Quand on sort d'un tel film, une phrase vient aux lèvres : le cinéma, c'est magique. Un réalisateur inconnu venu de Norvège, une équipe de tournage anglaise, des acteurs américains, une belle bande son, une lumière parfaite (sauf sur les images de guerre synthétiques) et une mise ne scène de la grande époque des années 60, cela aboutit à une superbe réussite. Réussite presque parfaite car il faut oublier les quelques fautes de goût dans le choix de courtes scènes ou de courts dialogues. Les temps sont trop durs en films d'Auteurs pour faire la fine bouche devant ''Imitation gamme''. Bien sur, il y a aussi de grosses ficèles sentimentales pour nous éblouir, mais elles fonctionnent si bien que je ne vais pas m'en plaindre. Les qualités d'un bon film sont là et bien là. Un vrai héros qui n'aurait pu être qu'un antihéros si Mortem Tyldum n'avait pas su si bien le mettre en valeur et nous le faire patiemment découvrir. Une héroïne correcte et des personnages secondaires peu critiquables. C'est vraiment Alan Tuning la grande vedette de cette superbe histoire, inventée certes, mais sans doute assez proche par l'esprit de la réalité. Il est certain que c'est terriblement intellectuel, qu'il faut bien suivre les nombreux flashbacks et plus encore les différents raisonnements qui émaillent la vingtaine d'années du long monologue qu'écoute avec beaucoup d'attention l'officier de police. De nombreuses questions existentielles sont abordées et certaines reçoivent des réponses claires. Les spectateurs qui s'intéressent aux marginaux de toutes sortes (ici , il est question d'un génie asocial homosexuel né à une mauvaise époque) ressortent plus riches en connaissance et plus emplis de compassion pour eux. Alan Tuning aura raté sa vie mais il n'aura jamais fait de mal à quiconque au prix d'efforts sur lui même que peu de gens considérés comme ''normaux'' sont capables de faire pour les autres.