il est aujourd hui dans le cinéma un grand courant à la restauration des films, qui vise à rendre propre et visible des films plus ou moins anciens. Certains s'en offusquent, d'autres s'enthousiasment.
Populaire porte en lui meme sa propre restauration, dans sa conception immaculée, sanctifiée au Ripolin.
Le film est sur rien : pas de Normandie (rebaptisée avant l heure Basse Normandie, 10 ans avant la refonte des régions, anachronisme voulu ou tare supplémentaite, on ne sait), pas de repère historique ou social, pas de gags, pas de comique de situation. On reste dans une boule de neige , un cloaque mauve et rosatre , saturé d'une bande musicale aggressive (inutile de la remastériser dans 20 ans celle là) et dans laquelle ne perce jamais, même de façon subliminale, le souvenir d'Audrey Hepburn.
A la façon des fausses Rolex, Populaire est une oeuvre de contrefaçon, réplicative et mécanique, qui respire le papier carbone. Amélie Poulain était un jouet de haute précison, inventif , qui proposait une vision sciemment transfigurée des années 50 dans un Paris sublimé(qui aurait du se limiter à 50 minutes).Ici, on a juste emprunté aux musées japy et triumph un fonds de machines à écrire, motos et vieilles voitures, pour les filmer sans génie.
ce film poursuit la litanie des comédies d'un nouveau genre dans la France "post-Chtis", basée non plus sur l affrontement et les diffèrences (comme avec les bronzés) mais sur les retrouvailles chaleureuses et les réconciliations, et un moment donné j ai cherché Bourvil dans le Trou Normand.En allant plus loin (si je puis dire..), on renoue avec l'idée de victoire, voire de France conquèrante.
Si ce n'est qu'à l heure des atermoiements montebouresques sur la reindustrialisation de la France, pourquoi donner le mauvais rôle à Japy père et fils (japy était effectivement un exemple de capitalisme familial à la française) et le bon à Triumph, sociète allemande , reconvertie après la guerre!! Et d'ajouter que les Etats Unis sont bons pour le business , à l inverse de la France.
Au total, un long moment d'ennui, éclairé toutefois par Mélanie Bernier et le cha cha de la secrètaire.