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Misoramengasuki
64 abonnés
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3,5
Publiée le 28 juin 2013
On comprend que "People Mountain People Sea" ne soit pas sorti en Chine: il cadre mal avec le slogan officiel de "rêve chinois" brandi par le nouveau Président Xi Jinping. Quelle noirceur absolue! Meurtre presque gratuit du début, injustices et trahisons en série, violences en tous genres, drogue, et pour finir ces scènes terribles de la mine de charbon. Cai Shangjun use d'une palette remarquable (surexposition, hors-champ, alternance de plans fixes et de mouvement de caméra millimétrés...) pour nous plonger dans un univers de cauchemar, dont la puissance dramatique n'est diminué que par le caractère très elliptique du récit. Notons toutefois que, plus que la misère physique, c'est l'exploitation et l'annihilation des rapports humains qui sont dénoncés. Car aussi dure que soit la vie des personnages du film, leur situation matérielle est nettement meilleure à ce qu'elle était il y a quelques décennies, où les famines étaient courantes en Chine. En revanche, la perte de tous les repères moraux, la destruction des familles sont des phénomènes contemporains. Bravo à Cai Shangjun et à son acteur principal, Chen Jianbin, impressionnant de révolte rentrée, d'avoir brossé ce contrepoint utile à l'image idyllique véhiculée par le cinéma chinois "officiel".
Plus que par son histoire assez confuse qui se présente comme une sorte de patchwork dont on essaiera, avec plus ou moins de succès, de recoller les morceaux et de rassembler des détails et des indices dont on peut légitimement parier que beaucoup nous auront échappés, ce film hallucinant et addictif vaut d'abord par sa formidable mise en scène qui nous emporte dans des ambiance successives : une carrière à ciel ouvert où se commet un meurtre crapuleux, la grande ville voisine et une mine de charbon. A la campagne comme à la ville, l'air semble vicié, pollué et à peu près irrespirable. Si les conditions de la vie rurale sont pénibles et précaires, celles de la cité ne sont guère plus reluisantes, loin s'en faut. Promiscuité, insalubrité et misère composent à présent l'existence quotidienne des exilés de la campagne.
Tout à la fois thriller et western métaphysique, où la parole est extrêmement rare, le film se double également d'un état des lieux d'une Chine contemporaine dont la croissance exponentielle et la pratique d'un capitalisme effréné ravagent aussi bien ses habitants que ses paysages et sa nature. Nous enfonçant toujours davantage, au propre comme au figuré, dans les profondeurs de l'apocalypse moderne, ce film hypnotique et envoûtant stupéfie par sa noirceur et sa puissance d'évocation d'un enfer terrestre où le sol s'entrouvre pour avaler les hommes hagards et abrutis de crasse et de fatigue. Un constat tragique magnifié par la puissance d'un cinéma puissamment organique et viscéral. Une deuxième œuvre remarquable signée d'un cinéaste à suivre de près, sans conteste.
Film totalement abscons et fermé sur lui-même. En l'absence de dialogues, une intrigue confuse et des ellipses succédant à des incompréhensions plongent le spectateur dans une grande hébétude. On peut se raccrocher à quelques rares belles scènes, dont l'évocation apocalyptique d'une mine de charbon, pour expliquer l'enthousiasme des professionnels de la critique cinématographique. Ni le jeu de l'acteur principal, un demeuré autiste, ni la qualité de l'image ( sérieux problèmes d'éclairage) ni les tics du réalisateur (le fait d'introduire les scènes par un cadrage décalé avec la seule perception du son pendant une minute, ou les plans immobiles de paysages sans grand intérêt) n'empêchent le plus insomniaque des spectateurs de se réveiller en sursaut à la fin de l'œuvre.
