J'aime assez les Eisenstein que j'ai pu voir, j'adore la Grève, aime le cuirassé Potemkine et apprécie les deux Ivan le Terrible, mais c'est la première fois que j'y vois un vrai film de propagande soviétique. Potemkine ou la grève étaient plus des appels à se rebeller contre l'exploitation, ce qui est parfaitement normal, pas de propagande là derrière pour moi. Mais là les gentils sont clairement les bons bolchéviques. Ça ne me dérange pas du tout, surtout que c'est rendu de manière splendide. C'est un film épique au possible, l'arrivée de Lénine en Russie au début de film donne des frissons, on sent la ferveur populaire, on est dans pris dans cette foule, idem pour le final où les bolchéviques vont destituer le gouvernement provisoire, c'est exceptionnel, entraînant et magnifique.
C'est un film qui est passé à la postérité car les images filmées par Eisenstein sont bien souvent confondues avec des vraies images d'archives d'octobre 1917, je ne sais pas avec quelle précision les événements sont retranscrit, mais ça donne envie d'être dans cette foule à aller chasser le bourgeois !
Après lorsqu'on parle d'Eisenstein, on ne peut pas ne pas parler du montage, et là c'est absolument brillant, au delà de toutes mes espérances. Le génie d'Eisenstein c'est d'arriver à faire d'un sujet qui pourrait puer un peu : film de propagande sur l'arrivée de Lénine au pouvoir (euh pardon : des soviets), mais d'en faire un film totalement jouissif, retranscrivant la ferveur populaire, tout en étant un putain de film expérimental.
Le montage signifiant qu'un général se prend pour Napoléon, arrivant sans lourdeur à en faire un exercice de style, c'est un régal.
Bien sûr le montage participe très activement au côté épique, mais voir des horloges se transformer en applaudissements par exemple, ça marque. Le montage est très dynamique, on a parfois des images limites subliminales, les plans s'enchaînent parfois à une vitesse folle, on est dans le mouvement de cette révolution.
C'est vraiment brillant. La seule chose que j'aurai à redire, c'est peut-être une légère baisse de rythme avant l'assaut final.