Sans vouloir faire ma bobo intellectuelle présomptueuse, j'avoue ne pas comprendre les reproches que certains font à ce film : "c'est trop lent... y s'passe rien... ça fait pas peur... la fin est à chier... j'ai rien pigé..." Et non, nous ne sommes pas en face d'un thriller "à l'américaine" où il y a des coups de poings toutes les minutes ; et oui, le film demande un peu d'investissement intellectuel de la part du spectateur dans la mesure où il faut quelque peu user de sa cervelle afin de saisir la portée de certains détails. Et ce n'est qu'une fois qu'on a effectué ce "travail" que l'on peut réellement apprécier cette oeuvre qui selon moi sort du lot et présente de nombreux intérêts. Tout d'abord, le célèbre pitre Michael Youn qui révèle une facette inattendue de son jeu d'acteur dans ce rôle dramatique. Ensuite, les personnages en eux-mêmes qui ne sont pas parfaitement attachants. En effet - il s'agit ici plutôt d'un avis personnel - Martin (le perso de Michael) se montre par moment un peu trop protecteur avec sa fille, ce qui peut être parfois un peu crispant, mais sachant qu'il a cru la perdre à tout jamais, on peut comprendre cette attitude... Bien plus que Martin, Norah (la diva vulgaire et sans gêne) n'est pas des plus sympathique - je crois d'ailleurs que peu de monde me contredirait sur ce point... Néanmoins, à mesure que l'intrigue avance, je me suis faite à son caractère tape-à-l’œil, un peu de la même manière que j'aurais fini par m'habituer à ce genre de personne dans la vraie vie à force de la fréquenter. On pourrait se demander pourquoi je traite de la pénibilité des personnages alors que je suis censée aborder les bons points. Et bien, justement, cet élément fait partie des bons points. Je trouve en effet cela plutôt intéressant d'avoir à faire des personnages qui ne soient pas toujours agréables. Ensuite, l'intrigue. Certes, les ficelles servant à la tenir n'ont rien de nouveau, mais la façon dont celles-ci sont assemblées en font une oeuvre qui n'empeste pas le déjà-vu. Autrement dit, nouveauté non, originalité et ingéniosité, oui. Quant à la fin qui fait tant polémique, j'affirme et je maintiens qu'elle est entièrement cohérente. Mais comme je l'ai déjà écrit plus haut, et j'insiste sur ce point, il faut un peu s'investir si l'on veut en saisir toute la logique. Enfin, la mise en scène et la photographie. Les plans sont très travaillés d'un point de vue esthétique (je ne vais pas développer plus car sinon j'en aurais pour 50 000 lignes encore) et la mise en scène est lente afin de laisser le temps au spectateur (attention, gros mot) d'ob-ser-ver, de s'imprégner de l'atmosphère lourde et des nombreux détails qui sonnent faux, contribuant ainsi à restituer une étrangeté ambiante. En conclusion, je pense finalement avoir compris les raisons qui ont poussé certaines personnes à qualifier le film d'ennuyeux, de difficilement compréhensible etc. Celles-ci devaient s'attendre à un thriller bien flippant et bourré de suspens, or il se trouve qu'ici, la bizarrerie et l'esthétique priment sur la tension permanente. Pour ce qui est de la fin, je devine que pas mal de spectateurs désiraient et s'attendaient à quelque chose d'un peu plus sordide et effroyable... Et non, il n'y a pas toujours des pervers...