Margarethe von Trotta + Barbara Sukowa = la fine fleur du beau sexe de la Nouvelle Vague du cinéma allemand des années 70/80... Alors d'accord, une trentaine d'années ont passé, n'empêche qu'on était en droit d'attendre quelque chose d'un peu moins académique de leur nouvelle collaboration, surtout avec un tel sujet ! A force de filmer les années de plomb, von Trotta a plombé son cinéma... Ici, en s'effaçant devant son sujet et en s'avérant au final beaucoup moins passionnant que lui, "Hannah Arendt" tourne au simple exercice de vulgarisation. Un exercice de vulgarisation plutôt réussi, certes, même s'il apparaît assez simpliste de réduire la pensée d'Hannah Arendt à ses seules réflexions autour du procès Eichmann en 1961/62. Encore une fois, comme pour beaucoup de biopics récents, on regarde l'Histoire par le petit bout de la lorgnette, celui qui fait polémique. Et puis on peut aussi se demander si la forme, assez peu excitante en soi, constitue vraiment une bonne porte d'entrée vers le fond pour les spectateurs ignorant tout de la philosophie d'Hannah Arendt. Pour ceux qui connaissent déjà un peu son œuvre, bon bah, hormis quelques flashbacks sur la jeunesse d'Hannah et sa relation avec Heidegger, hormis son discours final de réponse à ses détracteurs (là aussi, construction classique et un peu artificielle de tout bon biopic qui se respecte), tout le film est contenu dans le bouquin "Eichmann à Jérusalem"... Mais bon, la principale qualité du film et, par extension, du "jeune" cinéma allemand en général, c'est encore une fois de questionner l'histoire de son pays et de s'y confronter, ouvrant en plus ici des pistes de réflexion sur, pêle-mêle, la Shoah, le sionisme, la nature humaine... "Hannah Arendt" est donc une œuvre pleine de bonnes intentions, mais il paraît que l'Enfer en est pavé... Si on admet la banalité du Mal, on regrette la banalité du film.