Le Vent se lève mériterait 5/5 juste pour son affiche. Non mais sérieux quelle affiche! Je pense qu'elle mériterait de figurer dans le top 10 des meilleures affiches de films de ces dernières années! C'est de la poésie à l'était pur là! C'est magnifique! C'est.. ouais enfin bon il vaut mieux attribuer cette note au film plutôt qu'à son poster. Et donc nous y voilà enfin les gens! On y est! Le Vent se lève! Le dernier film de Hayao Miyazaki! La conclusion du maître! Le testament du barbu! La fin de tout un cycle d'animation japonaise unique qui nous a tant bluffé, ému et profondément marqué. J'ai découvert la filmographie du réalisateur très tard (il y a plusieurs mois c'est pour vous dire!) et je pense que j'ai bien fait car c'est de cette manière que j'ai pu contempler le génie du metteur en scène. À l'heure actuelle où je fais cette critique, je n'ai pas encore vu tous ses long-métrages mais j'en ai quand même vu un assez bon nombre pour pouvoir comparer ce dernier film avec les précédents et voir en quoi il n'est pas comme les autres. Mais il faut noter qu'étrangement, Le Vent se lève a malgré tout créé deux catégories chez les fans lors de sa sortie en salles: Ceux le considérant comme un magnifique hommage à toute la carrière de Miyazaki et ceux se plaignant du fait que le film est trop lent et pas intéressant. Cela n'a pas du tout gêné les critiques qui ont vite fait d'acclamer le film qui s'est vite retrouvé aux Oscars mais qui ne l'aura bizarrement pas gagné (Vous voulez que je parle du film qui lui a pris la statuette hein niark niark!). Donc que dire au final sur ce film? Eh bien, je comprends les deux catégories. Car le film est à la fois unique dans la carrière de Miyazaki, mais est aussi imparfait. Et afin de mieux voir en quoi ce film est fidèle à un Miyazaki traditionnel tout en s'en éloignant, étudions un peu la galerie de personnages du film. Et..... étonnamment, les personnages doivent être le seul véritable reproche que je pourrai faire au film. Assez étonnant de la part du réalisateur qui d'habitude nous gâte. Le héros se nomme Jiro, depuis toujours il admire le domaine de l'aviation et souhaite créer lui-même ses propres avions. Et c'est à travers lui que le metteur en scène reprend ce que j'aime appeler "le héros parfait". Tous les héros des Miyazaki sont des personnages avec de bonnes intentions, qui feront toujours les bons choix, qui auront toujours la bonne attitude à avoir etc... mais ce qui rendait ces personnages si bons, c'était qu'ils étaient confrontés à de multiples dangers ou décisions difficiles, on s'attachait à eux car ils étaient nos modèles et lorsqu'ils étaient donc embarqués dans des aventures dangereuses, nous nous identifiions à ces héros. Et c'est étrangement ce que Miyazaki n'arrive pas à faire avec Jiro. Le personnage devra quand même
attendre les deux dernières minutes du film pour avoir une difficulté à surmonter
. Ce qui veut donc dire que pendant les deux précédentes heures, Jiro est resté le même et n'a fait que vivre sa vie sans qu'il n'y ait eu de véritable dilemme. Le personnage paraît alors malheureusement bien plat pour porter le film. Surtout si on doit le comparer aux autres héros/héroïnes créé(e)s par le réalisateur. Vu que Le Vent se lève est presque fait telle une chronique, l'aspect de la vie normale d'un être humain normal racontée pendant 2 heures prend tout son sens mais cela fait qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent concernant Jiro. Mais il a heureusement une solution de dernière heure (oui oui heure car là c'est le terme à employer!) pour se montrer un peu plus intéressant, cette solution s'appelle: Nahoko. Elle est la love interest de Jiro et bien qu'elle aussi soit presque unidimensionnelle, elle permet de lancer dans la deuxième heure du film une romance qui
tournera vite en drame
et qui relancera notre intérêt pour le héros. Nahoko restera également du début à la fin la fille toute mignonne, toute gentille mais ça jouera à son avantage vu la situation dans laquelle elle va se retrouver. L'émotion finit quand même par gagner. Mais excepté eux, le reste des personnages secondaires est étrangement assez oubliable. Que ce soit du côté d'Honjo qui est très présent mais qui pourtant n'est pas extrêmement utile à l'histoire, Kayo qui n'apparaît que très peu de temps à l'écran ou Kurokawa (même si la scène où il finit par fondre en larmes au "mariage" fait sourire). Caproni autant sera plus mémorable de ce point de vue mais j'en reparlerai plus-bas. Donc oui, il n'y a finalement que du côté des personnages que je saurai trouver de vrais défauts. En ce qui concerne la musique, c'est à nouveau Joe Hisaishi qui est à la baguette. Autant le dire tout de suite, ce compositeur nous a créé durant plus de 20 ans de vraies merveilles musicales (je retiens avant tout et comme beaucoup de monde Princesse Mononoké qui est d'une beauté exceptionnelle) et tout naturellement je l'adore. Pour Le Vent se lève, il a décidé comme Miyazaki de changer d'optique, un nouveau style se dégage des morceaux avec un ton très années 30's et ne faisant par vraiment penser à la culture japonaise, ce qui est une bonne idée. Les mélodies qu'il a composé pour le film sont pour la plupart assez bonnes et se marient bien à l'ambiance plus particulière qu'un Miyazaki normal, mais elles restent beaucoup moins en tête qu'auparavant. Il n'y en aura pas une en particulier qu'on aura retenu une fois le film fini. Mais ça reste du bon boulot. Je ne sais pas si, apparemment, il a vraiment recopié quelques uns de ses anciens thèmes pour d'autres films vu que je