Voilà un joli premier film qui, bien au-delà de son sujet, pourrait entraîner le spectateur vers une intéressante réflexion philosophique sur la nature du temps et sa perception : en effet, rarement 85 petites minutes n'auront paru s'écouler aussi lentement. Il est interminable, ce putain de voyage ! Alors attention, hein, c'est long, mais c'est beau. "Querelles" possède des qualités esthétiques indéniables (les paysages magnifiques et magnifiquement filmés, la multiplication des angles de prise de vue à l'intérieur de la voiture, le travail sur le son...) qui en font une grande réussite au niveau de la forme. Le problème, c'est que ça a tendance à cannibaliser le propos déjà assez maigre en soi. Assez vite (la notion de "vite" restant à définir...), ce road-movie qui traite du non-dit tourne en rond. Et puis, il y a cette métaphore simpliste mais pas inintéressante : la voiture=l'Iran, l'enfant=le peuple iranien, les adultes sourds-muets=les dirigeants iraniens. Seulement, si on la pousse un peu cette métaphore, c'est pas forcément joli-joli... D'un côté, on a des adultes qui cachent une vérité à un enfant (pour son bien, pensent-ils). De l'autre, cet enfant, pas con, qui a très bien compris ce qui se passe mais ne peut exprimer ce qu'il ressent à ces adultes qui ne l'entendent pas, et qui n'a plus que ses yeux pour pleurer, loin de leur regard. Quoi qu'il en soit, ce qu'on est bien obligé de constater, c'est que l'enfant est trop jeune pour conduire la bagnole ! Est-ce réellement ce que Morteza Farshbaf veut nous dire ou est-ce juste une petite concession pour éviter le sort d'un Jafar Panahi ? Pas très important au final, son film étant tellement beau. Mais tellement long aussi.