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petitbandit
89 abonnés
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3,0
Publiée le 30 août 2012
Remarquablement interprété par un trio d'acteurs efficaces, "A perdre la raison" est un film fort, sombre, sur la lente descente aux enfers d'une femme totalement dépassée par une situation inextricable. Le film aborde plusieurs sujets fort maitrisés, la réalisation est excellente. Reste une certaine lenteur par moment exaspérante, ce sentiment qu'il ne se passe pas grande chose et une durée trop longue. Un bon scénario malgré tout pour un film interéssant.
XX À perdre la raison - Cinéma | 30/08/2012 à 18h46 Une fois de plus, le synopsis déflore un peu trop le film ! Avec la première scène, Joachim Lafosse nous annonce la couleur. C'est donc que l'intérêt du film réside surtout dans l'évolution personnelle d'Emilie Dequenne (formidable!) qui bascule lentement de radieuse à désespérée.Les responsables sont autour d'elle. Le personnage de Nils Arestrup est écrasant; sous sa bienveillance et sa "générosité" (?), il achète TOUT et met une pression malsaine..... Il est victime de ragots mais ses motivations secrètes restent enfouies; bref, il suinte une atmosphère perverse... Arestrup a quelque chose du "colon" qui distribue ses bons points au jeune immigré marocain, trop heureux d'échapper à sa condition. Et puis, le personnage de T.Rahim évolue dangereusement; d'amoureux transi, il exerce lui aussi sa "domination" et amène sa femme à abandonner progressivement tout ce qu'elle était en lui "donnant" enfant sur enfant. Elle est broyée, elle n'existe plus.... C'est toujours pesant, parfois un peu lent ?
Un film fort et intense, tenu par de de grands comédiens, malgré une certaine lenteur et longueur, le long cheminement du mal être est impressionnant. Terriblement dur et déchirant.
Véritable descente aux enfers, "A perdre la raison" est l'histoire d'une femme, Murielle (Émilie Dequenne), dont la vie se désagrège sous nos yeux. Murielle est comme une intruse dans la relation entre Mounir (Tahar Rahim) et son parrain André (Niels Arestrup). Ce sont eux le vrai couple du film tandis qu'elle n'est qu'une pièce rapportée. André est une présence envahissante dans la vie maritale de Mounir et Murielle. Il partage sont appartement avec eux et une fois trop à l'étroit leur achète une maison et y déménage lui aussi. Il les accompagne en voyage de noces, les dissuadent de partir s'installer au Maroc... Et s'il peut effectivement se montrer généreux, il veut toutefois être payé en retour. Considérant Mounir et par extension sa famille comme sa propriété, André décide de tout pour eux et ne réalise pas qu'il étouffe Murielle. La mise en scène traduit parfaitement la domination qu'exerce André sur la jeune femme, qu'il repousse au bord du cadre tandis que lui envahit totalement l'image. Pétillante au début du film, Murielle se fane petit-à-petit. Les années, les grossesses successives, les soucis se lisent désormais sur son corps. Ne trouvant pas auprès de Mounir le soutient qu'elle espère, Murielle se replie sur elle-même. Elle ne vit plus que pour ses enfants et devient une mère avant d'être une femme, une épouse ou même un professeur. Elle ne travaille plus, applaudit sa fille au spectacle de l'école en dépit de toute mesure et en est ridicule, laisse les enfants dormir dans sa chambre avec elle, ne laissant à Mounir que le canapé... Le seul endroit ou Murielle se sente bien est dans la famille de Mounir au Maroc, et ce malgré les contraintes que l'islam fait peser sur les femmes (port du voile, corps caché...). C'est dire son désarroi. La réalisation de Joachim Lafosse place le spectateur dans une position de voyeur renforçant le sentiment de malaise que procure l'histoire. Le choix des acteurs est particulièrement intéressant puisqu'il y a une certaine adéquation entre les acteurs et leurs personnages. En effet, Niels Arestrup et Tahar Rahim forment déjà un couple de cinéma depuis qu'ils ont partagé l'affiche de "Un Prophète" tandis qu'Émilie Dequenne est la nouvelle venue et se place comme une intruse dans se couple déjà établi. Il faut d'ailleurs saluer la performance de cette-dernière, habitée et bouleversante, notamment dans le superbe plan-séquence ou Murielle, au volant de sa voiture, chante « Femmes... je vous aime » de Julien Clerc.
