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Un visiteur
4,5
Publiée le 28 juillet 2012
Vu en avant-premiere aux rencontres d'Arles. Un film qui prend aux tripe, un vrai crescendo dramaturge que qui ne laisse pas indemne. Les acteurs sont bouleversants et il convient de saluer la performance d'Emilie Dequenne. Une tragédie cohérente et bien construite qui aurait largement mérité sa place en sélection officielle à Cannes.
Ce film est un naufrage(au propre comme au figuré),une histoire glauque tiré d'un fait divers sordide,les acteurs on ne peut plus antipathiques(et je répondrai à ceux qui me diraient que ce n'est pas le propos du film:Kinski,qui était abonné aux rôles de salauds,était un grand acteur parce qu'il arrivait à faire sortir cette petite lueur d'humanité qui existe en chaque homme,là les personnages sont irrécupérables et ne suscitent pas la moindre compassion).Le pire est qu'il a été applaudi à la fin(vu en avant-première)par quelques professionnels de la profession:c'est pitoyable.Je n'ai rien contre le style "réaliste"(certains docus,au hasard "Les Nouveaux Chiens de Garde" ou récemment sur arte "El Sicario, room 164" sont absolument remarquables)mais là ce n'est pas du réalisme,c'est une mise en abîme tellement étouffante que ça en devient abject,une auto-parodie en somme.
Un film bouleversant. Déjà le nouveau long métrage de Joachim Lafosse brille par son audace narrative - principalement dans son utilisation très casse-gueule de l'ellipse - sidère ensuite par la prestation unique d'Emilie Dequenne, la prestance terrible de Niels Arestrup et le quasi contre-emploi de Tahar Rahim et finit par totalement désemparer dans sa tension émotionnelle, alimentée par un sujet tout à fait inconfortable, presque intenable. A perdre la Raison se boit des yeux sans que l'on en manque une miette, d'une efficacité telle qu'on oublie complètement que l'on regarde un film. Mais il ne divertit pas : il recentre le spectateur face à une réalité, celle du propos parfois romancé tenu par Joachim Lafosse. Voilà un pur drame cancérigène que peu de cinéastes français sont capables de concocter, confirmant ce que je pensais déjà du réalisateur d'Elève Libre : un immense talent de conteur et de direction d'acteurs. Déchirant, écoeurrant, déprimant : A perdre la Raison est une vraie claque !
Avec en permanence une partie de l'écran caché par un élément du décor, comme si les images étaient celles volées d'une caméra cachée, ce film nous dévoile la lente descente aux enfers d'une mère de famille, enfermée dans une relation envahissante. Arriver à créer une ambiance délétère derrière une suite d'événements qui peuvent sembler anodins est un tour de force. Les trois acteurs sont extraordinaires, et en particulier Emilie Dequenne, qui retrouve longtemps, trop longtemps, après Rosetta un rôle magnifique et poignant.