A l'image d'un de ses précédents films à savoir "Rubber", Quentin Dupieux nous offre avec "Wrong" un long-métrage assez surréaliste mais pas toujours forcément très plaisant à suivre. L'intrigue n'est vraiment pas évidente à suivre (certains passages sont même à classer dans le grand n'importe quoi) et je n'ai pas totalement apprécier la performance d'Eric Judor dans le rôle du jardinier. Mais il faut reconnaître que la prestation de Jack Plotnick est très bonne et que la mise en scène propose d'évidentes qualités. Une oeuvre qui n'est donc pas mauvaise en soit, mais qui est clairement difficile a cerner et qui aura bien du mal à enthousiasmer un large public.
Ce que le "cinéma" de Quentin Dupieux était déjà essentiellement depuis le début, cette fois il l'est visiblement et uniquement : creux, incolore, raide et figé comme une soupe de navet sans sel congelée dans une barquette en plastique beige/grise emballée sous vide
Quentin Dupieux progresse, son cinéma est désormais digne d'intérêt avec son troisième long métrage: "Wrong". Son style n'est toujours pas abouti et il est très loin du talent des réalisateurs (Lynch et Bunuel notamment) qui semblent l'influencer. Malgré cela, le ton et l'enchaînement des situations absurdes donnent à ce film une atmosphère originale. "Wrong" est à voir comme une pièce d'art moderne. On ne la comprend pas vraiment, mais on peut se laisser transporter par le sentiment que son observation suscite.
"Wrong" ne ressemble à rien de connu et ça fait du bien. Une telle liberté commence à se faire rare, surtout lorsqu'elle est doublé ici d'un total plaisir de cinéma. Certes, le film peut dérouter et il faut oublier les ficelles habituelles pour gouter à cet univers surréaliste, délicieusement anxiogène et pourtant d'une grande tendresse. Derrière les aventures tragi-comiques de cet homme en quête de son chien, le film aborde avec finesse l'oppression normative du monde moderne, où le malaise d'une civilisation s'étend à tous ses composants (le travail, la famille, le couple). Car derrière l'absurdité de la norme, c'est le vide existentielle qui est pointé ici. A l'instar d'un Bunuel ("L'ange exterminateur" n'était pas moins barré), Quantin Dupieux trace avec brio sa voie, loin des formatages de l'industrie, avec une sens aigu de la mise en scène (le film est visuellement magnifique) et une imagination débridée. Pour notre plus grand plaisir.
Comme quoi avec Dupieux, on peut passer à côté d’un film et aimer le suivant. Celui-ci est de la même veine que les autres mais il est mou et les’ acteurs ne sont pas très interessants. Ça joue beaucoup. Avec les cigarettes, on avait un panel qui nous donnait envie de rire et là même Judor n’apporte rien. Il faut le laisser faire du platane……
Pas le meilleur Dupieux, mais l'humour absurde est omniprésent et efficace comme toujours, c'est tellement fantaisiste et délirant au possible. La photo est clean et agréable, et les acteurs sont tous au top.
Deuxième film de Quentin Dupieux, "Wrong" est le moins bon de ceux que j'ai vus. Pas inintéressant par moment, parfois drôle, évidemment toujours aussi farfelu et absurde, l'ensemble souffre terriblement d'un rythme très mollasson. Peut-être que l'idée concept autour duquel il est construit n'offrait pas suffisamment de possibilités narratives, ou alors que Dupieux n'est pas arrivé à en exploiter le potentiel, toujours est-il que c'est souvent un sentiment d'ennui qui l'emporte alors que le film ne fait qu'une heure trente.
