Pour écrire son scénario, Arnaud Lemort s'est inspiré de son vécu, mais pas seulement. Le metteur en scène est également conscient des stéréotypes qui régissent les relations entre amis : "Dans une bande de potes, il y a toujours un leader naturel, un râleur, un tchatcheur… C’est rassurant pour tout le monde. Et si quelqu’un sort de son rôle, on s’inquiète pour lui !", souligne-t-il. Cette généralisation lui a permis de donner à son film un aspect "universel", même si la matière centrale est inspirée de son vécu.
Ary Abittan (Romain) vient de l'univers du one-man show. Il conserve donc des tics de jeu spécifiques à l'exercice de sa profession, dont il a eu du mal à se séparer sur le tournage. Autre problème lié au stand-up : le comédien fait souvent des blagues ! A ce sujet, il a admis redouter l'une des scènes au cours de laquelle le personnage de Jonathan Lambert lui reproche cet humour incessant : y ayant vu une résonance personnelle, le comique craignait d'être confronté à la réalité...
Jonathan Lambert s'amuse du côté "old school" de son personnage en le décrivant ainsi : "Il a un petit côté social chrétien. On pourrait imaginer qu’il a été scout dans sa jeunesse."
Lorsque l'on interroge Fred sur son personnage, le comédien répond qu'il est le déclencheur d'une dépression chez tous ses amis, soudain victimes d'un phénomène de ricochet ! Il ajoute : "Il y a pas mal de moi dans mon personnage et cela m’a aidé à rentrer rapidement dans sa peau". Fred, un clown triste ? Affaire à suivre...
Un constat s'impose aux yeux du cinéaste Arnaud Lemort, qui a accordé une place importante aux femmes dans son film, déclarant à leur sujet : "Elles sont comme dans la « vraie » vie : solides. De mon point de vue, les femmes se retrouvent à tenir plus que jamais la baraque. Elles veulent tout vivre : avoir une carrière professionnelle épanouie, des enfants et passer du bon temps avec leur mec. Et, plus je vieillis, plus je me rends compte que nous, les mecs, avons besoin d’une compagne qui nous soutienne", explique-t-il.
Concernant la question du rôle du metteur en scène sur un tournage, Arnaud Lemort fournit une réponse insolite : "Mon travail avec les comédiens consiste à les nourrir en permanence pour qu’ils puissent ensuite faire leur propre cuisine, en interne comme avec leurs partenaires", déclare-t-il, poursuivant la métaphore culinaire en ces termes : "Je me considère comme un apporteur de plats". Sur le mécanisme et le bon fonctionnement d'une comédie, le réalisateur continue d'utiliser des images gastronomiques, qualifiant son film de "millefeuille avec plusieurs couches dont chacune a son importance", insistant sur le fait que les seconds rôles ne sont pas là pour "servir la soupe" aux têtes d'affiche.
Le rythme : voilà le facteur essentiel nécessaire au bon fonctionnement d'une comédie selon Arnaud Lemort, qui n'a donc pas hésité à couper plusieurs scènes au montage.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Arnaud Lemort compare Fred Testot au Adam Sandler de Funny People ! En matière de références américaines, les frères Farrelly semblent également être une grande source d'inspiration pour le cinéaste, adepte du "Bigger than life" et du "Buddy movie". En dehors de cela, d'autres films plus classiques ont servi de modèle à l'équipe, comme Un éléphant, ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis.
Arnaud Lemort collabore avec le comédien Jonathan Lambert depuis fort longtemps, complicité qui l'a poussé à créer un rôle taillé sur mesure pour l'acteur. D'ordinaire, le réalisateur n'a pas l'habitude de penser à un comédien particulier en écrivant, mais dans ce cas précis, il a fait une exception ! Les deux hommes se sont connus sur la chaine Comédie !, et sont devenus amis à l'époque du Morning, sur NRJ. Au sujet de cette relation de longue date, Jonathan Lambert dénonce une injustice survenue sur le tournage, en déclarant : "Lorsque l'on tourne avec quelqu'un que l'on connaît, on est celui qui se fait le plus engueuler !"
Alors que le personnage central du récit, Franck, ne voit plus trop ses proches à force d'être accaparé par le travail, Arnaud Lemort avoue avoir connu la même situation : "C’est dans ces moments-là que vous pouvez faire une liste de vos vrais potes dans la vie, ceux qui disent « tu me manques »", confie-t-il.
Les personnages du film exercent tous des métiers artistiques (scénariste, chanteur, etc.). Lorsque l'on demande à Arnaud Lemort pourquoi il a opéré un tel choix, le réalisateur répond avec humour : "J’ai d’abord tenu à écrire des personnages dont je pourrais connaître avec précision le quotidien. Je baigne dans un milieu artistique, je m’imaginais assez mal écrire des rôles de types bossant à la Poste". Le mot d'ordre ? Vraisemblance !
Arnaud Lemort confie avoir eu plus de marge de manœuvre et moins de cadre pour réaliser son second long métrage. Il s'en réjouit et déclare à propos du processus d'élaboration de son film : "Je peux me permettre de développer une palette d’émotions plus large. Et cette liberté m’a porté dès l’écriture". Raison pour laquelle on retrouve, dans Dépression et des potes, un comique varié et déjanté qui correspond à cette liberté qu'a voulue le cinéaste. Selon lui, réaliser en binôme, comme il l'a fait avec Dominique Farrugia sur son premier film, laisse beaucoup moins d'espace à la création personnelle.
Trouvant que l'amitié entre Clovis Cornillac et Manu Payet n'était pas assez approfondie dans son film précédent, Arnaud Lemort a eu l'idée de réaliser Dépression et des potes pour se donner plus de liberté dans l'exploitation des relations entre les personnages, ajoutant : "J'aime me servir du prisme de la comédie pour raconter des situations pas toujours comiques. J’adore ce mélange-là". Délires entre potes sur fond de dépression, un pari audacieux !
Après le succès de leur co-réalisation sur L'Amour c'est mieux à deux, Arnaud Lemort et Dominique Farrugia se retrouvent sur ce film, respectivement en tant que réalisateur et producteur.
Après L'Amour c'est mieux à deux, Arnaud Lemort repasse derrière la caméra pour un second film sur un thème qui lui est cher : l’amitié.