On pourrait comparer « Jobs » de Joshua Michael Stern à « The Social Network » de David Fincher à beaucoup de point de vue, mais pas sur que le film sur le gourou d’Apple sorte grandi de la comparaison ! Même si c’est très honnêtement réalisé, avec parfois de très jolis plans, le scénario est somme toute assez scolaire, bien chronologique, bien linéaire, sans grande imagination pour tout dire. Le début du film est étrangement assez brouillon, les errements du post hippie Steven Jobs se succèdent sans grand intérêt. On se dit que si tout le film est décousu et fumeux comme çà, ça ne va pas le faire ! Et puis les choses deviennent plus terre à terre, et plus intéressantes aussi. Les débuts d’Apple, dans le garage de papa Jobs, sont forcément les moments les plus intéressants, les plus drôles aussi d’un film qui manque quand beaucoup d’humour. L’enthousiasme de Jobs et de son acolyte Woz (Jobs n’est que le co-fondateur d’Apple, mais il a tellement tiré la couverture à lui que malheureusement l’histoire n’a retenu que lui…) sont communicatifs. Mais dés qu’Apple devient rentable, dés qu’il est question de marketing et de management, le film y perd beaucoup en intérêt et même en pertinence. Le personnage de Steve Jobs, très bien interprété par Ashton Kutcher jusque dans son étrange façon de marcher, lui, ne sort définitivement pas grandit de ce biopic. On peut quand même mettre çà au crédit de ce film, c’est loin d’être une hagiographie ! Jobs y est décrit comme inventif, créatif, obstiné et intègre (d’une certaine manière) mais il est aussi abject avec ses amis, n’assumant pas ses responsabilités, manipulant les autres pour son profit et au final, de mon point de vue, assez détestable. Cette façon de regarder les autres que Kutcher a parfaitement bien cerné, ces airs de gourous pénétrés silencieux et cool à la fois, jusque dans son étrange façon de marcher et se s’habiller, tout cela est très bien rendu. Rien à faire, au bout du bout, cet homme là ne parait pas sympathique et sa sincérité affichée n’est en réalité qu’une foi inébranlable et un peu snob en la seule chose en laquelle il croit vraiment : lui-même. Le film se termine par son retour en grâce en 1996 chez Apple, alors que Steve Jobs continuera à innover pendant plus de 10 ans en tant que PDG, qu’il révolutionnera (çà ce n’est pas exagéré de le dire !) l’industrie de la musique et innovera dans la téléphonie. Mais les récentes réussites de la marque à la pomme sont moins intéressantes pour le cinéma que l’immense traversée du désert de la marque à la fin des années 80, et pour laquelle Jobs est pour beaucoup ! Ce qui fait qu’en fin de compte, 80% du film traite des difficultés de l’industrie de l’informatique pré-internet, ce qui n’est pas le sujet le plus passionnant du monde.