Il est des films qui sont quasiment des cas d'école de tout ce qu'il ne faut pas faire.
Scénario creux, surenchère inepte, souvent dans la bêtise, acteurs en roue-libre qui finissent par dicter "leur" rythme au film, FX au rabais quand c'est tout ce qu'il reste à espérer d'un désastre évident au bout de quelques minutes de projection...
Tom Six, le "réalisateur" (appelons ça comme ça), avait promis un 3e épisode qui ferait passer "le second film pour du Disney"...
Pourtant c'est très largement le plus faible des trois opus autant en terme de violence graphique que psychologique.
Quelques débordements jouissifs ça et là mais rien qui fasse honneur à sa promesse.
Mais si il n'y avait que ça !
Parti sur un pitch alléchant (bien que totalement improbable): un directeur de prison sur les conseils de son comptable, décide d'appliquer les méthodes peu orthodoxes des deux premiers "Human Centipede" pour faire des économies budgétaires (nourriture, médicaments, ...) et faire définitivement plier ses prisonniers à ses ordres.
On aurait pu aller dans une bonne parodie cynique, dénonciatrice des solutions simplistes dictées par des politiciens qui le sont encore plus, en en foutant plein la tête à la "glorieuse Amérique".
Une autre bonne idée, reprendre les deux acteurs qui incarnaient chaque méchant dans les deux premiers films, et leur octroyer des rôles différents.
Mais si Laurence R. Harvey est méconnaissable et compose brillamment un personnage aussi drôle que veule et stupide (le comptable); Dieter Laser fait honte littéralement à toute forme d'interprétation en tant que directeur de prison complètement fou.
Il fait n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi. Surjoue, encore et toujours, hurle, gesticule, hurle encore, encore, et surtout, et c'est ce qui casse tout le film, décide de tirer constamment en longueur, ses mots, ses phrases, ralentissant constamment le rythme du film, cassant définitivement une mise en scène déjà pas très inspirée.
Cela faisait très très longtemps que je n'avais pas vu un acteur jouer aussi mal. Jusqu'à l'insoutenable pour le spectateur qui ne supporte plus de le voir ou l'entendre tellement il joue en force, se regarde jouer, en rajoute encore et toujours, hurle tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps, de plus en plus... tout en étirant ses mots en longueurs... encore, encore et toujours en longueur... ce qui fait encore plus durer le supplice à chaque fois. Extrêmement pénible sur tout le film. Vraiment !
On n'attend alors qu'une chose, qui serait salvatrice: des séquences où il n'est pas là.
Manque de pot, il est quasiment de toutes les scènes. C'est vraiment à mourir !
C'est lui en fait qui devrait être derrière les barreaux pour jouer aussi mal, avec de tout évidence une énorme prétention d'être "grandiose", d'avoir fait un choix d'interprétation "gigantesque", genre je me lâche à la Jack Nicholson dans "Batman". ... Oui, mais Jack Nicholson a du talent. Et même dans la démesure il savait doser ses effets !
Le scénario est grotesque, puéril et grossier ! Malgré son incroyable stupidité, avec de bons acteurs et un rythme rapide, on aurait pu passer un "moment beauf" hyper fun.
Malheureusement Dieter Laser, avec son épouvantable choix d'interprétation et son phrasé volontairement étiré, casse tout le rythme du film, et empêche le réalisateur, quoi qu'il fasse, quel que soit le montage, de limiter le désastre.
Et supposons que le réalisateur ait été assez naïf durant le tournage pour croire que Dieter Laser était drôle...
Y'avait tellement de choses à faire avec un tel pitch de départ, même débile, en plus des grossièretés et ignominies d'usage qu'on attend tous dans ce genre de spectacle.
Y'avait une telle satire à rajouter, une telle dérision à imprimer dans l'horreur. Tellement de situations délirantes à imaginer et de sous-entendus à balancer...
Là on reste dans le caca-boudin le plus ras-du-sol possible, avec un scénario écrit avec les fesses. On s'amuse parfois... Pas assez...
Quelques bonnes idées, quelques bons moments, peu de gore, mais quand y'en a c'est bien marrant et dégueu... On aurait pu s'en contenter comme un spectacle bas-de-gamme joyeusement régressif...
Mais y'a Dieter Laser, épouvantable, insupportable, qui imprime son rythme dans tout le film, ses vociférations doublées de sa manière volontaire d'ééééétiiiiiiiireeeeeeeeer chacune de ses mots sortis en force, en longueur, en longueur, en looongueeeeeeur... jusqu'à épuisement du spectateur... lui ne semblant jamais s'épuiser !
J'ai rarement vu un acteur à ce point détruire à lui tout seul l'ensemble d'un film (en fait jamais à ce point je crois honnêtement !), qui tout en restant médiocre, aurait pu rester divertissant... Il faut le voir pour le croire...
Pour ça, ce film est effectivement le plus horrible des trois ! Et surpasse quantité d'autres... TOUT les autres...
Un film de m***e effectivement, mais pas comme le scénario laissait l'espérer...
Sinon, pour pondre trois films sur un tel sujet, et de la manière dont c'est fait, le réalisateur Tom Six me laisse plus que perplexe... Prévoir une petite analyse Tom, peut-être ?