Le cinéaste britannique, Danny Boyle, ayant fait son bout de chemin depuis son estimé Trainspotting, 20 ans plus tôt, redonne vie à Mark Renton, Begbie, Simon et Bud, les acolytes cramés, shootés et crapuleux de l’opus initial en jouant sur la corde de la nostalgie. La nostalgie des années 90 que nous laissons maintenant loin derrière nous, la nostalgie d’une jeunesse révolue chez les personnages, la nostalgie d’une vague musicale indémodable mais qui se perd dans la masse, et finalement la nostalgie d’un fanbase relativement conséquente de son film qu’il reprend par la main en réunissant à nouveau, pour le pire et le meilleur, ses quatre compères dans le Edimbourg d’aujourd’hui. De l’eau à couler sur les ponts, chacun ayant choisi sa direction, ou presque. Qu’en sera-t-il de ces retrouvailles?
Sans doute tout à fait conscient qu’il ne sera pas possible de reproduire le phénomène de jadis, l’époque et les temps changent, Danny Boyle insufflant toute la nostalgie, la mélancolie qui lui passe entre les mains dans son film, tente de réadapter cet univers à notre période contemporaine. Il apparaît, en dépit des commentaires de rageurs qui ne voit pas en ce T2 une suite digne de leur film de référence, que Boyle parvient à faire poursuivre à ses personnages un chemin logique. Fini l’héroïne, place aux conséquences. Finis les embrouilles, place à la vengeance ou à la rédemption. Enfin presque puisque malgré les intentions des uns et des autres, ils ne seront jamais que des loosers d’une Ecosse qui les a laissé jadis sur les bas-côtés. Le petit malin qui fait son mea-culpa en revenant sur ses terres, le beau-gosse, malfrat de bas-étage qui tente l’enrichissement par l’arnaque, la brute sanguinaire qui s’évade de prison et qui compte bien se venger des torts du passé et le camé, bête et tout gentil, qui tente tant bien que mal de mener une vie décente, tout ça ne fait qu’un, un ensemble concret de personnage qui se croiseront à nouveau, se confronteront et mettront à plat les évènements du passé. Tout à fait logique, à mon sens, que le chemin choisi par Boyle pour faire revenir ce petit monde.
Pop, musical, ce retour se fait sous les atouts nerveux d’un réalisateur qui ne cesse de tenter de trouver des parades à sa mise en scène. Entre réalisation façon clips, saturation et sur coloration de l’image, arrêts sur image, Danny Boyle en revient à son petit univers de faiseur populaire, une recette qui fonctionne et qui semble pouvoir encore fonctionner à l’avenir. Son film, rien que sur ce plan-là, est divertissant, et finalement, tout à fait compatible avec l’aspect du Trainspotting des années 90. Ses comédiens, Ewan McGregor, touchant, Jonny Lee Miller, excellent, Ewen Bremner, impeccable, et Robert Carlyle s’amusent comme des gamins en retrouvant des rôles qui auront fait leurs gloires jadis. Ils sont tous impeccables, impliqués.
Un vrai parti-pris que ce T2, indéniablement. Pour ma part, j’adhère pleinement au développement choisi par Danny Boyle, adaptation très libre de la suite de Trainspotting, justement, par Irving Welsh. Certes, ce n’est pas ici la bombe pop britannique attendue, quelques faiblesses narratives viennent enrayer la machine, mais l’exercice est concluant, voir réussi. 13/20