Bien qu'il soit bourré de qualités, "A perdre la raison" ne m'a pourtant pas emballé.
Inspiré librement d'un fait divers sordide, le film relate l'histoire d'un jeune couple qui s'aime, se marie et fait des enfants, quatre au total. Elle, est plutôt intelligente, prof en collège. Lui, d'origine marocaine, travaille comme assistant chez son père adoptif qui est médecin et chez qui toute la petite famille habite, profitant de ses largesses. Cette situation, pas vraiment confortable, va pousser petit à petit la jeune épouse dans une grave dépression et l'amener à commettre un acte abominable.
La caméra de Joachim Lafosse traque ses personnages en plans serrés, souvent avec une porte ou un bout de mur en amorce, permettant au spectateur de pénétrer dans leur intimité. C'est oppressant à souhait et petit à petit, la tension monte insidieusement. Les acteurs sont tous parfaits. Emilie Dequenne, tout le monde le dit et c'est vrai, est sidérante de justesse dans un rôle pas forcément valorisé et son morceau de bravoure dans la scène accompagnée de la chanson "Femmes, je vous aime" de Julien Clerc restera comme un des plans les plus forts de 2012.
Le propos sous-jacent du film m'a semblé être une dénonciation de l'emprise du mâle sur la femelle (ici deux mâles contre une malheureuse). Emilie Dequenne est présentée comme une victime des hommes, se laissant inexorablement enfermer dans le désespoir et la négation de soi.
Seulement, trop, c'est trop ! Jamais elle n'a un moment de révolte contre son mari ni son beau-père. C'est étonnant de la part d'une personne qui a un certain niveau de langage, elle est prof de français ! Non, l'héroïne fait toujours profil bas. Et puis, il y a des détails qui empêchent l'adhésion au propos et notamment les robes de grossesse portées par l'héroïne (un mix gris anthracite entre la burqua et la robe de bonne soeur). Un détail me direz-vous mais, honnêtement qui de nos jours peut enfiler de telles horreurs ? Elle est peut être sous anti-dépresseurs mais, même au fin fond d'une boutique catho intégriste, on ne pourra pas en dégoter de semblables. Sans compter que, sans être enceinte, elle continue à les porter tout le film.
Dénoncer le machisme, OK, mais pourquoi la femme doit-elle être une gourde intégrale au look de nonne dépressive ?
La fin sur le blog http://sansconnivence.blogspot.fr/2012/08/a-perdre-la-raison-de-joachim-lafosse.html