Derniers Avis : Michael Kohlhaas - Page 9

Le style épuré, sobre, voir austère du film peut en rebuter certains. Je fais partie de ceux qui ne l’ont pas été. De Mads Mikkelsen, avec le talent qu’on lui connaît, émane un charisme, une puissance physique qui n’écrase en rien les autres comédiens. Il nous interprète avec virtuosité cet éleveur de chevaux au physique glacial mu par une injustice dont il a été victime. Je le salue d’ailleurs pour le fait d’avoir appris ses dialogues en français (en phonétique plus précisément) car jouer dans une langue que l’on ne connaît pas n’est pas chose aisée. Seul bémol : l’accent de Mads a fait que je n’ai pas compris certaines de ses répliques. Les paysages sont splendides et l’image magnifiquement travaillée. Il est certain que la narration, plutôt calme par rapport aux blockbusters boum boum boum malgré quelques combats, pourra en ennuyer plus d’un mais je trouve justement cela très reposant. Certaines scènes, dont les dialogues sont réduits à leur strict minimum, sont d’une très grande intensité ( spoiler: Durant la scène de l'enterrement de la mère, le duo père/fille est magnifique d'intensité
).

Ce film ne m'intéressait pas particulièrement premièrement. Mais comme j'aime Mads Mikkelsen et que le film rappelait évidemment Valhalla Rising, que j'adore, je me suis dis que ça pouvait être sympa. Alors le film est plutôt pas mal, joli à regarder, intéressant mais pas assez abouti et il manque quelque chose pour que je dise qu'il m'a plu vraiment. Cependant, croyez bien que ça m'a intéressé. D'abord parce que visuellement c'est vraiment propre, la mise en scène d'Arnaud des Pallières parvient bien à créer une ambiance austère, quelque chose de plaisant. Il ne filme pas beaucoup les paysages mais ils ont une présence, et il faut dire que cette réalisation met en valeur son acteur principal, iconique et inspiré. Le film tourne entièrement autour de ce Kohlaas, cet homme auquel on vole des chevaux et qui va vouloir demander réparation et à tout prix les récupérer, même s'il doit tuer pour ça. Faut avouer que ce n'est pas le thème le plus original qui soit, mais ce n'est pas dénué d'intérêt. Voir le parcours de cet homme, le voir devenir un monstre quelque part à cause des grands et de cette société, ça rappelle un peu Claude Gueux, le bouquin de Victor Hugo, où un prisonnier au bon fond devient un meurtrier à cause de la société dans laquelle il vit. Après ça ne va pas forcément plus loin. Mais j'ai quand même apprécié ce film grâce à plusieurs scènes, comme la confrontation de Kohlhaas et Erasme joué par Denis Lavant (génial), la rencontre de la princesse et de Kohlhaas où on voit une sorte de fascination dans ses yeux face à cet homme. A noter un casting de choix (Sergi Lopez, Bruno Gans etc). Un film agréable.

Une histoire de justice, mais le film tourne bien souvent à vide, dès qu'il devient en tant soit peu intéressant, ça retombe comme un soufflé... c'est long, pas toujours crédible même si la présence de Mad Mikkelsen sauve un peu les meubles mais ça ne suffit pas à susciter l'attention plus que ça... décevant..

Beaux paysages, beaux costumes, beaux chevaux, scénario acceptable... et c'est tout ! Prise de son horrible (pas de musique, saturation des bruits réels, aucune retouche, in-audibilité de certain dialogues...), jeu des acteurs monolithique (tout le monde est austère tout le temps, même les enfants...), cadrage pourri... Encore un film français qui veut sortir du lot en étant original à tout prix... quitte à faire de la crotte ! Cela semble filmé par mon petit cousin...

