En ce jeudi 16 mai 2019, le Palais des Festivals de Cannes accueille, sur son célèbre tapis rouge, Elton John, entouré de l’équipe du film de ce soir-là, présenté hors compétition, Rocketman.
C’est Dexter Fletcher à qui l’on doit ce film. Pour ce biopic d’Elton John, quel meilleur choix que celui qui a su, si bien, filmer celui de Freddie Mercury. Après Queen, nous voilà donc à la découverte d’Elton John, interprété magistralement par Taron Egerton, ce parfait jeune agent secret, sauveur de l’humanité, dans le deux Kingsman, mais également ce super Eddie The Eagle (réalisé par un certain Dexter Fletcher).
Certains écriront, ou diront, que le film souffre de longueurs. Ce ne sera pas mon cas. Le premier intérêt du film réside dans ce « fil rouge » que représente l’image d’Elton John intégrant un cercle d’alcooliques anonymes. En costume de scène que, au fur et à mesure du film, il quitte par morceaux pour finir en peignoir. Il se met donc à nu, petit à petit, tout au long du film.
Le film est également rythmé par les chansons d’Elton John, non pas uniquement dans le cadre de leur préparation, ou d’un concert, mais surtout dans certaines scènes de comédie musicale dans divers lieux. Une vraie réussite à mon sens.
Alors oui, il y a un peu de longueurs, voire de lourdeur, dans les rapports d’Elton John avec son père. Mais, n’est-ce pas ce qui permet de comprendre sa vie, ses erreurs, ses recherches ? Ce n’est pas de l’amour d’une mère qu’il est privé, ni de celle d’une grand-mère d’ailleurs. Elles sont là, toutes les deux, pour lui donner tout cet amour et, même, surtout la grand-mère, encourager ce prodige du piano. Non, c’est de l’absence d’amour de son père dont il va souffrir. Sans cesse, il passe sa vie à quémander celui-ci, sans jamais se révolter. Et, face à lui, le film montre un père, non pas capable d’amour puisqu’il aura une deuxième vie et deux garçons que visiblement il chérit, refusant tout signe d’amour à son fils, à celui qui deviendra Elton John, voulant à tout prix changer de nom. Est-ce que son père lui fait payer l’absence d’amour avec sa femme ? Probablement ? Mais, pas certain ! Rocketman ne nous donne pas la clef. D’ailleurs, est-ce que quelqu’un l’a cette clef ?
En tout cas, n’ayant pas réussi à avoir l’attention, ni l’amour de son père, c’est vers les hommes qu’Elton se retourne pour chercher en eux ce qu’il n’a pas eu chez lui. Cela ne se fera pas sans souffrance. Comme de nombreux artistes, cela le conduira également à l’autodestruction par l’alcool et la drogue, mais, heureusement, le film se termine avec le tournant dans la vie d’Elton. Il découvre le grand amour, fait une cure et depuis 28 ans n’est plus alcoolique, ni drogué et a épousé l’homme de sa vie.
Emotion dans la salle lorsque les projecteurs éclairent, à nouveau, l’auditorium Louis Lumière où le film est projeté. La caméra du festival nous montre Elton John et Taron Egerton en larmes, de même que le réalisateur. Grand moment d’émotion, car, effectivement, le film ne cache rien et cela ne doit pas être évident de revivre une grande partie de sa vie, celle de souffrances. Et pour l’acteur principal qui incarne, à la perfection, Elton John, quelle réussite dans son interprétation ; au point d’en oublier le jeu d’acteur. D’autant plus qu’il interprète lui-même toutes les chansons du film. Un jeu parfait, un rythme parfait, un plaisir parfait. Comme vous pouvez le constater, j’ai beaucoup aimé ce film.