Caroline Deruas-Garrel est la femme du cinéaste Philippe Garrel à qui l'on doit entre autres L' Enfant secret, Sauvage innocence ou Les Amants réguliers. Caroline est d'ailleurs actrice dans ce dernier. La cinéaste a également co-écrit Un été brûlant en 2011, en collaboration avec son époux.
Les Enfants de la nuit a été présenté dans de nombreux festivals de par le monde (New York, Abu Dhabi, Turquie...) et a notamment remporté l'Ours d’or au Festival des Nations d’Ebensee, le Prix spécial du jury au Festival Cinéssonne et le Prix du public au Festival Curtas Vila Do Conde au Portugal.
La réalisatrice a écrit Les Enfants de la nuit en ayant déjà le casting en tête, notamment pour Félix M. Ott. En effet, Caroline Deruas avait été subjuguée par la lumière qui émanait de lui après l'avoir vu à Chaillot dans une mise en scène de Yves-Noël Genod. Selon la cinéaste, n'importe quelle jeune fille pouvait tomber amoureuse de Félix, il était donc l'Allemand parfait pour son film. Quant à la belle Adèle Haenel, Caroline Deruas confie : "Adèle a été une évidence. Je me sens proche de son côté garçon manqué, buté - que je vois comme une manière de se protéger - et de sa volonté de ne pas user des moyens habituels de séduction féminine. C’est exactement la féminité que j’ai envie de dessiner."
L'envie de réaliser Les Enfants de la nuit est venue à Caroline Deruas en repensant aux femmes tondues après la guerre pour avoir entretenu des relations avec des soldats allemands. Elle confie à ce sujet : "Je n’avais aucune envie particulière de me plonger dans la Seconde Guerre Mondiale mais j’étais hantée par l’image des femmes tondues depuis des années. Je ne me suis sans doute jamais sentie aussi féministe qu’en pensant au sort de ces femmes. Mais je ne me sentais aucunement le droit de toucher à la Seconde Guerre mondiale. Il m’a fallu du temps pour accepter mon envie d’en parler et trouver le courage de surmonter mes peurs."
Caroline Deruas se revendique admiratrice de François Truffaut, notamment en ce qui concerne la narration de son récit. Ainsi, la cinéaste a injecté dans son court métrage une voix off, accompagnement narratif cher à Truffaut. En ce sens, la cinéaste révèlera : "Je voulais cette douceur que peut parfois apporter la voix off et que Truffaut a su si bien utiliser. Truffaut compte pour moi car il fait partie de ceux qui sont à l’origine même de mon désir de cinéma."
Le film a été bien reçu dans des pays pourtant assez éloignés du conflit mondial de 39-45 comme le Mexique ou Abu Dhabi. Caroline Deruas explique cela par le fait que le cas des femmes tondues soit une pratique courante dans chaque conflit armé, c'est pour cela qu'il touche même des pays qu'on ne soupçonnerait pas. Toutefois, Les enfants de la nuit a été peu en vue en Europe : "Ce qui m’a surpris c’est qu’il ait été si peu montré dans les festivals français et allemands. Cela m’a beaucoup déçue", déplore la cinéaste.
Caroline Deruas s'est documentée de manière assidue dans le but de réaliser Les enfants de la nuit. La cinéaste révèle avoir lu beaucoup, "D’une part des livres assez génériques sur les femmes tondues ou plus généralement encore sur la Seconde Guerre mondiale mais aussi en fouillant dans des livres régionaux où apparaissaient des histoires plus précises, plus intimes. J’ai aussi fouillé les archives filmées et sonores. Je suis ainsi tombée sur ces fantastiques chansons de Pierre Dac qui passaient sur radio Londres. Je n’imaginais pas un tel humour et une telle provocation possibles dans une période si dure", confie la réalisatrice.