Tout en haut de l’affiche, figure une phrase : « Taron Egerton est Elton John » (en plus ça rime). Eh bien cette phrase m’a suffi pour aller voir ce film. J’irai même jusqu’à dire qu’elle aurait presque pu servir de synopsis. J’avoue ne pas être le plus grand fan d’Elton John, loin de là, mais je reconnais avoir aimé certains de ses titres, que ce soient des trucs qui swinguent ou de belles mélodies. Et puis en voyant cette phrase, je me demandais pourquoi Elton John n’avait pas repris son propre rôle. Considéré comme étant trop vieux ? Ma foi, je dirai qu’on fait des miracles avec le maquillage ! Sans compter que tout le monde sait qu’il a entamé une carrière cinématographique… Enfin si on peut appeler ça une carrière, d’autant que je le trouve piètre acteur. Sauf que là, on ne lui demandait pas de jouer mais d’être lui-même. Toujours est-il que le rôle a échoué auprès de Taron Egerton. Taron Egerton… Taron Egerton… attendez que je me souvienne… ok "Kingsman : services secrets" c’était lui, mais… Ah ! je sais ! "Eddie the eagle", c’était lui ! Ce film était passé beaucoup plus inaperçu mais l’acteur m’avait étonné dans ce rôle difficile. Ce genre de rôle qui en appelle des plus difficiles encore. Et là badaboum : il doit endosser les traits d’Elton John ! Ce n’est pas une mince affaire, ça ! Eh bien moi je dis qu’il a remporté le défi haut la main. Enormément de travail a été effectué pour reprendre les attitudes du chanteur, et on pourra le mesurer au cours des quelques clichés photographiques durant le générique de fin. Mais il a su mettre de l’émotion aussi. Pensez donc, être le fiston mal-aimé de parents qui se préoccupent plus d’eux-mêmes que de leur progéniture… ça fait mal, surtout quand on voit qu’avec d’autres ça se passe ô combien différemment. Mais grâce au talent de Taron Egerton, on voit à quel point Elton John aimait la musique, pardon à quel point Elton John VIVAIT la musique : un vrai funambule du piano et de la vocalise. La preuve, souvent le premier jet semblait être le bon. De cet artiste, j’ignorais son pouvoir de création sans filet. Bon après, je ne sais pas si tout est respecté à la lettre, mais en même temps je n’ai pas envie de savoir. Apparemment non si je me fie aux anecdotes de tournage mais perso, je m’en fous. Et en ce qui concerne la chronologie, ben j’en sais rien même si à mon souvenir, ça me semble cohérent. Est-ce que ça a été romancé ? Ma foi je n’en sais là non plus fichtre rien et je m’en fiche un peu. Un peu beaucoup… bon ok complètement. C’est Elton John tout de même ! L’auteur de "I’m still standing", "Your song", etc etc… Quant à la réalisation du peu prolifique Dexter Fletcher (cinq films, les trois derniers espacés chacun de trois ans dont "Eddie the eagle" déjà avec Taron Egerton), elle est à la fois classique et originale. Classique dans le sens qu’on assiste à l’avènement d’un artiste, à sa déchéance et à sa résurrection. C’est d’ailleurs sur ce dernier point que s’arrête ce long métrage, ce qui a pour conséquence de ne pas évoquer sa profonde amitié avec la regrettée Lady Diana et tout ce que les événements futurs auront provoqué. La suite nous sera sommairement contée par le biais de différents tableaux à l’amorce du générique de fin. En attendant, on retrouve toujours plus ou moins les mêmes choses : les maisons de disques qui ne pensent qu’à leur tiroir-caisse, et les inévitables vautours qui bouffent leur poule aux œufs d’or jusqu’à la moelle. C’est toujours aussi scandaleux mais tel est le pouvoir de l’argent. Ainsi que je le disais plus haut, la réalisation a beau être classique, elle a tout de même ses originalités. "Rocketman" a été construit sur d’énormes flashbacks qui occuperont les deux tiers du film, voire les trois quarts. Veuillez m’excuser de cette imprécision, je n’avais pas l’œil sur la montre. Eh oui, quoi qu’on en dise le récit fait par le personnage est prenant, tout du moins des plus intéressants, même si par rapport à d’autres biopics, on retrouve grosso modo le même sempiternel schéma : gloire, chute, renaissance. C’est comme si Elton John revenait sur son passé pour mieux faire le point sur sa situation et aborder au mieux son présent et son avenir. L’autre aspect de l’originalité de la réal se trouve dans la lorgnade avérée vers la comédie musicale (cf. pour commencer la première scène musicale). L’autre originalité consiste dans le fait qu’une petite dose de fantastique a été incorporée lors du concert qui lança définitivement l’artiste. Je n’ai pas spécialement aimé sur le coup, mais après coup, comment mieux représenter l’engouement du public et cette communion qui s’établit entre lui et le chanteur pour les faire entrer dans une lévitation enivrante ? Après, il ne faut tout de même pas hésiter à féliciter les jeunes acteurs qui auront eu l’honneur d’incarner Elton John tout jeune (Matthew Illesley à qui je donne ma petite mention spéciale) et adolescent (Kit Connor). Jamie Bell est plus touchant que jamais dans la peau du parolier, et je fiche mon billet que tout le monde voudrait avoir un pote comme lui. Richard Madden est excellent aussi dans sa partie dans le sens que dès son apparition, on sent l’ombre inquiétante du vautour planer avant de se matérialiser en fondant sur sa proie. Steven Mackintosh incarne à la perfection ce père désincarné qu’on aimera détester, Bryce Dallas Howard joue bien le coup d’une mère qui n’avait certainement pas l’âme d’une mère ; pire, elle tiendra même des propos parmi les plus choquants. Quant à Gemma Jones, cette grand-mère aimante dont l’amour ne suffira de toute façon pas à combler l’amour parental inexistant, elle m’a rappelé la prestation de Rosemary Harris dans la peau de Tante May de la trilogie "Spiderman" de Sam Raimi. Et vous ? Bon comme je n’aurai de toute façon pas de réponse, je continue et poursuivrai sur la polémique vis-à-vis de ce film hors de nos frontières. Ah bah oui, quand un film comporte des scènes de sexe homosexuel et des scènes de drogue, il fallait bien qu’à un moment donné ça coince quelque part. Et ce sont les Samoa et la Russie qui ont tiré à boulets rouges sur le film, jusqu’à nettoyer le film des scènes dites indésirables. Bon c’est vrai que moi, personnellement, j’ai beaucoup de mal avec de telles scènes de sexe, mais ça ne veut pas dire que je suis homophobe ! C’est simplement parce que je suis hétéro, 100% hétéro et même 200% hétéro. Mais après, à quoi bon renier ce genre de mœurs qui, en un temps fut considéré comme un crime ? Les mœurs ont évolué depuis et heureusement parce que ce n’est pas leur faute, mais apparemment les mœurs ont encore besoin d’évoluer, et pas seulement en dehors de nos frontières. Et tant pis si ma conclusion ne plait pas à certains. Dans tous les cas, Taron Egerton a frappé un grand coup, d’autant qu’il a interprété toutes les chansons. Le rôle de sa vie ? Ça y ressemble, bien que l’acteur ait encore de très nombreuses années devant lui. Toujours est-il que ce film est à l’image de la star : flamboyant, à la fois sombre et lumineux, coloré, fantasque.