Il y a 6 ans, "Nue propriété" et "Ca rend heureux" m'avait laissé espérer la naissance d'un grand réalisateur, le belge Joachim Lafosse. Malheureusement, 2 ans après, "Elève libre", déception. J'espérais retrouver mon enthousiasme avec "A perdre la raison", drame inspiré par un fait divers qui avait bouleversé la Belgique, d'autant plus que réunir de nouveau le duo Arestrup / Rahim du film "Un prophète" et y rajouter Emilie Dequenne donnait la quasi certitude d'une excellente interprétation. Pourquoi suis-je, in fine, globalement déçu ? En fait, Joachim Lafosse ne cesse d'approfondir un thème qui lui tient à cœur, le trop plein d'amour. Ici, il s'agit d'un amour qui démarre dans le bonheur et l'insouciance mais dans lequel la situation de la femme va devenir de plus en plus difficile : son mari est le fils adoptif d'un docteur, un homme qui loge le couple et les enfants qui arrivent les uns après les autres et donne à tout ce monde l'aisance matérielle nécessaire. Super ! Sauf que cet homme est très possessif et que l'atmosphère dans la maison devient de plus en plus étouffante. Et là est le problème : pour arriver à rendre crédible cette atmosphère étouffante, Joachim Lafosse en arrive à étouffer son film ! Passe encore sur ce parti pris de la faute de cadrage volontaire : pour montrer que le couple n’a droit à aucune intimité dans cette grande maison, le quart de l’écran, soit à droite, soit à gauche, est flou dans un grand nombre de plans, comme si quelqu'un, le docteur par exemple, était là à regarder ce qui se passe. Plus grave est le fait que, à force de se retenir pour ne pas commettre le moindre impair, Joachim Lafosse fasse trop souvent l'impasse sur l'émotion, une émotion qui soit véritable, pas factice. Cette dernière, il s'efforce de nous la donner avec de la très belle musique baroque (Scarlatti, Caldara), très belle mais qui, dans ce contexte, apparait artificielle. Quant au passage où Emile Dequenne écoute et accompagne dans sa voiture Julien Clerc interprétant "Femmes je vous aime", là, on n'en peut plus ! Voir critique complète sur www.critique-film.fr