The Social Network s’était intéressé à Facebook© en 2010 et avait confié le rôle de Mark Zuckerberg à Jesse Eisenberg, Owen Wilson et Vince Vaughn durent jouer Les Stagiaires chez Google©, Benedict Cumberbatch interprétera dans Le Cinquième Pouvoir Julian Assange, fondateur de WikiLeaks© tandis que Jobs explore la piste de l’entreprise la plus valorisée au monde, Apple©, et retrace une partie de la carrière de son créateur, le regretté Steve. Ainsi, après avoir pris le contrôle de nos modes de vie, voilà que le marché du high-tech se greffe une place au septième art et joue la carte biopic pour monter en puissance. Alors, Ashton Kutcher sera-t-il à la hauteur du personnage qu’il interprète ? C’est sur une introduction qui sera également la dernière image du personnage, que commence le film, alors que Steve Jobs, The CEO of the company, nous présente sa dernière création, l’iPod©, dans une scène exploitant au mieux la force marketing d’Apple©, arguant chiffres et citations dignes de la pomme. Une scène véhiculant émotion et frissons, après seulement quelques minutes de pellicule. Cette intensité, d’ailleurs, qui nous sera à nouveau communiquée via une publicité pour le Macintosh©, renforce la dynamique du film et réalise, soit dit en passant, un exploit en nous arrachant ledit sentiment si rapidement. Dissimulé sous un très beau maquillage, Ashton Kutcher se complaît dans son rôle, adopte la même démarche, nage dans les mêmes vêtements et nous regarde comme lui le faisait. De même que dans L’Effet Papillon, l’acteur malencontreusement trop embourbé dans ses rôles comiques bat des ailes et accapare le grand écran, alors que les apparitions de James Woods, Kevin Dunn ou Dermot Mulroney, bien que surprenantes, se montrent presque anecdotiques. Certes, le film met en avant un homme sûr de lui, prenant les gens de haut, n’en faisant qu’à sa tête et vouant sa vie à ses créations, mais il enseigne aussi la culture de l’entreprise et explore les débuts de l’ère purement informatique, en abordant la création du casse-briques, la guerre Apple©/IBM©, les fondations de la marque à la pomme ou encore l’animosité naissante qu’elle a eu avec Microsoft©. Mais, par-dessus tous ces artifices, c’est un film indépendant et simple, sans armada, qui raconte comment un homme a su (et pu) révolutionner l’électronique d’aujourd’hui, dans une composition claire et agréable du mythe qui accompagne l’Homme. Le principal reproche qui peut lui être fait reste ses prises de position dans les axes qu’il développe. Ainsi, la participation de Steve Jobs dans Pixar© est complètement obscurcie, la rivalité et les procès avec Microsoft© sont à peine mentionnés tandis que ses problèmes de santé ne figurent même pas à l’ordre du jour ! Difficile de comprendre du coup pourquoi le film dure plus de deux heures. Car, bien que le film soit loin d’être mauvais, deux heures dix, c’est relativement long. Surtout quand l’histoire ne tire que trop davantage sur le rôle du conseil d’administration et son influence sur la quête de l’innovation. De même, pourquoi s’arrêter en 2001 avec la présentation de l’iPod©, alors que l’iPhone©, l’iPad© ou les MacBook© suivront ? On peut alors penser que le film voulait explorer les prémices d’Apple©, ses déboires et sa reconquête du marché. Mais pourquoi ne pas interagir avec ce qui fit réellement connaître Steve Jobs aux générations actuelles ? Cela aurait été l’occasion d’explorer d’autres pistes et de catapulter Apple© dans sa querelle judiciaire avec Samsung©, tout en citant l’influence de Google©. Là sont les limites du métrage, qui se veut plus terre-à-terre et moins tourné sur la raison sociale que sur l’homme qui l’a façonnée. Une direction somme toute honorable. En se cachant sous les traits de Zuck’, Jesse Eisenberg a permis à The Social Network de remporter trois Oscars. Pour interpréter Steve Jobs, Ashton Kutcher s’en tire honorablement, mais il y fort à parier que le film sera absent des Academy Award, en raison du manque de communication de l’équipe pour le film. Fait ironique, quand on sait qu’Apple© a dépensé 1,000,000,000$ en publicité en 2012…