Je garde un mauvais souvenir de "Steak" et un excellent de "Rubber", donc avec Quentin Dupieux ça passe ou ça casse. Avec "Wrong", on est plutôt dans la première catégorie. Ce film est à la fois dépaysant et déroutant par son pitch mais singulièrement intelligent et drôle dans sa façon de rendre compliquées des choses simples spoiler: (commander une pizza, planter un arbre, retrouver son chien) et dépeindre une société en perdition, à l'image d'un titre évocateur, signifiant qu'on a tout faux sur notre monde: ce qui est supposément bon pour nous ne l'est pas et que ce qu'on nous impose est néfaste. Derrière l'absurdité jouissive spoiler: (le palmier trop petit, le peintre en rouge ou bleu, les dessins du jardinier, les questionnements sur le logo, les excréments de chien qui contiennent des souvenirs) ou terrifiante spoiler: (le réveil à 7h60 comme si l'heure était sans fin, les chien-garçon, le livre de communication animale, l'eau dans le bureau) des situations se cache une analyse acerbe sur la famille spoiler: (les chiens utilisés comme des éponges, avec adoration au début et ignorance ensuite) , le couple spoiler: (la vendeuse de pizza) , le travail spoiler: (licenciement, conditions de travail médiocres, collègues moqueurs) et la vie sans bonheur spoiler: (le voisin qui part en road-trip loin de ce monde) . Dommage que tout cela soit mis en scène de manière assez lente parfois ou bien paresseuse, Quentin Dupieux perdant progressivement le sens du rythme. Côté casting, Eric Judor, Jake Plotnick et surtout William Fichtner sont excellents et la distribution secondaire tient son rang. Au final, "Wrong" manque de dynamisme mais pas d'humour ni de réflexion sur notre société.
Enfin un film étonnant qui ne suit pas les standards du récit, du spectacle, et de rien qui existe. Enfin un film où l'image est un objet de contemplation en soi, oú le silence existe et parle plus que le reste, oú les personnages sont hors catégorie, oú l'on sort en s'interrogeant sur ce que l'on vient de voir plutôt qu'en étant réconforté d'avoir vu et revu le même prémaché régurgité d'idioties... L'étonnement fait grandir. Le confort endort l'esprit.
On pensait qu'il ne tentait l'expérience qu'une fois de temps en temps mais Quentin Dupieux est un homme à expériences, logique qu'il continue dans le cinéma expérimental pour un troisième objet filmique. Ainsi, après l'impressionnant Rubber, l'artiste électro s'essaie à une nouvelle histoire complètement saugrenue où cette fois-ci un homme cherche son chien qui a mystérieusement disparu du jour au lendemain. Voilà pour l'histoire de base. Pour le reste, le réalisateur nous emmène dans un univers où règne le grand N'importe Quoi, avec des personnages déjantés, des dialogues illogiques et des situations toutes aussi improbables... Notre héros, Dolph, ne va pas bien du tout : son chien a disparu, le palmier dans son jardin est devenu un sapin, son voisin lui annonce qu'il part tout en ne voulant pas avouer qu'il aime courir le matin, ses collègues de bureau lui font une nouvelle fois remarquer qu'il continue à venir travailler alors qu'on l'a viré depuis trois mois et tout le monde a l'air de connaitre ce mystérieux Master Chang qui prétend avoir enlevé son chien mais l'a perdu. Ah et il pleut dans le bureau où travaille travaillait Dolph et son réveil-matin annonce 11h60. Tout est absurde mais tout se lie d'une façon ou d'une autre et pour peu que l'on s'immisce dans l'univers fracassant de Dupieux et on ne peut plus en sortir. Wrong est un parti-pris jouissif pour le n'importe quoi, moins glauque que Rubber mais tout aussi incohérent. À mi-chemin entre Lewis Carroll, David Cronenberg et Luis Buñuel, Quentin Dupieux s'impose comme un nouveau maitre de l'absurde, de l'illogisme. Tout en apportant un soin esthétique particulier à son œuvre et en choisissant des comédiens improbables (le fidèle Éric Judor pour ne citer que lui), le réalisateur parvient à nous livrer un film passionnant qui, au-delà de ses scénettes incompréhensibles, possède bel et bien un début et une fin ainsi qu'une trame plus ou moins logique une fois rentré dedans. Encore une fois, on peut ne pas aimer l'univers proposé (ça se comprendrait) mais pour les fans de Steak et Rubber, ce troisième film est une réussite plus folle que jamais qui s'ancre parfaitement dans la filmographie de plus en plus géniale d'un véritable auteur.