ça fait juste quelques semaines que j'ai vu mon premier Eisenstein (mais j'ai des excuses il fallait que je vois des chefs d'oeuvres comme Camp Rock & cie), j'avais choisi le cuirassé Potemkine pour commencer, la grève lui est similaire un peu dans son déroulement scénaristique, un ras le bol général qui va monter au créneau (même si les deux issues sont différentes). Ce que je trouve fabuleux, c'est qu'en 1924 un réalisateur de films de propagande soviétique arrive à faire un film expérimental tout en parlant de la grève avec beaucoup de réalisme, malgré la caricature lié à son genre, tout en étant plus novateur aujourd'hui que toutes les productions actuelles (et je ne suis pas un adepte du c'était mieux avant).
Le déroulement de cette grève est très réaliste, mécontentement, élément déclencheur, grandes idées, euphories, puis la réalité qui revient au galop, dans le sang.
C'est absolument génial, ça n'a pas changé tant que ça de nos jours, lorsque l'on lit les journaux et que l'on voit que des policiers se feraient passer pour des casseurs pour provoquer, et qu'Eisenstein en 1924 le mettait déjà sur pellicule, c'est à faire peur. Ce qui a changé c'est que la répression se limitera aux jets d'eau, et que si on fait grève, on ne mourra pas de faim, mais qu'au pire des cas on se contentera de pâtes à l'eau.
Voir ces prolétaires risquer leur vie, sous la caméra d'Eisenstein ça me fait quelque chose. Voir ce soldat Tsariste défendant ce régime en fouettant une femme et son enfant, c'est révoltant, l'aspect propagande marche bien.
Alors oui le patron fume le cigare avec ses actionnaires qui sont bien gras, c'est vrai, on est toujours dans la caricature de ce niveau là, mais c'est pas la meilleur partie du film (bien que son traitement reste très intéressant).
Le travail sur le son (pour un film muet), fait par je ne sais qui, je ne sais pas si c'est la BO faite après coup, ou si c'est Eisenstein lui même qui l'a supervisé ou non, mais toujours est il que celle qui était avec le film lorsque je l'ai vu collant parfaitement au film, sale, répugnant, métallique, froid, ça collait superbement avec le montage, on se croirait presque dans un thriller à certains moments.
Bref c'est sublime, toujours d'actualité, et la dernière phrase du film résonne encore dans ma tête (bon c'était par écrit donc ça ne pas peut résonner mais bon).