ne les ai pas tous vu mais en tant que pure composition, je trouve ça assez bien foutu. Et du côté de l'animation, on n'a pas à se plaindre! Avec les moyens modernes et un budget aussi énorme que celui du Vent se lève, les images se révèlent vraiment magnifiques. Il n'y a pas de grand décor ou de panorama incroyable comme avant mais en même temps ce n'est pas le but du film, les paysages de forêts ou de villes sont très soignés avec comme toujours un sens du détail qui fait vraiment plaisir. L'utilisation des couleurs est elle aussi splendide, elle semble même plus poussé que dans les anciens Miyazaki, quand on se retrouve face à des décors avec une couleur verte ou bleue dominante, cela donne l'impression d'avoir un tableau en face de soi, ça ne fait qu'aider encore plus notre immersion. De même pour toute la séquence au début du film où
les japonais fuient le séisme
, la couleur grise prend le dessus tout en laissant quelques objets ou personnages plus colorés, que dire à part que c'est beau? Et ce que j'adore par dessus tout, le fait que Miyazaki ne se dise jamais que si c'est un film d'animation, il faut laisser plusieurs plans avec le même cadrage. Ici, la plupart des angles sont, encore une fois, faits comme s'il s'agissait d'un film en images réelles. Il en est de même pour le rythme ou la longueur des scènes. Miyazaki ne se donne aucune contrainte car il n'y a pas de raison pour qu'il s'en donne. Il fait son film comme si c'était un long-métrage normal. Mais parlons pour achever cette critique du point qui nous a tous étonner et spécialement pour un film d'Hayao Miyazaki: Le scénario du Vent se Lève. Étonner est vraiment le mot car ici, il n'y a aucun élément fantastique qui est introduit dans l'histoire. Le Vent se lève est presque une biographie animée, d'ailleurs on peut dire qu'il l'est! C'est un genre tout nouveau pour le réalisateur, lui qui nous a habitués à choisir des registres totalement surréalistes avec des univers uniques en leur genre. Le voir décider pour son tout dernier film de s'attaquer à un genre qu'il n'avait jamais fait avant, c'était casse-gueule, et en même temps intriguant. Et c'est sûrement sur ce point que les fans ont été le plus divisés. Certains considèrent qu'il a complètement réussi son passage à l'univers réel et d'autres déplorent le fait qu'il ait abandonné le fantastique pour un film moins créatif et plus long. Une fois de plus, je comprends les deux camps. Car une chose est sûre, il ne faut pas s'attendre à retrouver beaucoup d'éléments vus dans les précédents films du metteur en scène tant Le Vent se lève est différent sur tous les points. Le meilleur exemple étant les séquences rêvées! Si Miyazaki avait créé ce type de scènes dans un film comme par exemple (tout à fait au hasard) Le Château Ambulant, cela aurait débordé de couleurs, de créatures imaginaires et d'inventions très farfelues, mais pas dans Le Vent se lève! Dans le film,
Jiro se contente de parler avec son idole Caproni sur des avions révolutionnaires mais qui ne sont pas dotés de systèmes bizarroïdes, c'est juste deux personnes la plupart du temps en altitude qui se parlent et partagent leurs passions sur les avions. Ça ne va pas plus loin et pourtant c'est tout ce dont on a besoin. J'en reviens d'ailleurs à ma remarque sur Caproni. La fameuse idée que j'ai trouvé véritablement excellente est que Jiro ne rencontre jamais Caproni dans la réalité, il ne doit en voir que quelques photos et rien de plus. Et pourtant c'est cette sorte de bonne conscience qu'est sa vision de Caproni qui va lui servir de guide et de moralisateur, chose confirmée à la toute fin du film se terminant dans un rêve.
La romance, il est assez étonnant de voir qu'elle finisse par fonctionner dans la dernière heure alors que pourtant quand on y pense, elle est limite bâclée.
Jiro et Nahoko se sont échangés quelques conversations plutôt courtes et pourtant sont ensemble très rapidement. Mais je pense encore une fois que c'est grâce aux péripéties qui s'enchaînent par la suite qu'on accepte ça et qu'on s'attache à ce couple. La scène de leur mariage improvisé étant d'ailleurs très belle.
Et puis, il faut le dire, le film est fait avec passion. Cela se ressent constamment. Énormément de scènes ne font que montrer les ingénieurs dessiner des plans d'avions ou tenter de trouver de nouveaux modèles aptes à la guerre ou aux transports, mais ils sont très honnêtes dans leur description et leur narration. Et si au final, les personnages sont plus faibles que dans les anciens Miyazaki, le tout est néanmoins très bien écrit avec certaines idées juste excellentes et quelques passages très marquants, le tout fait avec bien entendu une honnêteté digne de Miyazaki. En conclusion, Le Vent se lève était un pari très risqué pour Hayao Miyazaki, et encore plus pour un dernier film. Mais il s'en sort au final avec les honneurs. Il explore un nouveau terrain et nous créé donc quelque chose que nous n'avons pas l'habitude de voir dans l'animation. Juste pour dire un grand merci à tous ses fans et les remercier de lui avoir permis d'être ce qu'il est aujourd'hui, il a réalisé avec Le Vent se lève un film que nous ne nous attendions pas à avoir et qui est une conclusion plus que satisfaisante d'un tel génie. Je ne comprends toujours pas le choix des Oscars de ne pas avoir décerné l'Oscar à Miyazaki, ne serait-ce que pour l'ensemble de sa carrière. Mais ce n'est pas si important, le plus important est que nous avons vu le film comme beaucoup de monde et que nous ne sommes pas près de l'oublier. À Hayao Miyazaki, je dis "Bravo et merci pour tout."