On s'enfonce profondément dans le sous-sol de la mine et dans les turpitudes de l'âme humaine ferrée à l'ultralibéralisme... O.K. Pourquoi pas, car c'est fait avec style, et un développement du scénario d'une simple efficacité redoutable. Je ne dévoilerais rien, en disant qu'évidemment ça finit mal. A éviter pour les dépressifs... Pour autant je n'y vois pas le symbole d'autre chose que la description implacable d'une réalité sociale, donc très naturaliste, sauf qu'il n'y a derrière aucun combat pour des droits sociaux, peut-être pour s'éviter la honte d'être naïf, ou ne pas se dévergonder dans des idéologies périmées (ou à reconstruire, mais ça revient au même) dans un pays où le drapeau rouge est l'emblème. C'est la lente épluchure d'un homme, une course de fond perdu d'avance contre l'humiliation, sans possibilité de sortir par la porte de secours. Rendre un film attirant, et il l'est, quel beau travail, oblige à donner des aspects romanesques, mais au fond de ces ténèbres surgit l'évidence banale de multiples destins de masses brisés. Est-ce par pudeur moral que l'esthétique de film noir bloque toute velléité philosophique, malgré tous les penseurs de la critique cinoche qui se lâchent sur ce People? Espérons que oui, pour finir sur une note lumineuse comme le chas d'une aiguille.
A peine ai-je vu que le film était à la fois récent et chinois que je suis parti le voir, sans ni m'intéresser à l'histoire, au passé du réalisateur, ni au succès éventuel du film ; oui le cinéma chinois me prend, comme ça, depuis Jia Zhangke j'enchaîne. Et à peine ce film commence que l'on voit qu'il a eu le lion d'argent à Venise il y a deux ans ; pas mal. Puis le film débute... C'est lent, le personnage parcourt le plan en prenant son temps. Un crime entre deux inconnus arrive, sous un soleil ardent, avec le calcaire blanc pour crever les yeux ; ici pas de trace de sang. Le criminel revient ajuster quelques détails, s'en va, et le silence revient. Jusque-là, le film est à peu près normal. Puis, en délivrant toute sa qualité plastique, le réalisateur nous plonge dans l'enfer du frère de la victime à la recherche du meurtrier (pour se venger mais surtout amasser des sous pour rembourser ses dettes), quitte à accompagner son histoire d'ellipses qui vont avoir pour but de déstabiliser le spectateur plus qu'autre chose. En effet on est souvent déboussolé, à chaque nouvelle séquence on doit bien attendre quelques minutes (voire plus) avant de se la resituer et comprendre sa place dans l'histoire, ce qui ne me plaît particulièrement. La fin est vraiment belle, même si j'avoue avoir plus survécu qu'autre chose pour en arriver là. L'idée est intéressante, montrer cette impuissance du héros dans sa quête de vengeance, beaucoup de rencontres, des changements de cadre nombreux, mais surtout sa position de lui, héros, enfermé dans une multitude, soit de personnes (mines, espèce de bidonville), soit dans une nature dont l'immensité l'écrase (je pense à ce plan séquence de très loin à moto avec la vallée environnante). Franchement, si la manière d'envisager l'histoire par le réalisateur n'avait pas été aussi extrême, et donc plus supportable, j'aurais bien plus aimé, là il y a bien quelques scènes intéressantes (avec la femme et le fils par exemple) et des qualités indéniables de mise en scène, mais je me suis tellement perdu, par exemple cette escapade dans les bidonvilles, tellement longue, que ça fatigue, ça use, bon oui il y a une démarche un peu à la Antonioni et j'adore ça, mais là c'est tellement poussé que filmer l'ennui... m'a ennuyé. Un réalisateur à suivre cependant.
Il y a quelque chose de jubilatoire dans la caméra qui s'exprime à la façon du néo réalisme des années 60 en Italie .....la première moitié dans les montagnes à moitié désertiques avec la découverte du crime (c'est sensé être un film policier) est de grande beauté, ainsi que le scénario où se mêle une joie de filmer les acteurs assez rare, il faut le dire, les bruits sont très évocateurs, presque profanateurs de la banalité, et l'on assiste à des scènes de WC, de repas ou autre ou encore un plan séquence dans une maison collective, pleine de suggestions picturales et sociales....C'est un vrai régal, il faut l'avouer pour le spectateur...... Par contre la seconde moitié est assez sinistre il faut le dire, autant dans l'atmosphère que l'ambiance où tout se déroule dans la pénombre d'une mine.....D'ailleurs l'acteur principal finit par s'effacer à la fin du film......Autant la première moitié était axée sur la lumière, autant la fin du film propose une allégorie de l'ombre.....Pour ce qui est de la résolution du crime, il faut avouer que le scénario reste très nébuleux et que là, on reste sur sa faim.... A voir, ne serait ce que pour la forme du film......
