Comme chacun, je salue la beauté des images, lumières et paysages, ainsi que le jeu éblouissant des acteurs, l'incroyable Mikkelsen en tête, une des plus belles bêtes de cinéma au monde, en activité, comme un Luis Tosar du grand Nord, capable d'apporter une dose d'émotion qu'un De Niro ne nous livre plus depuis longtemps. Le rythme n'est pas américain, mais 100%, français made in France, c'est-à-dire ne singeant pas Hollywood, donc lent, oui. Pour ma part, fan de série B mais aussi habitué à autre chose que du boum boum tapageur et tape à l'oeil, j'ai accroché avec plaisir, emporté par les qualités du film, jusqu'à un moment, pas longtemps avant la fin, où j'ai ressenti un coup de mou. Cette distanciation apparaît à un moment où notre héros se retrouve seul avec lui-même, se préparant à son châtiment ; c'est donc un moment d'intimité où l'on colle moins à son destin, et finalement le coup de mou s'inscrit dans le propos du film, et on se dit que si Mikkelsen n'avait pas fait le boulot émotionnel pur et parfait lors de la fin réussie du film, ça aurait tourné en eau de boudin. Si...Si...Si... Pourquoi "si"? Le charme de l'ensemble l'emporte allègrement sur les réticences que l'on peut rencontrer. De plus, ayant lu le bouquin, simple, court, et efficace, (du Dumas affiné) avant, j'ai suivi les remaniements de l'histoire, avec intérêt, sans connaître tous les développements du scénario qui a su s'élever droit à travers la machine implacable de Kleist, qui tourne pourtant si rondement. Exit l'histoire de la gitane, Des Pallières a pondu un dénouement plus limpide pour le cinéma. De plus il nous offre, en bonus de luxe, une apparition de Denis Lavant, trop rare en tant qu'un des meilleurs acteurs français scandaleusement sous-employé, dans un rôle clef, où il nous offre un "numéro" dont il a le secret. Bref, vu le vide actuel sur les grands écrans, après Elysium, qui sent bon, à l'air bon, et est bon, donnez sa chance à ce Kohlass boudé par quelques esprits chagrins (si parisiens pour beaucoup).