Un film qui a d'indéniables qualités sur le plan de la photographie, de l'interprétation (Mads Mikkelsen est impressionnant par sa présence ininterrompue et incarnée). Le projet est audacieux car choisir un héros bardé de principes moraux est assez osé de nos jours (on est là dans l'anti bling ring absolu). Toutefois, à force d'ellipse, le film passe parfois un peu vite sur la dimension politique du film. On aurait aimé voir davantage la mobilisation des compagnons d'armes du héros, leur réaction lorsque la débandade est prononcée avec un simple courrier du représentant de la puissance régionale. Un film fort mais qui aurait pu l'être encore davantage s'il avait un peu plus laissé d'espaces aux personnages secondaires.

C'est un très beau film, aucun doute ! On aimerait voir plus de film comme celui là dans nos salle.

De très belles images, des costumes et des reconstitutions très soignés. Dommage que cet écrin soit gâché par des dialogues et une direction d'acteur parfois peu crédible. Par ailleurs, la musique sans être mauvaise est trop caricaturale.

C'est un film vraiment intéressant. Un scénario plutôt bon, une belle mise en scène, avec une photo vraiment belle, Des Pallières propose un film intelligent et plutôt original qui mérite d'être salué comme il le mérite !

Voilà un film prétentieux puisqu'il prétend nous intéresser pendant plus de 2 heures avec des gros plans sur la beauté de Mads Mikkelsen impassible et un scénario très pauvre. Les acteurs sont tellement mal dirigés que le réalisateur évite parfois de nous les montrer et se contente de nous les faire entendre. Le tout aurait pu faire un bon premier moyen métrage de 40 minutes.

Un film sombre, réflexion politique et morale sur la recherche de justice sociale, porté par l'excellent et très charismatique Mads Mikkelsen. Très belles images, bande son parfaite, mais ce film lent peine à transmettre les émotions.

Globalement, j'ai bien aimé ce film. Le premier rôle, c'est la nature avec ses landes arides et sauvages et les paysages mystérieux des Cévennes et Lozère qu'Arnaud des Pallières rend inquiétants voire menaçants car la barbarie y règne encore. La qualité de la photo y est pour beaucoup. Quant à Mads Mikkelsen, il est beau et puissant mais la retenue protestante le rend peu locace, distant et glacial. Une retenue de paroles qui peut devenir agaçante. L'exécution finale en pleine nature est peu vraisemblable mais très étonnante.

"Michael Kohlhaas" est un film qui prend le spectateur à rebrousse-poils.
Un film rêche comme le vent qui souffle l'hiver sur les pentes enneigées des Cévennes.
Un film taiseux comme Madds Mikkelsen, qui renfile le costume du "Guerrier silencieux" de Nicolas Wending Refn où il était d'autant plus sexy qu'il n'ouvrait pas la bouche.
Un film ardu adapté d'un court roman de Kleist où il est question de Justice, de Révolte et de Rédemption et où l'on croise Martin Luther.
Un film historique mais tourné à l'économie avec quelques chevaux qui galopent inlassablement sur des landes ventées.
Un film qui refuse le spectaculaire, qui a un goût de western mais qui filme les scènes d'action à distance et multiplie les gros plans.
Alors bien sûr, à force de voir des films démago, des films qui vous prennent par le cœur - ou par les couilles - avec une putasserie dont on sort vaguement honteux, on pourrait se féliciter d'un tel niveau d’exigence, rare dans le cinéma, même français.
Mais voilà : à force de prendre le spectateur à rebrousse-poils, Michael Kohlhaas finit par agacer. Et, alors que le film se traîne interminablement sur 120 minutes, on finit par se dire qu'un James Bond ou un Farrelly se regarde avec moins de déplaisir !

