de ménage et ne peut vraiment rêver mieux. Sauf que… quand débarque Cain (Channing Tatum), chasseur militaire génétiquement modifié et vraisemblablement extraterrestre, les événements étranges se multiplient. Et très vite, celle qui ne se prenait pour rien d’autre qu’une bonne à tout faire va se retrouver au centre de toutes les convoitises. Son héritage génétique ne lui livrerait rien d’autre que le sort d’un univers en péril.
Il n’y a pas à dire, le nouveau film des Wachowski, c’est toujours un événement. Et peut-être encore plus, pour ma part du moins, depuis le cap franchi avec Cloud Atlas. Et là, une nouvelle fois, on n’est pas déçu. Dès les premières minutes, nous voilà plongés dans un monde baroque et futuriste, totalement dingue. Les personnages, reptiliens, mercenaires tels des surfeurs d’argent ou roi d’autres planètes sont esthétiquement soignés. Le casting est d’ailleurs inébranlable. Le duo principal, Mila Kunis (qui en fait un bien beau bout de chemin cinématographique depuis Black Swan, même si sans doute moins bankable que d’autres, mais ce n’est pas affaire de talent!) et Channing Tatum, est plutôt intriguant mais bien trouvé. Puis, il y a le toujours aussi incroyable Sean Bean, le récemment oscarisé Eddie Redmayne en méchant frémissant et le tout jeune Douglas Booth, impressionnant dans The Riot Club. Rien à dire au niveau des acteurs.
Personnage à part entière, il y a cet univers, créé de toutes pièces, avec cette mégalomanie qui érige les génies. Avec ce space-opéra, on a l’impression qu’Andy et Lana se sont encore un peu plus retrouvés tels deux gosses devant un parc d’attraction qu’ils pouvaient eux-mêmes créer. Des attractions toujours plus fortes, toujours plus inouïes, jusqu’à un affrontement final digne des plus grands ballets classiques mais aussi des meilleurs jeux-vidéos survivalistes. Avec de l’humour également, et notamment une scène hilarante sur l’enfer des bureaux des sceaux et cachets. Hé oui, si vous en doutiez, les problèmes de bureaucratie des planètes à des années-lumière d’ici sont pourtant bien les même que par chez nous!
Bon, d’accord, ce n’est peut-être pas le meilleur des Wachowski (mais pourquoi toujours faire des critiques en fonction de ce qu’ils ont fait avant plutôt que de se concentrer sur le film présent?), mais encore une fois, les deux surdoués consacrent aussi la forme à un fond, une nouvelle fois, avec un fourmillement d’idées. Dont le thème fort reste que la vie est un produit de consommation, un produit d’esclavage sur lesquels les puissants ont droit de vie et surtout de mort. Sans doute les Wachowski développent-ils trop d’idées avec Jupiter Ascending ce qui fait parfois pécher le film.
Mais rappelons que ce film est une création originale (pas de livre, pas de comics, pas de série à la base de cet univers incroyable!), riche qui plus est. Puis, ne vaut-il mieux pas trop d’idées plutôt que pas d’idées? Et ce genre de film est le salut du blockbuster créatif, en dehors des sentiers trop rebattus qui orientent l’industrie du cinéma vers les adaptations et autres suites. Le destin de l’univers peut-être pas, mais le destin d’un certain cinéma, assurément