Il l’avait pourtant dit, notre cher Clint Eastwood, qu’il arrêterait de jouer face à une caméra. Surtout pour un réalisateur autre que lui-même. Et pourtant, en cette année 2012, il est pourtant bel et bien de retour ! Comment ce réalisateur a-t-il pu le convaincre d’accepter ? Tout simplement parce qu’il s’agit de Robert Lorenz, personne qui a longtemps occupé la fonction d’assistant réalisateur sur les films du grand maître. Mais le fait d’avoir travaillé et dirigé Clint permet-il de faire Clint ? Réponse (ATTENTION, SPOILERS !!)
Gus Lobel est un découvreur de talents spécialisé dans le baseball. Il gagne sa vie à observer les jeunes étudiants participer à des tournois pour les conseiller à des managers. Seulement, n’étant plus tout jeune, il commence à connaitre une perte progressive de sa vue. Un handicap qui ne va néanmoins pas l’empêché de se rendre en Caroline du Nord pour son travail, en compagnie de sa fille avec qui ses relations ont toujours été très houleuses.
Je vois encore l’extrait de la critique d’un quotidien américain sur l’une des affiches, annonçant ce film comme l’égal de Gran Torino. Sur un point, je suis à peu près d’accord (celui de voir Clint ronchonné à tout-va). Mais en aucun cas Une nouvelle chance (mauvaise traduction de Trouble with the Curve) n’arrive à la cheville de se modèle. Tout simplement parce que le film de Lorenz, sur le point scénaristique n’a rien de bien neuf à nous offrir. Sauf une bonne dizaine de tonne de clichés propres aux guimauves hollywoodiennes de base : une relation tendue père/fille qui va s’améliorer au fil du film, l’histoire d’amour, le déroulement de la fin où la fille prouve que son père avait raison malgré son handicap… Bref, on s’ennuie de ce scénario sans surprise voire terriblement prévisible et sommaire, qui n’a même pas le mérite d’user de répliques cinglantes comme dans Gran Torino. Sur ce point, Une nouvelle chance est un ratage complet !
Et pas seulement ! Après avoir longtemps travaillé avec Clint Eastwood en tant qu’assistant réalisateur (notamment Sur la Route de Madison, Les Pleins Pouvoirs, Space Cowboys, Mystic River ou encore Million Dollar Baby) et producteur (Mémoires de nos Pères, Lettres d’Iwo Jima, L’Echange, Gran Torino, Invictus…), Lorenz avait de quoi nous convaincre au sujet de sa mise en scène. En effet, avec une telle carrière, il y avait de quoi parier que le talent de cinéaste du grand Clint pouvait se refléter à travers ce nouveau réalisateur. Malheureusement, c’est bien tout le contraire qui s’offre ici à nous. L’intégralité du film ne semble être qu’un brouillon ! Rien que le début où l’on voit un cheval galopé face caméra, puis transition sur Clint se réveillant instantanément, entamant sa journée comme si rien ne s’était passé. Et puis où son personnage dévoile à sa fille ce lourd secret qu’il garde en lui, avec flashes-back ajoutés de manière furtive. Tout ça pour dire que le réalisateur veut à tout prix mettre en avant l’émotion et les sentiments de ses personnages (c’est tout à son honneur), mais il le fait maladroitement, au point que nous, spectateur, ne ressentons rien. Ou alors si mais pas suffisamment. Au final, quand les révélations se font, nous ne sommes pas là à faire « Sniff… » mais plutôt « Ah, c’est donc ça… ». Et ce n’est pas une musique tape-à-l’œil et de plans filmés sans génie qui arrangent quoi que ce soit ! Limite, la partie concernant le base-ball est bien plus intéressante à suivre que le reste, alors que c’était le contraire qui était visé…
Que retenir de ce film donc ? Au moins une chose : sa distribution ! Certes, nous ne sommes pas prêts de voir ce beau monde aux Oscars, mais cela reste grandement honorable ! A commencer par Clint Eastwood qui, interprétant ici sans doute son dernier rôle (s’il tient sa promesse et le fait qu’il n’est plus tout jeune avec ses 82 ans), s’amuse une nouvelle fois à faire le grincheux et qui arrive à nous donner le sourire avec des répliques bien à lui ou bien nous toucher à la vue de ses yeux se remplissant de tristesse. Amy Adams se montre naturelle et pétillante. Justin Timberlake prouve qu’il est bon comédien. John Goodman est toujours aussi amusant. Bref, il ne faut regarder ce film que pour son casting, car chaque acteur relève le niveau, à sa façon.
Au final, on pourrait voir le titre comme une prémonition du réalisateur, nous suppliant de lui laisser une nouvelle chance après avoir raté celui-ci. Oui, Une nouvelle chance n’est pas le film espéré, et encore moins un héritage de marque du grand Clint Eastwood. Si l’acteur nous offre un moment de nostalgie avec son interprétation, il aurait mieux valu qu’il tire sa révérence avec un film de bien meilleure qualité…