Très beau film sur l'injustice. Âpre, fort, et étrangement contemporain

« Avant de faire de la dysharmonie, il faut connaitre l’harmonie » disait Paul Klee. Avant de faire du Tarkovski faut-il encore maitriser la photo, la prise de vue, les cadrages, la bande son, le récit, bref tout ce que le cinéma russe, très académique, enseigne à merveille et qu’un Tarkovski ou un Lounguine ont su transcender sans jamais trahir ces fondamentaux.
Arnaud des Pallières néglige tous ces éléments. Dès les premiers plans, l’ennui vous gagne : photos sombres, montage bâclé, kyrielles de gros plans insipides. Quant au récit – que les Russes savent si bien dérouler avec clarté sans la pesanteur démonstrative des Américains- (lire à ce sujet « l’art de raconter » de Dominique Fernandez) il devient ici incompréhensible. Sans la notice présentant le film, je crois que je n’aurais rien compris au scénario. La prise de son (ou le mixage ?) se révèle de mauvaise qualité : les bruits de fond sont trop amplifiés (passage du pont assourdissant) alors que les voix manquent de netteté.
Concernant les acteurs, Mikkelsen a de la présence mais il aurait fallu le doubler par un acteur à la voix de bronze (puisque feu Alain Cuny pourquoi pas Jean Réno ?) car son accent gène la compréhension du texte. Bruno Ganz et Denis Lavant sont excellents, Delphine Chuillot insipide et Roxane Duran (la princesse) nullissime : aucune présence et diction déplorable. Imaginez Marina Vlady à sa place : souvenez-vous d’elle dans la princesse de Clèves, sa seule présence éblouissait l’écran. Il y en a vraiment assez de ces jeunes actrices françaises contemporaines totalement nulles qui apparaissent dans les castings on ne sait comment alors que notre théâtre amateur regorge de talent. La scène de coucherie des parents surpris par leur fille est inutile. Les plans sont d’une longueur interminable et injustifiée. Seule la musique (Martin Wheeler je crois) intemporelle et originale a retenu mon attention quoiqu’elle ne soit pas toujours utilisée à bon escient. Conclusion : un film ennuyeux et décevant réalisé par un cinéaste qui ne maitrise pas son sujet. Cela dit, ça reste du cinéma par opposition aux frères Dardenne ou à Joachim Lafosse qui eux font tout ce que l’on voudra sauf du cinéma.

La justice est l'une des plus vieilles notions au monde. Des millions de personnes se sont battus à travers les siècles et ont donné leurs vies pour pouvoir la préserver. Les morts ne comptent pas quand il s'agit de rétablir un certain équilibre. C'est en tout cas comme cela que Michael Kohlhaas l'entend, un marchand s'étant fait volé deux de ses plus beaux chevaux. Après que sa plainte ait été refusée, ce père de famille décide de se venger lui-même.

Des Pallières vise avec son œuvre une dimension mythique de par des paysages impressionnants et habités par une brume quasi surréaliste, mais aussi par son interprète principal (Mikkelsen) qui n'a plus besoin de prouver que les rôles flirtant entre l'homme sage et la bête lui vont comme un gant (Le Guerrier Silencieux de Refn). Malgré cette ambiance bien présente et une photographie travaillée, on se lasse vite de ce Michael Kohlhaas. L'ensemble est lent, peu attractif et indigeste. Certaines scènes auraient méritées d'être plus creusées alors que d'autres au contraire pouvaient ne pas apparaître.

Il faudra attendre l'apparition de Denis Lavant (Les Amants du Pont-Neuf, Holy Motors) pour que le film s'élève là où il aurait directement dû aller. La discussion entre le théologien et Kohlhaas, en plus d'être intéressante, ajoute à ce film un dynamisme qui en avait bien besoin et que nous n'attendions plus. Avec des dialogues pertinents, éclairés et visant au cœur le problème de l'antihéros, on se rend compte que cet homme est perdu, habité par des démons intérieurs le poussant à mettre la terre à feu et à sang pour rétablir ce qu'il croit être juste.

Michael Kohlhaas, doté d'une ambition esthétique et ayant un certain goût pour le western, nous dépasse. D'abord ébahis par tant de froideur à l'écran, le spectateur décrochera de cette quête, et finira même par se moquer du problème central qui est évoqué : la vie de tant d'individus vaut-elle la peine d'être sacrifiée pour cette noble cause ?