Cela peut surprendre, mais l'épisode de la "vache tombée du ciel", qui est à l'origine du film El Chino, s'inspire d'une histoire réelle. Les faits ont eu lieu au Japon, où des vaches ont été volées sur un champ et mises à l'intérieur d'un petit avion russe. Mais quand une porte de l'avion s'est ouverte en plein vol, les vaches sont tombées et l'une d'entre elles s'est écrasée sur un bateau.
El Chino a été un vrai phénomène au box office argentin. Le film a séduit plus de 900 000 spectateurs, ce qui représente une excellente marque pour le pays. Par ailleurs, il est le seul film national parmi les dix productions les plus populaires de 2011 en Argentine.
Beaucoup de réalisateurs disent que la clef du succès d'une comédie dramatique est un bon scénario, mais le cinéaste Sebastián Borensztein préfère souligner l'importance de la lumière, qui doit combiner "la nostalgie avec l'humour, l'obscurité avec la certitude de l'avenir. La lumière et la direction artistique possèdent une grande influence sur l'impact émotionnel d'une histoire."
El Chino est le troisième long-métrage de Sebastián Borensztein, après la comédie La suerte está echada (2005) et le thriller Sin memoria (2010). D'après le cinéaste, ce n'est qu'après ces deux premières expériences qu'il s'est senti professionnellement mûr pour se lancer dans une comédie dramatique. D'après lui, ce genre serait particulièrement difficile à réussir à cause du besoin de combiner l'humour avec "la vraisemblance et le naturalisme les plus absolus".
Le réalisateur Sebastián Borensztein et le comédien Ricardo Darin sont amis depuis des années, et bien qu'ils aient déjà travaillé ensemble dans des téléfilms, ils ne s'étaient jamais réunis pour un projet de cinéma. Le cinéaste admet qu'il ne pensait à personne en particulier pour le personnage de Roberto lorsqu'il a écrit le scénario d'El Chino. C'est en discutant sur le projet amicalement avec Darin que le comédien s'est exprimé de manière déterminée : "Roberto, c'est moi !".
L'acteur Ricardo Darin, très connu pour ses rôles tragicomiques, enchaîne de plus en plus les personnages introspectifs, souriant rarement, comme ceux de Carancho, d'El Aura et de Dans ses yeux. Le comédien explique que même dans les rôles comiques, il préfère éviter le ton "guignolesque", laissant à la situation le soin de créer l'humour de la scène. De plus, "rire des calamités, c'est très argentin. Je ne sais pas si Roberto est comme ces autres personnages, mais parfois je prends le risque [de jouer dans la retenue]. Dans ce film, en plus, je devais être économe dans mon jeu. Un acteur peut avoir plusieurs rôles différents, mais il a toujours une caractéristique centrale vers laquelle il finit par revenir" , souligne l'acteur.
Le tournage en pleine rue implique d'habitude plusieurs imprévus et des difficultés de production. L'équipe d'El Chino raconte les soucis rencontrés pour tourner une petite scène, d'une minute environ, dans le quartier chinois de Buenos Aires. En plus de devoir éviter les regards des passants locaux à la caméra, et de devoir attendre que le bruit assourdissant du train s’arrête (la station de train est à quelques mètres de là), le réalisateur a demandé à plusieurs reprises aux nombreux fans de Ricardo Darin de ne pas prendre de photos avec le flash pendant le tournage, pour ne pas gâcher la prise.
En plus des quatorze nominations que le film a reçues lors de la cérémonie de l'Académie des Arts et Sciences Cinématographiques d'Argentine (l'équivalent des César en France), El Chino a été élu Meilleur film par le jury et par les critiques lors du Festival de Rome 2011.
Cette histoire "typiquement argentine", comme le rappelle le réalisateur Sebastián Borensztein, a été tournée partiellement dans la banlieue de Buenos Aires. Les nombreuses scènes internes, pourtant, ont été créées dans le studio Ciudad de la Luz, à Alicante (Espagne).