Il est difficile de sortir indemne d'un tel film...Un scénario mêlé à une mise en scène toute en simplicité et sobriété nous laisse face à un jeu des acteurs imparable!!! Je me permets de citer une des critiques lue pour ce film qui m'évoque parfaitement mon ressenti :"Une fiction virtuose dans sa manière de tisser jusqu'au vertige, sans manichéisme psychologique ni facilité d'écriture, la spirale tragique du double tranchant des sentiments amoureux, de l'emprise et la soumission affective ainsi que du poids délétère des dettes morales ou matérielles."
Le réalisateur belge Joachim Lafosse adapte ici un fait divers sordide qui a eu lieu dans son pays natal. Fin février 2007, Geneviève Lhermitte, une mère de famille commet un quintuple infanticide ! Par le biais d’un long flash-back (soit 99% du film), le réalisateur nous raconte comment cette mère de famille bien sous tous rapports a pu du jour au lendemain commettre cet acte inexcusable. Très rapidement, tout s’est enchaînée pour elle, d’abord un mariage, la cohabitation avec le père adoptif de son mari puis des enfants, elle commence par se sentir emprisonner, psychologiquement et physiquement. Alors que dans un premier temps, elle était sous le charme de son beau-père (qui était à ses yeux protecteur et bienveillant), petit à petit, elle a fini par ne plus supporter la dépendance excessive qu’ils entretenaient avec lui (de vivre sous son toit et d’être autant dépendant de lui financièrement), le climat devenait au fur et à mesure irrespirable et la situation commençait alors à devenir explosive. Elle se sentait prise dans un étau, incapable de résoudre des problèmes auxquels son mari fermait constamment les yeux (de peur de décevoir ou froisser son père adoptif). Joachim Lafosse nous restitue un palpitant et troublant drame psychologique, prenant de bout en bout et ce, en très grande partie grâce au magnifique trio d’acteurs interprété par Niels Arestrup, Tahar Rahim & Emilie Dequenne (cette dernière, qui incarne la mère de famille, fut récompensée du Prix d'interprétation féminine dans la catégorie Un Certain Regard, lors du 65ème Festival de Cannes, un trophée amplement mérité pour cette comédienne belge qui ne cesse de nous épater).
Encore un film qui a suscité des réactions extrêmes, tantôt haï, tantôt adoré. Comme toujours dans ce cas, je ne peux que constater que les deux sont exagérées. C’est l’histoire d’une lente mais sûre descente aux enfers causée par le quotidien et un ensemble de petits riens qui peu à peu entraîne la souriante jeune femme pleine de confiance en l’avenir du début vers la désolation et l’horreur finale. En tant que spécialiste de ces choses-là (quand même !) je tiens à dire que les portraits psychologiques tiennent remarquablement le coup de même que les situations (l’histoire est tirés d’un fait divers, rappelons-le). Ce qui est plus contestable, c’est ce parti pris de montrer justement cette horreur. Il est clair que les dithyrambes sont pour, probablement excités par l’odeur du sang (qu’on ne renifle pourtant ici qu’en imaginaire) et que les autres sont contre, probablement horrifiés par la vision finale des « enfants innocents » allant au supplice en toute insouciance… Je dirais que je me situe entre les deux : certes pas horrifié par cette vision pessimiste (et terriblement belge !) de l’humanité mais pas emballé non plus qu’on ait eu l’idée d’en faire un film… En conclusion, à vous de voir. Trois étoiles tout de même pour le savoir faire incontestable et le jeu des comédiens, très bien dirigés.
