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Benjamin A
710 abonnés
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4,0
Publiée le 23 mars 2015
Tout commence dans une petite maison non loin de Moscou où, Natacha mène une vie paisible et heureuse en fabriquant des chapeaux. Mais très vite, un de ses voyages dans la capitale soviétique va lui faire rencontrer du beau monde qui va peu à peu, chambouler sa paisible existence...
Dès l'ouverture et l'entrée dans la maison et la vie de Natacha, Boris Barnet nous plonge dans l'hiver soviétique qu'il sublime, donnant tout de suite un charme et une ambiance au film qu'il maintient tout le long. Ce qui est aussi frappant dès le début, c'est sa façon de capter l'émotion et les humeurs via les visages des protagonistes et ce film vérifie (une fois de plus, comme chez Borzage, Griffith etc) la réplique de Gloria Swanson dans Sunset Boulevard, "We didn't need dialogue. We had faces !". Ici tout passe par le visage des protagonistes et, à travers ses cadres et sa mise en scène, Barnet les magnifie, tout comme toutes ses trouvailles visuelles.
L'histoire, à défaut d'être particulièrement surprenante, a le mérite d'être efficace et de nous emmener dans divers chemins permettant aux acteurs de s'exprimer de la meilleure des manières. Boris Barnet déborde d'idées, que ce soit dans sa mise en scène, dans les gags (souvent burlesque) ou dans la façon de mettre en avant ses protagonistes et ça donne lieu à plusieurs séquences mémorables oscillant entre humour et poésie (celles dans la neige, les diverses rencontres ...). Le film est bien rythmé, sans temps mort mais sans pour autant aller trop vite, sachant bien, dès le début, donner de l'importance aux personnages, surtout elle qu'il décrit avec tant de tendresse, et à nous y intéresser, le tout sublimé par une très belle photographie.
J'ai aussi particulièrement bien aimé la façon dont Barnet peignait un tableau de la vie dans cet URSS où l'on assiste à l'arrivée de cette jeune et naïve fille en ville et, malgré toutes ses péripéties, toujours avec la joie de vivre et sans arrière pensé, contrairement à d'autres personnages. Pour autant il ne tombe pas dans la lourdeur ou le pathos, loin de là, tant l'humour ainsi que l'ambiance tendre et hivernale prennent toujours le dessus. Et enfin, s'il met si bien en valeur les protagonistes, notamment Natacha, c'est aussi rendu facile par le magnifique visage de son actrice principale, la pétillante Anna Sten, qui joue très bien la petite fille naïve, belle et maladroite qui va arriver dans un monde impitoyable qu'elle ne maîtrise pas.
Première plongée dans le cinéma de Boris Barnet et c'est un vrai régal. Tendre, léger, beau, marrant et débordant de diverses trouvailles et idées "La Jeune Fille au carton à chapeau" nous plonge dans l'hiver soviétique en compagnie de la belle Anna Sten, et le seul regret serait que le film ne dure qu'un peu plus de 60 minutes !
Aussi revigorant qu'un léger petit courant d'air frais, "La Jeune Fille au carton à chapeau" est un vrai régal. Boris Barnet n'y va pas de main morte pour foutre un punch d'enfer à son film, ne cache nullement l'influence des grands burlesques américains, en particulier Chaplin, et trouve toujours le petit détail qui fait le charme immense de chaque séquence. Le scénario n'est pas d'une folle originalité mais on fend tellement la poire qu'en gros on s'en fout. Le tournage en extérieurs dans des paysages enneigés (il y aurait même quelques plans en caméra cachée que cela ne serait pas étonnant!) ne fait qu'ajouter au plaisir. Et puis, le film a un autre grand ingrédient qui fait qu'on ne peut qu'être totalement emballé : la pétillante, l'espiègle, la très photogénique, la charismatique et sublime Anna Sten qui achève de rendre hyper-agréable la vision de ce film court (trop aurait-on presque envie de dire!). Vous l'aurez compris "La Jeune Fille au carton à chapeau" est un pur plaisir.