Cela fait plusieurs années que j'avais envie de voir ce film, depuis l'avoir vu passer dans l'émission "le cercle" sur canal. Et j'ai profité qu'il sorte enfin en DVD pour l'acheter, c'est rare que j'achète comme ça des films à l'aveugle. Et je n'ai pas été déçu.
J'aime beaucoup le genre du documentaire, notamment Depardon et Marker pour ne citer qu'eux. Mais ce film là n'est pas en reste. HPG pornographe de son état en plus de sa caméra dont il se sert pour les scène a une caméra qui filme tout, pendant et surtout entre les prises. Et c'est un montage d'une bonne heure qui nous est présenté. Ce sont des morceaux choisis parmi des milliers d'heures d'enregistrement.
Ce qui est formidable c'est que normalement dès qu'on observe quelque chose on le modifie, mais là HPG a cette caméra posée là depuis tellement longtemps qu'il l'oublie, il est naturel, aucune scène ne semble jouée juste pour le making of. Et c'est ça qui est formidable. On n'est pas dans un making of promotionnel que je trouve totalement gerbant. On est dans une pure oeuvre sur le réel, il n'y a pas de triche et ça le rend le film dérangeant, émouvant, profond et surtout extrêmement glauque.
Parce que l'heure dix-huit que dure le film il faut la supporter. Voir ce jeune noir tout timide que veut baiser des filles qu'il ne peut pas avoir dans la vraie vie se faire enculer, c'est tout de même perturbant. Son rêve était de baiser de jolies filles, mais non, ce n'est pas ce que HPG lui propose. Et il le fait quand même.
Autre chose, c'est que le film ne va pas juger HPG, il se contente de relater les faits et c'est en partie pour ça qu'il est grandiose, voir le mec expliquer pendant une scène interminable à deux actrices qui s'en foutent comment tourner la scène à venir, alors qu'il invente au fur et à mesure... là tu comprends à ce moment là que ça ne doit pas être joyeux un tournage. On voit les acteurs épuisés, poussés à bout, se faire chier...
On est vraiment les spectateurs silencieux d'un tournage d'un porno et ça c'est grandiose. Il n'y a aucun artifice qui va venir troubler le spectateur, pas de voix off, rien du tout. Le film commence en pleine baise, on est immédiatement sur ce tournage. Ici pas de langue de bois, on voit à quel point un film de cul peut être factice, les fellations qui n'en sont pas, les pénétrations qui n'en sont pas.
Et pourtant je ne pense pas que le film veuille ternir l'image du porno, il montre juste des scènes tellement vraies qu'elles en sont troublantes. Voir HPG expliquer pendant 5 minutes comment faire une fausse fellation c'est quelque chose, c'est à la fois étrange, perturbant, mais en même temps c'est tellement absurde.
Il y a toute cette absence de pudeur, de gêne vis à vis du corps nu (le sien et celui de l'autre), le mec filme sa scène complètement à poil, il en a rien à foutre, donne des consignes à ses acteurs, se touche la bite, comme si de rien n'était. Incroyable.
Mais le pire reste le long monologue de HPG devant le noir tout timide qui lui explique qu'il est un ouvrier que faire du porno va lui ouvrir les portes de toutes les filles et qui lui propose à la fin d'enculer des mecs samedi prochain. Si ça n'avait pas été un documentaire on n'aurait jamais pu croire à l'absurdité totale de la scène.
En tous cas étant grand amateur de vrai, de réel et donc de beau au cinéma, j'ai été servi, car même si c'est par moment assez repoussant ça n'en reste pas moins humain avec tous les adjectifs péjoratifs qui vont avec et donc tellement vrai que ça en devient fascinant et en un sens magnifique.