Populaire, ou comment faire de son premier film une grande réussite.
Introduit dès le départ par des images du sujet, à savoir un zoom sur une machine à écrire, l'ambiance globale est immédiatement engagée. Choisissant un sujet peut être simpliste pour certains ou encore complexe pour d'autres, Régis Roinsard nous plonge au coeur d'une France qui se modernise, assortie d'une vision plus que moderne.
Le tout du film, ce qui le sort du lot au point de le classer parmi les très bons, c'est avant tout un duo magistral, deux interprétations qui ne manqueront, à mon avis, nullement d'être remarquée. Si Romain Duris peut être dur et sec, Déborah François sait être fraîche et douce. Ce sont ces différences qui les associent avec tant de charme. Romain Duris, splendide en patron, amoureux et ambitieux au travers des talents de sa secrétaire, séduit à la minute où il est aperçu. Sachant interpréter royalement son rôle, il s'intègre parfaitement à son époque, à la prestance de son image et dégage une chaleur rare, à la fois dure et tendre. Puis, sa compagne, sa partenaire, Déborah, joue, s'amuse et séduit tant elle est libre de jouer selon son envie. Elle réchauffe les coeurs et sait réveiller tout sportif qui sommeil en nous. Ayant apprit à taper à grande vitesse pour son rôle, on ne peut qu'applaudir sa prestation, et c'est ce qui a été fait. A eux deux, à l'envie de les voir ensemble, de les voir enfin liés, ils font presque tout. Mais les seconds rôles ne manquent pas de se démarquer également. Si Bérénice Béjo est magnifique en femme des années 50, on ne manque pas de remarquer Eddy Mitchell, brillant, autant lorsqu'il s’énerve que lorsqu'il est stressé.
S'ajoute à ces somptueuses prestations, une mise en scène exemplaire.
Recréant une atmosphère somptueuse, Roinsard nous plonge dans de beaux décors, encastrés dans une photographie magnifique. Qu'il s'agisse du nombre impressionnant de voitures d'époque, ou bien des reconstitutions de publicité, il signe un premier long d'une grande classe. N'hésitant pas à nous servir de très beaux plans, comme le "défilé" de voitures devant la tour Eiffel, ou les gros plans lorsque les femmes tapent à la machine, en passant par des travelling circulaires maîtrisés.
Mais aussi, un bel atout, c'est la tension qu'il sait éveiller lors des tournois, bien qu'on se doute que Rose Pamphyle n'a rien d'une perdante, il est réellement difficile de tenir en place ! Intégrant commentaires sportifs et musique, il nous tient en haleine.
Parle d'haleine lorsque le souffle n'est pas retenu, la musique apporte toute l'émotion dont l'oeuvre a besoin. Lorsque Duris retrouve Rose, lors de leur scène d'amour, extraordinairement mise en scène en jouant sur une alternance de couleurs chaude et froide, à savoir rouge et bleu, mettant ainsi un grand talent en avant.
Populaire est une franche comédie, à la fois romantique et sportive, rythmé entre émotion et suspense, grandeur et fraicheur, soigné par un détail de mise en scène digne des plus grands, interprété avec un talent incontestable, accordé par une BO pleine de surprises, il sait nous transporter, allant même jusqu'à réveiller une petite lueur de nostalgie. Vivement les Césars.