Dur de critiquer un film que l'on n'a absolument pas compris. Je suis resté dans le brouillard durant une bonne partie de l'histoire. La confusion engendré par ce scénario brouillon m'a empéché de rentrer dans l'univers de Shangjun Cai qui, je dois l'avouer, m'a vite ennuyé. Seules les magnifiques panoramas se dégagent de ce bordel cinématographique. On se raccroche à ce que l'on peut.
C'est la critique de Jacques Mandelbaum dans Le Monde [hélas désormais introuvable sur la Toile sauf aux abonnés du journal] qui m'a donné envie d'aller voir ce film chinois distribué dans quelques rares salles parisiennes. Le critique du Monde invoquait les mânes de Zola et Antonioni, curieux attelage laissant entendre que le film parvenait à la fois à dresser le portrait d'un milieu et à tisser la trame des sentiments individuels. Et je dois bien reconnaître que ce film d'un réalisateur méconnu, primé à la Mostra de Venise, est saisissant. Il suit les pas d'un homme mutique sur les traces du meurtrier de son frère. On ne comprend pas grand chose à sa quête policière dans une Chine immense, grise et cruelle. On passe des bas-fonds d'une grande ville au fond d'une mine de charbon. La dureté des rapports sociaux nous prend à la gorge et nous laisse asphyxié.
Des images sublimes, une mise en scène magistrale, une vision noire de la Chine actuelle, de très belles scènes dotées d'une énorme force d'évocation (notamment le meurtre tellement gratuit au début du film, la scène finale ...) mais l'utilisation permanente de l'ellipse rend ce récit confus et difficile à suivre, particulièrement sur la fin.
Difficile de s'accrocher à un récit aussi elliptique, qui rend le film complètement cryptique. Il semble se dégager de tout ça un portrait sans concession d'un pays qui a perdu ses valeurs et que la violence et la pauvreté gangrène. Pas sûr d'en avoir compris plus.
"Germinal" reenacted in the most impoverished part of china. Where, still in 2013, the life of a man doesn't not represent anything. The only remain of civilization is to be found in the will of an outcast worker to avenge the killing of his brother, where the corrupted police can't succeed to arrest the murderer. Everything is ugly, women, food, landscape, there is not place for hope at all, to many people struggling at the same time in an overpopulated desperate world. Best drama of the year.
Vu au Reflet Medicis. Allons-y d'emblée : People Mountain, People Sea est assurément l'un des très grands films de l'année 2013 (pour l'instant, je ne vois que La Vie d'Adèle, vu à cannes, qui pourrait rivaliser). Réalisé par un illustre inconnu (et qui ne va pas le rester très longtemps) - Cai Shangjun - People Mountain, People sea est un chef d'oeuvre absolu. Au croisement du thriller, du western et du road-movie apocalyptique, le film est dur, d'une noirceur et d'un désespoir absolu, mais en même temps d'une beauté à couper le souffle. On est captivé par le périple de cet homme taciturne (très impressionnant Chen Jian-Bin) qui part à la recherche de l'assassin de son frère et traverse différents cercles des "enfers" : meurtre, drame familial, exploitation du travail, trafic de drogue, corruption policière, poids des structures archaïques, violences des rapports sociaux... Le film est ainsi un portrait fascinant de la Chine contemporaine, ses immenses paysages (filmés avec une rare expressivité), ses métropoles surpeuplées, ses mines sauvages où meurent chaque mois des êtres réduits à une condition animale. Entre rêve et cauchemar, une oeuvre d'une puissance inouie, à la mise en scène tout simplement magistrale, justement couronnée au festival de Venise par... Darren Aronofsky (le réalisateur de Black Swan) qui avait eu un coup de foudre pour ce film !