En 1958, Rose Pamphyle (Déborah François), belle et jeune demoiselle de 21 ans, rêve de quitter le bazar de son père et sa petite ville de Normandie pour Lisieux. Pour satisfaire à son besoin d’émancipation, elle entreprend de devenir secrétaire, et postule chez Louis Echard (Romain Duris) un petit assureur provincial. Pour elle, devenir secrétaire est le rêve de toute jeune fille de son temps, car « c’est moderne, c’est rencontrer un tas de gens, faire le tour le monde, travailler pour de grands hommes ».
Le problème, c’est qu’elle n’est vraiment pas faite pour ça. La seule chose pour laquelle elle soit vraiment douée, c’est taper vite, très vite à la machine à écrire, et c’est d’ailleurs uniquement grâce à ce don qu’elle parvient à se fait embaucher. Car son nouveau patron a une drôle d’idée en tête, la faire participer au championnat de vitesse dactylographique, et la faire gagner ! Pour ce faire, il l’installe dans sa grande maison en secret et la fait trimer jour et nuit pour faire d’elle une véritable star de la machine à écrire.
Un point de départ incongru et plutôt casse-gueule pour un premier film. Et pourtant ça fonctionne parfaitement, grâce à une ambiance légère et colorée à mi-chemin entre l’univers de Potiche et celui de la série Mad Men, une fantaisie omniprésente qui laisse également place à l’émotion. Déborah François, ravissante et lumineuse, y est pour beaucoup. Maladroite, tour à tour pleine de doute ou farouchement déterminée, elle se laisse manipuler par son coach et patron duquel elle tombe, forcément, amoureuse.
Impossible de résister au charme de cette jeune femme féministe avant l’heure, pour le spectateur autant que pour celui qui incarne son employeur. Romain Duris, qui a rencontré l’entraîneur de l’US Quevilly pour s’imprégner de son rôle de coach, est lui aussi assez inspiré et souvent plutôt touchant lorsqu’on en apprend un peu plus sur son passé et les traumatismes de la guerre, achevée depuis peu. La relation qu’il entretient avec son amie d’enfance et ex future fiancée (Bérénice Béjo), est à ce titre émouvante. Bref, après l’Arnacoeur, Duris semble bien parti pour s’imposer comme une valeur sûre de la comédie romantique.
Si le dénouement est bien sûr très attendu, comme le genre l’oblige, Régis Roinsart parvient à insuffler un ton enlevé et une originalité salutaires à ce film. Esthétiquement très réussie et très bien dialoguée, la reconstitution s’avère tout à fait remarquable, que ce soit à travers ses décors, ses costumes, sa musique ou dans les thèmes abordés.Même les scènes de concours de vitesse à la machine, qu’on imagine difficilement excitantes, deviennent spectaculaires grâce à une caméra virevoltante et des feuilles de papier volantes, ce qui n’a rien d’évident. Populaire, le film l’est incontestablement et dans le bon sens du terme. Fait pour plaire au plus grand nombre, il ne prend pas pour autant le spectateur pour un imbécile et lui offre un spectacle presque sans temps mort et d’une modernité rafraîchissante pour un film classé vintage. Un divertissement vivement recommandé.