Beetlejuice Beetlejuice (2024) est une suite que personne n'attendait vraiment, mais que beaucoup étaient curieux de voir. Tim Burton, fidèle à son style, nous livre une œuvre visuellement frappante avec des décors gothiques et une esthétique toujours aussi macabre. Le film parvient à recréer cette atmosphère qui a fait le succès de l'original, mais au-delà des effets visuels et des moments d'humour noir, le charme semble s'essouffler.
Michael Keaton, dans le rôle-titre, reste impeccable en Beetlejuice, et son retour est sans doute l’un des points forts du film. Sa prestation, bien que plus modérée que dans le premier volet, capte l’attention et déclenche quelques rires. Cependant, on sent que le scénario n’exploite pas pleinement son potentiel, et le personnage, autrefois imprévisible et explosif, semble parfois contraint par les limites d'une intrigue plus linéaire.
Winona Ryder, en Lydia Deetz, apporte une profondeur inattendue à son personnage devenu mère. Son lien avec sa fille Astrid (Jenna Ortega) est touchant par moments, mais l'émotion est souvent noyée dans un flot d'effets spéciaux. Ortega fait de son mieux avec le matériel donné, mais son personnage manque de la singularité qui avait marqué la performance de Ryder dans le premier film. Au final, leur dynamique mère-fille n'a pas l'impact espéré et sert plus de prétexte narratif que de véritable colonne vertébrale émotionnelle.
Là où le film trébuche, c’est dans sa volonté de trop en faire. La surcharge de sous-intrigues - notamment avec l'arrivée de nouveaux personnages comme Rory (Justin Theroux) et Delores (Monica Bellucci) - détourne l’attention de ce qui aurait dû être l’axe principal : le retour chaotique de Beetlejuice dans la vie des Deetz. Chaque scène semble vouloir surpasser la précédente en extravagance, mais cette surenchère finit par fatiguer plus qu’elle ne captive.
La comédie macabre, marque de fabrique du premier film, est bien présente, mais souvent moins mordante. Les gags visuels et les situations absurdes manquent de la spontanéité et de l’esprit transgressif de l’original. Là où Beetlejuice (1988) offrait un équilibre parfait entre frayeur légère et humour grinçant, cette suite semble parfois hésiter entre hommage et modernisation, sans jamais trouver un juste milieu.
Les effets spéciaux sont sans doute l’un des plus grands atouts du film, et la direction artistique est à la hauteur de ce qu’on attend de Burton. Toutefois, il y a une certaine artificialité dans la mise en scène qui contraste avec l’utilisation plus artisanale et décalée des effets dans le film original. Les créatures, bien que magnifiquement réalisées, n’éveillent plus la même fascination qu’autrefois.
Le film tente aussi de poser quelques réflexions sur le deuil et la famille, mais ces thèmes sont traités de manière superficielle. Au final, on se retrouve avec une œuvre agréable à l’œil, divertissante à petites doses, mais sans grande profondeur ni innovation.
En conclusion, Beetlejuice Beetlejuice est une suite qui ravira les fans de Tim Burton pour son esthétique et la présence de Keaton, mais qui ne parvient pas à retrouver l’étincelle du premier film. C’est un film agréable, sans être transcendant, divertissant sans être inoubliable, une œuvre qui flirte avec la grandeur mais s’arrête juste avant d’y parvenir. Il s'agit d'une expérience plaisante, mais qui ne laissera pas une trace durable dans le panthéon des grandes suites cinématographiques.