Bon alors…
Faisons la liste (sélective)…
Ray Charles en 2004,
Johnny Cash et Kurt Cobain (plus ou moins) en 2005,
Edith Piaf, Joy Division et Bob Dylan en 2007,
John Lennon en 2009,
Serge Gainsbourg en 2010,
Jeff Buckley en 2011,
Claude François en 2012,
Jimi Hendrix en 2013,
James Brown en 2014,
Kurt Cobain (encore) en 2015,
Chet Baker, Miles Davis et Elvis Presley en 2016,
Nina Simone, Dalida, Barbara et Toni Braxton en 2017,
Victor Tsoi et Freddy Mercury en 2018,
Et enfin Mötley Crüe et les Beatles (indirectement) en 2019, soit l’année de sortie de ce « Rocket Man ».
Autant donc l'affirmer tout de suite : c’est peu dire si ce film sort sur un sentier plus que balisé. Au-delà même du balisage, c’est carrément sur une ligne de Maglev que sort cet énième biopic dédié à une énième rockstar afin d'accompagner la réédition d'un énième album collector.
...Et ça, moi – histoire d’être honnête dès le départ – c’est clair que ce n'est pas ce qui me stimule le plus.
Alors si en plus de ça je précise que je ne suis pas un inconditionnel d’Elton John, je pense que vous comprendrez aisément pourquoi ce film, quand il est sorti en salle, j’ai plutôt cherché à l’éviter…
Seulement voilà, un an et deux confinements plus tard, mon rapport au cinéma à quelque peu changé.
Maintenant chaque film vu me rappelle avec nostalgie ce temps béni où je les voyais en salle ; de même que, désormais, chaque film comportant des gens buvant des bières dans un pub ou s’adonnant à de grandes embrassades me rend aussi nostalgique de toutes ces pratiques là…
Bref, vous l’aurez compris : janvier 2020 c’était clairement la période idéale pour découvrir ce « Rocket Man »...
…Donc pourquoi pas.
Résultat ?
Bah… Le résultat c’est qu’au final ma crainte du départ s’est quand-même avérée fondée.
« Rocket Man » c’est un peu pareil que « Ray »…
…Tout en étant un peu pareil que « Tina »…
…Tout en ressemblant quand même beaucoup à « La Môme »…
…Et le tout en donnant vachement l’impression de revoir « Bohemian Rhapsody » avec un autre répertoire musical quoi !
En même temps voilà : pas de surprise quand on voit que c’est Dexter Fletcher derrière la caméra.
L’année juste avant le gars était aux côtés de Bryan Singer pour réaliser « Bohemian Rhapsody ». Un hasard diront certains… Ou bien la preuve, diront d’autres, que tous ces projets sont tellement duplicables à l’infini qu’on peut au final se permettre de carrément prendre le même gars pour les mettre en boîte..
(…Je vous laisserais deviner dans lequel des deux camps je me trouve.^^)
Parce qu’en effet, le vrai problème de « Rocket Man » selon moi c’est qu’il est prévisible et standardisé de bout en bout.
D’abord l’enfance tourmentée, puis la recherche de soi, la réussite et la gloire… Jusqu’à ce moment de perdition et de doute qui va permettre d’enfin trouver un point d’équilibre… Une sagesse.
Le schéma est connu et éculé.
Il n’y a d’ailleurs rien dans ce film (à part le répertoire) qu’on n’ait pas déjà vu ailleurs.
Même les quelques touches d’audaces comme la volonté de glisser des chansons et des danses au sein même de la narration comme une comédie musicale n’est pas sans rappeler, dans l’esthétique comme dans la mise en scène, une sorte de « La La Land » plus modeste…
Alors malgré tout, j’arrive quand-même à lui attribuer un 6/10 à ce « Rocket Man », ce qui constitue pour moi une note honorable...
6/10 c’est la preuve que, bon-an-mal-an, j’ai tout de même passé un moment plutôt sympa.
Taron Egerton a beau en faire parfois des caisses, il apporte néanmoins l’énergie nécessaire pour emporter le tout.
De même Fletcher a beau ne tenter des choses qu’à la marge (en frôlant parfois même le ridicule, notamment dans ces passages chantés à plusieurs), il n’empêche qu’il sait parfois offrir quelques moments plutôt bien sentis…
…comme par exemple celui au fond de la piscine que j’ai trouvé particulièrement suggestif.
Mais à bien tout prendre – et on ne va pas se mentir non plus – ce qui a vraiment permis de faire passer la pilule avec ce film – comme d’habitude – c’est l’utilisation régulière du répertoire d’Elton John…
…Et la reproduction finale, plan par plan, du clip d’ « I’m Still Standing »contribue clairement à enfoncer le clou.
Donc bon, d’accord, pourquoi pas… C’est vrai que c’est pas mal « Rocket Man ». Soit...
Je pourrais d’ailleurs m’arrêter là et me contentant simplement de ce constat : j’ai profité d’un film pas mal donc « cool : c’est toujours ça de pris… »
D’un autre côté ce genre de film me fait peur.
Parce que « Rocket Man » est aussi une pierre de plus qui se rajoute sur l’édifice déjà surchargé des biopics standardisés et interchangeables…
C’est qu’en 2021 ils sont quelques-uns à remettre une pièce dans la machine !
« Stardust », « Aline », « Respect »…
On va s’en bouffer encore combien des concerts romancés pour vendre de l’album ?
Encore combien d’histoires d’egos meurtris de pauvres stars en souffrance ?
Parce qu’à bien tout prendre, la vie d’Elton John méritait-elle vraiment un film sur elle ?
Le gars a-t-il accompli un tel parcours initiatique si extraordinaire que cela mériterait qu’on l’explore et qu’on le dissèque ?
Franchement moi je trouve que non.
Et ce bilan, malheureusement, je pourrais le faire pour un petit paquet de ces biopics qui n’existent que pour vendre des compils.
Donc allez, cette fois – dans le contexte du moment – ça passe.
…mais, franchement, me concernant, gare au prochain qui me refera le coup à l’identique.