Cette année 2012 nous aura permis de découvrir 2 films de Ben Weathley, avec Kill List et Sightseers. Le premier m'avait convaincu du talent prometteur dudit réalisateur, mais un peu révolté sur sa manière de filmer en tremblotant. Touristes arrive à pic pour prouver une nouvelle fois son talent à coupler des tonnes de symboliques et une réflexion sur la nature humaine à une efficacité ultra poussée dans le genre qu'il exploite. Et pour montrer que le monsieur a une maîtrise du plan cinématographique tout à fait impressionnante. Je commence à saisir l'intelligence du bonhomme, qui se focalise à fond sur le style de film qu'il est en train de réaliser. Thriller ultra violent, terrifiant et terriblement sombre, Kill List était filmé à coup de hachoir tel un Texas Chainsaw Massacre parce que le but était de créer un film dans cette optique là. Pari réussi, c'est un véritable choc. Pour Touristes, il y a un aspect découverte de paysages grandioses qui prouve qu'il a un tour de main dans la veine de David Lean, Weathley filmant la nature avec une virtuosité effarante. Et ceci n'est que la toile de fond, sur laquelle se déroule une série de péripéties des plus rocambolesques. Sans oublier une fabuleuse BO, alternant entre des morceaux de choix et la musique somptueusement grave et sombre de Jim Williams. Même étant prévenu par le catégorique « c'est de l'humour noir anglais », s'adapter à cet univers très spécial ne fut pas chose aisée, malgré une entrée à la matière relativement douce. Le choc que l'on ressent face aux premières manifestations de violence tient à de l'ébahissement total mêlé à de l'incompréhension, un certain malaise et au fond...une pointe d'envie de rire qui vient de notre partie la plus cynique. Le sang gicle, les crânes cognent contre le sol, les os craquent, les libérations sexuelles donnent lieues à des scènes quasi outrancière...et tout ceci n'est que la surface. Soit on vit Touristes comme un voyage bourré d'improbable et de bizarre, où il n'y a rien à comprendre, en se contentant de rigoler (ou de déprimer), soit on creuse un peu plus l’œuvre. On se rend compte alors de la richesse de celle-ci, qui traite de la société d'aujourd'hui et de psychologie. Les deux protagonistes sont bêbêtes, personnellement je ne les aimais pas du tout au début du film, certes ils attacheront peut-être certaines personnes, mais pas moi, ils sont trop réels pour cela. Ce sont deux bofs moyens, Tina à cause de son éducation qui l'a trop confinée chez elle, Chris en artiste fainéant dévoré par ses pulsions. Et justement, voilà ce que ça donne quand le couple se laisse aller à ses plus bas instincts : des meurtres à la pelle, d'abord pour se sentir puissant et respecté (émotions primitives de l'âge de pierre), puis pour faire de l'art stylistique (l'être humain évolue). Le conflit intra-couple se traduit par la voracité sexuelle de la femelle, que l'instinct procréateur domine, et qui au final ne sait rien faire d'autre que se défendre et procréer. Le mâle, lui se défend mieux et se perd en rêverie initiée par son cerveau plus performant, mais cela ne change en rien sa véritable nature d'obsédé sexuel. Cela lui procure les quelques pauses qui lui sont nécessaires en fait...et voilà à quoi la mère nature nous a réduits, nous autres les humains, si l'on va fouiller à l'origine la plus basique de notre comportement. Et je trouve cette vision fournie par Touristes plutôt scientifiquement juste. Un des objets de curiosité de 2012, qui arrive juste à temps pour pimenter cette année cinéma très conséquente en grosses sorties mais manquant de variété.