No est le quatrième long métrage de Pablo Larraín, après Fuga en 2005, Tony Manero en 2008, Santiago 73, Post Mortem en 2010, et s'inscrit comme la fin d'une sorte de trilogie initiée par les deux derniers films du réalisateur, qui déclare : "Santiago 73, Post Mortem parle des origines de la dictature, Tony Manero de son époque la plus violente, et No de sa fin. Peut-être que ce qui m’intéresse le plus, c’est de faire le bilan, de revisiter l’imaginaire de la violence, de la destruction morale et de la distorsion idéologique, pas pour la comprendre, mais pour dire qu’elle a existé."
No raconte comment le dictateur Augusto Pinochet a été contraint de quitter le pouvoir après un référendum démocratique : un exemple unique dans l'histoire mondiale récente.
C’est la troisième fois que l’acteur Alfredo Castro tourne pour Pablo Larraín. Dans Santiago 73, Post Mortem, il était employé dans une morgue et dans Tony Manero, il était fasciné par le personnage de John Travolta de La Fièvre du samedi soir.
Ce n'est pas la première fois que Gael García Bernal joue le rôle d'un homme qui influence la destinée de tout un pays : il a déjà incarné Ernesto 'Che' Guevara dans Carnets de voyage, réalisé par Walter Salles en 2004.
No représente le Chili aux Oscars 2013, dans la catégorie du Meilleur film étranger.
Pablo Larraín a tourné avec quatre caméras datant des années 80, rassemblées spécialement pour le tournage, afin de donner à son film la même esthétique que celle d’un film d’époque. Le réalisateur souhaitait faciliter le mélange entre les images d’archives et les images tournées pour garder le spectateur totalement immergé dans l’œuvre, tout en montrant sa résistance face au format HD : "Nous évitons ainsi la perception d’un matériau « d’époque » en créant un hybride, de temps, d’espace et de matériel", explique Larrain.
No a déjà été primé à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2012. Longuement applaudi lors de la projection, le film est le plus grand succès critique de Pablo Larraín à ce jour.
Avant le tournage de No, Pablo Larraín craignait que Gael García Bernal ne puisse gommer son accent mexicain, ce qui aurait nui à la crédibilité du film (il joue un personnage chilien). L’acteur a refusé toute aide d’un coach et s’est présenté le premier jour du tournage avec un accent chilien parfait, ce qui a grandement impressionné le réalisateur.
Dans un souci de réalisme et d’authenticité, Pablo Larraín a intégré dans No des spots publicitaires et jingles de l'époque, ainsi que des acteurs, chanteurs et danseurs ayant réellement participé à la campagne pour le "non" en 1988.
En plus de se baser sur des faits réels, No a également été inspiré par la pièce jamais publiée Référendum de l’écrivain chilien Antonio Skarmeta, écrite en exil après la prise de pouvoir de Pinochet. Une autre de ses œuvres, Une ardente patience, avait déjà été portée à l’écran par Michael Radford dans Le Facteur (1994).
Pablo Larraín s'est intéressé au publicitaire René Saavedra car il permet de montrer l’ambiguïté de la dictature mise en place par Augusto Pinochet au Chili, renversée par son propre système : "René Saavedra est un enfant du système néolibéral impulsé par Pinochet", explique le réalisateur, en poursuivant : "C’est pour cela qu’il est intéressant que ce soit lui, avec les mêmes outils idéologiques que ceux mis en place par la dictature, qui se charge de mettre Pinochet en déroute. Il le fait en inventant une campagne publicitaire remplie de symbolismes et d’objectifs politiques, qui en apparence sont seulement une stratégie de communication, mais qui en réalité cachent le devenir d'un pays". Ce personnage, incarné par Gael García Bernal, est ainsi construit comme une métaphore de l’histoire du Chili de la fin des années 80.
Pablo Larraín a grandi dans une famille très investie politiquement : son père, ancien opposant de Pinochet, est un sénateur et une figure importante de la droite chilienne, tandis que sa mère est une ancienne ministre. Pablo, âgé de 12 ans lors du plébiscite, a été marqué par la simplicité de la campagne télévisuelle dont personne n’imaginait qu’elle changerait la destinée du pays.