Voilà un film sortit il y a déjà onze ans. Un des premiers « nanar monstrueux » avec images de synthèse pourries, mise en scène amorphe, acteurs médiocres… j’en passe !
Bon, l’atout de Supergator c’est qu’il est généreux. Soyons honnête, il y a du mort, et dans un film de monstre, c’est un bon début ! Autre atout : il est clairement second degré. Un peu dans la veine d’un Piranha 3d par le ton et le style. Enfin : il est très référencé. Impossible de ne pas voir Jurassic Park III dans une scène en particulier, et on a même un discret bruitage de T Rex pompé sur Jurassic Park.
Voilà, on a fait le tour des compliments sympas de Supergator ! Car en effet, ça reste un spectacle disons… limité ! La mise en scène est calamiteuse. Rarement vu pire, surtout dans les attaques de la créature. Il faut vous imaginer une série de très très gros plan, sur une main, une tête, une jambe un pied… se succédant très vite, avec un badigeon rouge tomate. En fait c’est presque une sorte de vue subjective de la victime, ou plutôt des dents de la créature ! Autant dire qu’on ne voit rien, vraiment rien ! La mise en scène est généralement affreuse mais les attaques sont plus monstrueuse que le pire des Supergator !
Les fx sont au diapason. La créature est incrustée avec une version archaïque de photoshop, elle n’a aucun design, et le mieux c’est lorsqu’on la voit courir après les pauvres humains censé avoir peur de cette bête qui fait pitié. C’est censé être un crocodile, mais je dois avouer qu’à tout point de vue cette créature n’a rien de l’anatomie d’un crocodile.
Pour le reste, la bande son se limite à une sorte de jinggle gentiment exotique digne des club Med les plus ringards de Tahiti. Reste les décors exotiques sympa mais vraiment insuffisant pour sauver le reste !
Le casting s’amuse beaucoup, et c’est déjà ça ! Entre leurs dialogues consternants, leurs réactions consternantes, leur bêtise consternante (l’inénarrable chute sur rien, l’incrédulité qui conduit à une catastrophe…) ils semblent comprendre qu’ils sont là pour faire les clowns jusqu’à leur fin inévitable. Du coup ils en rajoutent à mort, et j’avoue que je me suis plutôt bien amusé de leurs pitreries. A noter quand même que les actrices sont belles (préférence pour moi pour Mary Alexandra Stiefvater, aux faux airs de Natasha Henstridge), et qu’il y a des guests ! Ici Kelly McGillis surtout, à la carrière en pente plus dure que douce ! Bon, les acteurs sont fun, mais c’est en roue libre, je dirai presque en impro constant.
Le scénario est simple : un Supergator bouffe tout ce qu’il trouve sur son île. Voilà, c’est résumé. Pendant 1 heure 20 le film tient sur ça, comblant au milieu avec une traque ridicule, des discussions nonsensiques et offrant une fin parmi les plus nanardes que j’ai jamais vu. Après c’est rythmé, drôle, et surtout pas du tout antipathique.
Pour ma part, Supergator n’était pas indigeste. C’est bien sûr pas bon mais c’est aussi pas mal second degré. Je regrette vraiment la mise en scène, car plus qualitative pour mettre en valeur les effets horrifiques, on aurait pu tenir un divertissement bancal au budget dérisoire, mais très fun. Je donne 2, mais plus serait allé loin quand même.