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dominique P.
836 abonnés
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3,5
Publiée le 9 janvier 2013
J'ai entendu parler dans la presse de ce film à l'automne et j'avais décidé de le voir à sa sortie. L'histoire est très inspiré de l'affaire Stern. Ce film est un drame difficile, prenant, angoissant. Les deux acteurs sont sincèrement excellents. B. Poelvoorde est parfait dans le rôle du banquier méprisant, détestable et L. Casta restitue bien toute la souffrance émotionnelle, sentimentale, endurée par cette femme à cause de cet homme. La réalisatrice a produit un très bon film vraiment bien fait : du suspense, de la tension, de l'émotion... Sans avoir adoré, j'ai réellement apprécié (d'autant que j'ai déjà vécu une fois le fait d'aimer énormément un homme qui me prenait plutôt pour un jouet sexuel et qui ne m'aimait pas comme je l'aimais).
J’ai adoré l’atmosphère du film, le décor épuré et froid. Ça crée une ambiance vraiment intéressante, du moins, à mon goût. Que se soit les meubles, les voitures, les maisons, les vêtements tout est dans cette ambiance. C’est inquiétant de simplicité, une impression de calme avant la tempête. Pourtant, on a un peu l’impression que cette tempête ne vient jamais. Le film ne décolle jamais vraiment, ce que je regrette vraiment. L’histoire et les acteurs auraient pu permettre un film puissant et prenant mais les dialogues sont trop épurés, ce qui crée certes, une certaine atmosphère mais du coup les personnages ne sont pas assez développés. On ne comprend ni la relation de Lætitia Casta avec son mari, ni celle qu’elle a avec Poulevoorde. (Preuve que les personnages ne sont pas assez développés, j’ai oublié leur nom). Un film qui se prend parfois trop au sérieux alors qu’il n’est pas abouti.
Je viens de voir "Une histoire d'amour" en avant première au festival d'Auch. C'est une véritable révélation. Difficile de s'attendre à quelque chose quand si peu d'informations ont été diffusées et que le pitch tient en 2 lignes… c'est donc sans a priori que je suis entré dans la salle.
C'est d'abord un film d'une grande rigueur formelle, rien n'est laissé au hasard, tout y a une signification. C'est un film totalement épuré, comme si Hélène Fillières avait traqué la moindre scorie pour l'éliminer et ne garder que ce qui est strictement indispensable. C'est grâce à sa simplicité que le spectateur peut entrer dans l'extrême complexité de ce que vivent les personnages et de ce qu'ils sont au fond d'eux-mêmes. Sans jamais rien nous révéler des failles qui ébranlent ses personnages, Hélène Fillières nous laisse entrevoir, nous laisse imaginer à quel point leur humanité est fragile, et par là même nous force à réfléchir sur notre propre fragilité.
C'est donc aussi un film d'une grande rigueur morale. Justement parce qu'il ne porte aucun jugement moral sur des comportements pourtant réprouvés par les codes de la société et par la loi. C'est sans doute parce que les spectateurs sont laissés seuls devant ce fait divers, sans que la réalisatrice/scénariste les aide à aucun moment à se rassurer en plaquant une sentence sur les agissements des personnages, que ce film est si dérangeant. Hélène Fillières aime tous ses personnages et laisse le spectateur se débrouiller avec le drame qu'on devine entre telle ou tel, avec les rapports ambigus qu'entretiennent celui-ci et celle-là… Dans un monde où tout nous est tracé d'avance, y compris et surtout ce que nous avons à penser, "Une histoire d'amour" est une bouffée d'oxygène. Mais comme souvent quand on vit en atmosphère raréfiée, cet apport soudain va donner le tournis à certains.
Après cette projection et le (trop) court débat avec la réalisatrice qui a suivi, il reste le désir de continuer à explorer toutes les pistes que le film ouvre en quantité : aller plus loin dans cette dialectique de l'acteur et du metteur en scène, "devenir maître du film" comme dit Hélène Fillières alors qu'elle est le plus souvent "au service du réalisateur" ; entrouvrir la fenêtre de la métaphysique que le personnage de l'ange dessine, et on pense à Jean-Claude Brisseau tant celui-ci est baroque quand Hélène Fillières est minimaliste ; le couple Casta/Bohringer peut-il être une citation (un hommage ?) à celui formé par Signoret et Gabin dans le film de Granier-Deferre quand le chat passe d'une main à l'autre ? ; comment trouve-t-on le financement pour un tel premier film, même quand on est une actrice reconnue ?………
Hélène Fillières a fait un film d'une intelligence rare. Il questionne notre esprit, interroge notre sensualité et titille nos angoisses les plus profondes. Il prouve aussi que le cinéma n'a pas fini d'inventer.