A l’occasion de la ressortie ce mercredi 14 octobre de Blade Runner, le troisième film de Ridley Scott réalisé en 1982, Cineséries-mag a proposé à ses rédacteurs d’écrire un article. Votre nouveau fidèle serviteur a alors accepté l’offre.
Ce fut d’abord pour moi une réflexion quant à l’écriture d’un article, d’un texte, sur Blade Runner. En effet que dire sur le film qui n’ait pas été dit par des journalistes, des cinéphiles (souvent élogieux), des making-of – on peut penser au très bon Des temps difficiles : le making-of de Blade Runner -, des cinéastes – Ridley Scott, Denis Villeneuve, Christopher Nolan ou encore Quentin Tarentino -, et des théoriciens – tels que Telotte, Frentz, Rushing sur l’androïde, la machine et le cyborg par exemple, ou encore à Chion et sa Science-Fiction au Cinéma ?
Ainsi, qu’est-ce que c’est que d’écrire sur Blade Runner trente-deux ans après ?
Une autre question m’apporta quelques éléments de réponse : qu’est-ce que revoir Blade Runner au cinéma aujourd’hui ? Ces derniers ne seront pas forcément originaux, n’amenant pas forcément de nouvelles idées, mais seront bien au présent.
Revoir Blade Runner aujourd’hui, c’est d’abord voir une œuvre qui a dû attendre 25 ans avant d’être « finie ». En effet, à la suite d’un tournage chaotique à cause de mésententes entre le réalisateur, le scénariste, et les producteurs, le film sera monté sans les « auteurs ». Il connait alors deux premières versions aux fins heureuses, ensoleillées, optimistes en complète incohérence avec le reste du film. On y voit Deckard et Rachel partir dans des régions lumineuses, forestières et montagneuses, sur des images de Shining réutilisées, et alors on peut se poser la question : mais pourquoi ne pas l’avoir fait dès le début et enduré cet enfer futuriste ? Le film a connu un grand nombre – encore discuté – de versions, on citera ici les quatre versions « officielles » vendues dans les coffrets collector anniversaires : la version nord américaine, celle internationale, la version télévisuelle, la director’s cut et la final cut, on peut aussi trouver la version de travail dans le coffret blu-ray. Il ne s’agira pas de discuter de toutes les différences entre les versions, n’hésitez pas à vous renseigner sur le net, mais on notera ici que dès le début du projet, Scott et les scénaristes Hampton Fancher et David Peoples avaient écrit la fin qu’on connait actuellement, intégrée au film avec la director’s cut – une version promotionnelle de Warner Bros (voulant surfer sur le succès du film dans les vidéo clubs et autres cérémonies filmiques) alors relativement dirigée par Scott – et confirmée dans la final cut de 2007, version finie du film complètement orchestrée par Ridley Scott. Une fin cohérente avec l’univers, donc mélancolique, et surtout apocalyptique. Apocalypse, dans le sens premier du terme, signifie « objet / chose dévoilé(e) aux hommes », et implique un changement. Et c’est tout à fait le sens de la fin de Blade Runner, une révélation.