C'est corrosif dans le sommeil qui suit la séance. Pourquoi 4 petits en territoire médical contemporain, on se croirait dans les années cinquante. Murielle, à peine la robe de noce pliée, sent son mari après 2 bébés s'échapper vers ses origines marocaines, constate "un retard" telle une vierge. Le beau-père médecin lui mentionne l'existence de l'IVG, vite balayée par le mari au prétexte de l'enfant mâle après ces 3 fillettes successives. Troublant couple que celui d'Emilie Dequenne et Niels Arestrup ! Pourtant c'est difficile de faire porter au "bienfaiteur" tout le poids des événements tel qu'expliqué... Elle est bien trop cultivée pour tomber aussi bas (trop loin du fait divers où 5 enfants furent sacrifiés). La prise en charge des jeunes hommes par des béquilles d'office condamnables (la soeur très FN !) caricaturent de manière à favoriser l'enfer, cette préméditation venant au secours de l'imagination déjà en alerte. Excusable est Joachim Lafosse grâce à son génie de la mise en scène (l'ombre de la moitié de l'écran sur le bébé, la musique qui vient régulièrement dramatiser les scènes les plus anodines). Son film est servi par des dialogues efficaces et vaut de l'or rien que par la métamorphose de son actrice principale. Comme pour le dardennesque "Nue Propriété" ou le pervers "Elève Libre", il excelle dans les étaux mettant le spectateur au supplice. Et bien que pleurer sur "femmes je vous aime" puisse faire défaut quand elles sont à ce point passives !
Une plongée abyssale dans la dépression, la manipulation et la maternité. Inspiré d'un fait réel ce film réussit à positionner le spectateur ni dans le siège du juge ni dans le fauteuil du pauvre compatissant. Vous ressortirez éprouvés, et bouleversés par la prestation d'Emilie Dequenne qui mérite à coup sur son prix d'interprétation à Cannes. Quand le cinéma français devient audacieux on aime. A ne rater sous aucun prétexte !
Joachim Lafosse sait disséquer les relations humaines et ne se cache pas derrière des artefacts de mise en scène pour nous montrer crument des scènes clés. La direction d'acteur est parfaite et le sujet, fort, bien que prévisible, n'était pas facile à traiter, à l'instar de son précédent film : Nue Propriété. On peut lui reprocher quelques défauts : l'utilisation abusive du même thème musical, quelques manières dans les cadrages où il tend à montrer un peu trop de murs et de poteaux, mais la puissance du sujet est telle que l'on a affaire à un très beau film et à un réalisateur indéniablement à suivre.
Il fallait certes du culot pour traiter cette horrible histoire, mais il y a bien eu recemment Possessions et avant l'Adversaire sans oublier 7 morts sur ordonnance ; je pense que les réserves faites au traitement du sujet viennent du fait de l'effroi que nous inspire Médée,mais ici il ne s"agirait pas de vengeance : Le réalisateur a interprété l'histoire avec le parti pris de la dépendance entre tous les protagonistes et de l'épaississemement de ses liens qui nous garrotent Ainsi on suit avec empathie puis avec une forme de colère l'anéantissement consentie formidablement traduit par Emilie Duquenne , reste le choix de "l'outil " de la solution finale qui ne colle pas avec ce que l'on a vu precedemment ... Le réalisateur a créé quelques ellipses qui ont fait oeuvre et distance comme dans Possessions le nombre d'enfants a été amoindri et leur age changé , de meme l'inconcevable fin a été "amortie" en forme de fable . C'est a ce prix que le film fonctionne et n'est pas une brutale reconstitution.
Scénario soigné, mise en scène élégante, interprétation de choix : "A perdre la raison" sème avec intelligence les ingrédients de la route vers la folie. Une route empruntée avec un immense talent par Emilie Dequenne (Césarisable). Sans surjeu, mais avec pudeur, elle interprète une Muriel sur la pente de la déraison, bouleversante. Le tandem Rahim/Arestrup est également délicieusement vénéneux. Pas de pathos, pas d'effet facile. Une véritable réussite.
Film beaucoup trop linéaire pour être bon. Atmosphère pesante, il ne se passe pas grand chose. Un peu plus d'idées auraient été les bienvenues dans ce film