Après le succès inattendu du premier Mad Max, le cinéaste George Miller ne s’est pas laissé prier pour lancer la mise en chantier d’une suite, au budget plus conséquent (environ dix fois plus élevé que le précédent, ce qui en faisait le film le plus cher d’Australie à l’époque), alors que les grands pontes de Hollywood commençaient à lui faire du pied pour la réalisation de nombreux projets (dont le premier Rambo). Résultat : un film encore plus culte que le premier, qui a su poser les bases d’un tout nouveau genre copié maintes et maintes fois au fil des décennies (il suffit de voir Waterworld). Retour donc sur un hit des années 80 qui a permis à sa saga de connaître pleinement la consécration que nous lui connaissons encore aujourd’hui.
Premier atout de taille par rapport au premier volet : le changement radical de décor. S’il s’agit toujours d’un monde post-apocalyptique, celui présenté par ce Mad Max 2 se révèle être bien plus chaotique que chez son prédécesseur. En effet, nous ne parlons plus de villes, de bâtiments désaffectés et de maisons avec gazon au milieu de nulle part mais plutôt d’espaces désertiques, quasiment vides de toute vie, dans lesquels les rares survivants (dont certains parviennent à maintenir un certain équilibre en fondant de fragiles communautés) se battent à mort pour survivre ou tout simplement par folie. Si cette fois-ci les raisons de cette désolation sont expliquées par une introduction en images d’archives – guerre nucléaire et pollution –, elles s’oublient très rapidement face à cet univers que nous offre George Miller : des personnages déjantés hauts en couleurs et aux looks improbables (les comédiens s’en donnent d’ailleurs à cœur joie dans leur interprétation), de la violence purement rock’n roll non sans humour noir et des décors simples mais grandement efficaces. Mieux, il arrive à changer le paysage du premier opus sans pour autant perdre sa substance et ses thématiques scénaristiques qui faisaient son charme, à savoir la déshumanisation de notre société ainsi que la folie et la bestialité de l’être humain en général. Le tout rehaussé par certains plans superbement mis en scène, offrant des séquences qui expriment visuellement tous les messages du script sans passer par la parole et mettant donc en valeur les messages du film (celle notamment de la danse des pirates), passant même par de la poésie (la mythique boîte à musique).
Aussi mémorable que cet univers, les scènes d’action du film. Autre gros atout donc de ce Mad Max 2 qui assume pleinement son côté délirant et pioche sans retenu dans l’excentricité de ses personnages pour nous présenter tout un bestiaire de véhicules hors normes afin de mettre en avant des séquences motorisées tout bonnement mémorables grâce à une mise en scène pointilleuse et talentueuse, parvenant à retranscrire sans détour la violence de cet univers. Même, George Miller parvient carrément (pour l’époque) à réinventer la scène de course-poursuite au cinéma en livrant l’une des séquences les plus spectaculaires du 7ème art. Je veux bien sûr parler de celle où le héros se retrouve au volant d’un camion et se fait poursuivre par les pirates : un monument d’une durée d’un quart d’heure tout au plus, une véritable chevauchée furieuse qui impressionne par son spectaculaire et sa réalisation (effets spéciaux et cascades tout bonnement réussis). Rien que pour cette poursuite, Mad Max 2 vaut le détour !
Petite ombre au tableau cependant : le rythme du film allié au scénario. Bien que ce dernier soit minime sur le papier mais témoigne finalement d’une richesse d’écriture incontestable (un antihéros déshumanisé à cause de son passé et qui retrouve sa part d’humanité en venant en aide à un groupe de personnes), le film se perd par moment quand le script décide de faire parler ses personnages. Étant un long-métrage à l’expression visuelle, il est difficile d’accrocher à des répliques qui paraissent banales et qui ne parviennent nullement à la puissance des séquences muettes (encore une fois, celle de la boîte à musique). Du coup, nous nous retrouvons avec des « pauses » bavardes et un peu ennuyeuses qui parasitent l’énergie délivrée par l’ensemble. Comme on dit, vaut mieux agir que de passer par de grands discours! Mad Max 2 reflète dans son intégralité cette idée-là et le prouve.
Consécration d’un mythe, Mad Max 2 mérite amplement son statut de film culte qui peut représenter à lui tout seul la franchise de George Miller. Bien plus maîtrisé (entendre par là moins décousu et mieux écrit) et plus spectaculaire que son prédécesseur, cette suite est ce que le cinéma hollywoodien se doit d’être, surtout de nos jours : divertissant au possible mais ayant également une âme et un scénario qui ne soit pas vide de sens.