Amitiés Sincères – le film :
Ce film de Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie, adaptation cinématographique de la pièce des mêmes auteurs, traite non seulement de l’amitié (ici entre 3 hommes quinquas), mais aussi et surtout de la vie, et de ces petits (ou gros) mensonges, que l’on fait souvent par omission pour ne pas vexer ou blesser l’autre; Walter, interprété par Gérard Lanvin, qui à horreur du mensonge, l’apprendra à ses dépends un peu tard … mais mieux vaut tard que jamais non ?
En amitié, comme en amour, on ne voit souvent chez l’autre que la partie apparente de l’iceberg …
En effet, selon la la fameuse théorie de l’iceberg d'Ernest Hemingway (mentionnée à de nombreuse reprises dans le film) : le plus important ne se raconte jamais », et il faut « plonger » pour découvrir la partie vraie de celui ou celle que l’on côtoie pourtant depuis des années, et que l'on croit connaître.
De plus les individus ne sont pas égaux devant la confession; pourquoi se confit-on plutôt à l’un qu’à l’autre, alors que le principal intéressé n’est au courant de rien ? cela remet-il en cause pour autant les liens d’amitié …ou d’amour ? … voila le discours du film ...
Walter (Gérard Lanvin) épicurien qui aime la pêche, amateur de bons vins et de mets raffinés, d’un naturel bourru, à toujours parler trop fort et faire de grands gestes, … papa poule, bourré de convictions du genre « pas de sexe pour ma fille de 20 ans », dirige de main de maître un resto gastronomique, et drive ses équipes pour la conquête de leur première étoile Michelin... ce qui devient son obsession première.
Lui et ses 2 potes, Paul (Jean-Hugues Anglade) et Jacques (Wladimir Yordanoff) se réunissent chaque 1er mercredi du mois (jour de sirène des pompiers ;-)), dans la petite librairie que tient Jacques, et ce depuis maintenant des années, pour un déjeuner saucisson-cuisine fine (le petits plats ramenés par Walter) et bons vins ; un grand moment de convivialité, et l’occasion de refaire le monde ou de parler de ses petites misères … enfin de celles que l'on veut bien confier (et çà donne faim au spectateur, je peux vous l'assurer;-)).
Il se retrouvent aussi à l'occasion en Charente-maritime (certaines scènes tournées à La Rochelle ou à l’île de Ré ) … pour de grandes bouffée d'oxygène ...
Paul, écrivain est à cour d’inspiration pour un nouveau bouquin, et finalement, çà tombe bien ce qui va lui arriver va peut-être lui permettre de renouer avec le succès en devenant le thème de ce qui pourrait bien être son prochain best-seller … en tout cas c'est ce que pense son éditrice de femme, Béatrice (Natacha Lindinger), qui ne le blâme pas pour son nouvel adultère (elle a l’habitude, et Béa est une femme moderne qui vit dans un quartier bobo du centre de Paris) mais lui réclamera une fin pour son livre, avec « du sang, des cris et des larmes » … afin d'en assurer le succès.
Car il a un gros problème Paul, il est amoureux de la toute jeune fille de Walter, Clémence (Ana Girardot, Ndr : la fille d’ Hippolyte Girardot), étudiante d’une trentaine d’année sa cadette (oops), qui prépare son « grand O » d’entrée à Normale Sup.
Jacques, lui, libraire, en pleine tourmente d’élections municipales de Paris 14ème, pour lesquelles on l’incite à se présenter, est homo, et là aussi c’est un secret difficile à confier à Walter, pourtant son ami de toujours.
Comment ces secrets d’amis vont-ils se révéler au grand jour, l’amitié de toujours va-t-elle être remise en cause, par ce climat de « trahison » qui plane au dessus de nos 3 drôles de zèbres (le nom du resto de Walter), l’amour naissant de Clémence et Paul résistera-t-il ? tout comme la relation complice père-fille de Walter et Clémence ? …
En tout cas lorsque Walter découvrira les omissions de sa bande de potes, il verra rouge …
Un film magnifiquement interprété, çà sonne juste, et l’origine théâtrale du film ne se ressent pas … tendresse, émotion, drôlerie, une belle leçon de vie sur le thème : « en amitié comme en amour, on ne se dit pas tout ».
L’occasion de retrouver Jean-Hugues Anglade toujours à l’aise dans ces rôles torturés, et un Gérard Lanvin en pleine forme … contraint de s’adoucir au fur et à mesure que l’histoire avance … ; Wladimir Yordanoff est troublant de sincérité lui aussi.
A noter les excellents « seconds » rôles Zabou Breitman, Stéphanie, l'ex femme de Walter, sage conseillère (« va voir la face cachée de l'iceberg »), et la troublante Natacha Lindinger, Béatrice, la femme-éditrice de Paul.
Enfin, on appréciera la très belle chanson « 20ans » de Jean louis AUBERT, que l'on entend au générique de fin, et qui illustre fort bien le thème du film.