Mon blog cinéma: http://ombreserrantes.com/
J’ai vu ce film suite à une bévue assez désopilante, il faut bien le dire: j’avais l’intention de voir le film Voie Rapide dont j’avais oublié le titre. Du coup, une substitution inconsciente , de l’ordre du lapsus memoriae, a opéré une confusion entre « coeur ouvert » et l’expression « tombeau ouvert » dont le champ sémantique se rapproche de l’univers de la vitesse avec toute la fascination mortifère qu’elle provoque sur la voiture comme instrument de mort et de puissance: voici pour l’autoanalyse à deux centimes d’euro
Bref, me voici littéralement enfermé dans la salle de cinéma après m’être rendu compte de mon erreur, et j’avoue que je l’ai payée au prix fort . J’ai dû avaler une espèce de soupe indigeste, de mélasse niaiseuse, nauséabonde qui se complaît dans un sentimentalisme béat en croyant s’aventurer sur les terrains de la grande fiction romanesque avec son lot de souffle mélodramatique, d’ascension vers l’absolu du sentiment, dans une relecture grandiose de la passion comme souffle révolutionnaire face à la pesanteur de la communauté. Enfin, tout cela c’est sans doute ce qu’ a voulu faire la réalisatrice car le résultat, assez pitoyable, à défaut d’être pathétique dans ses moyens d’expression, culmine à un degré de lourdeur et de bêtise, à mi-chemin, pour parler vite, entre Plus Belle la Vie et Urgences ( tout en s’autoproclamant dans la lignée de Sirk, Doillon, Zulawski, pour élucider les références lourdement distillées par la réalisatrice tout au long de cette mixture).
Nous sommes dans un hôpital, au service chirurgie cardiaque où travaille de concert un couple de personnages joués par notre oscarisée Binoche et Edgar Ramirez( l’ex-admirable Carlos d’Assayas, ici transmuté en pithécanthrope adipeux et alcoolique qui multiplie les signes d’un pseudo charme-latino en égrenant des formules d’une rare subtilité, citons celle-ci au hasard au moment où le couple projette de partir sous d’autres cieux: » j’aimerais té voirrrr nou sour oune île desserte… »,: ai-je besoin de commenter cet alexandrin au lyrisme échevelé?). Deux amoureux pris sous le feu incendiaire de la passion dans un service de cardiologie om l’on remplace des coeurs: mon esprit, toujours très alerte, s’est demandé à la vitesse de l’éclair s’il n’y avait pas là quelque chose de l’ordre de la métaphore, mais ce réflexe interprétatif est, sans doute, bien audacieux.
Dans l’inconscience de ses sentiments débridés, la pauvre Juliette n’a pas l’air de prendre conscience que son amant a de graves problèmes avec l’alcool , il est pourtant imbibé du matin jusqu’au soir, ce qui commence à poser certains problèmes au chef de service qui va devoir prendre des solutions radicales. Un drame humain et existentiel va alors de déclencher: Pithecanthropus pilosus ( et debilus, d’ailleurs) va sombrer dans l’abîme de l’autodestruction, aidé, dans les limites de ses moyens, par Binoche, qui oscille entre empathie fusionnelle et scènes hystériques où elle singe ( pour Ramirez, notez que c’est normal), la grande violence des sentiments qu’elle magnifiait dans ses débuts avec Téchiné. En plus elle a oublié sa pilule( elle a pas l’air de bien comprendre comment ça fonctionne d’ailleurs, comme le suggère la discussion avec une de ses collègues: elle travaille dans quelle branche déjà?), et elle a un polichinelle dans le tiroir: et dire que notre couple adorée désirait se retrouver en-dehors de ses habitudes calcifiantes en retrouvant une virginité spirituelle près des chutes d’Iguazu ( notons au passage le sous-rousseauisme boboïsant insupportable qui irrigue tout le film, notamment dans les escapades de Ramirez au zoo où il vaut entrer dans la cage avec les singes: une sorte de confraternité sans doute, bref…).
Je passerai sous silence la fin, qui se vautre dans une invraisemblance absolue, où la réalisatrice conjugue pathos, indécence et ridicule avec un sens inné des proportions.
Un navet écoeurant.
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