(...) Comme je le disais, cette suite est radicalement différente du premier opus (c'est d'ailleurs une constante de la saga) et ce n'est pas plus mal. Max est notre héros, notre référent mais nous avons également une certaine distance avec lui. Il ne ressemble plus vraiment au flic droit et intègre que l'on a connu et ça se voit immédiatement sur l'écran. Gibson apporte toute sa folie au personnage et ses progrès d'acteurs sont visibles. Son regard acier, ses traits tendus, son corps abîmé, tout concourent à en faire un personnage à la limite, prêt à tout pour survivre. Le film en lui-même n'est pas très bavard et son intrigue se révèle même assez simple, avec des objectifs clairs et un déroulement limpide. Miller laissa d'ailleurs de côté de nombreux éléments narratifs, notamment ceux développant les deux méchants du film : Humungus, hyper charismatique malgré un costume plus que minimaliste, et Wez, joué par Vernon Wells et son regard fou, un bras droit particulièrement coriace mais qui verra son background sérieusement amputé sur le banc de montage. Au sein de la communauté, on s'attache tout de suite au petit enfant sauvage et son fameux boomerang tranchant, une arme redoutable. Quant au seigneur du château, pardon, de la raffinerie, il reste assez énigmatique lui aussi et les relations entre les différents membres apparaissent comme assez tendus, leur histoire ne nous étant que brièvement contée. C'est une différence fondamentale entre les films d'avant et ceux dits "modernes" (à partir des années 2000) dans le sens où notre imagination est beaucoup plus sollicitée et c'est à nous d'observer les petits gestes, les regards entre les protagonistes, étudier les costumes et les décors pour commencer à imaginer le passé de chacun, comprendre le présent à partir des bribes d'informations. Chacun des personnages appartient au film (sauf Max) et chaque vision nous permet d'en savoir plus sur chacun d'eux. (...) A ma première vision du film, ce qui m'a frappé, outre la sécheresse de la construction narrative, c'est d'abord et avant tout la façon de filmer les accidents et l'impression qui en ressort. La tôle est froissée, broyée, déchiquetée et l'impression de vitesse, parfois rendue de manière assez grossière avec des accélérés très voyants, est souvent palpable. Le rythme est soutenu et on assiste vraiment à un spectacle total,
avec un final ahurissant de presque 15 minutes, une course-poursuite impressionnante et virtuose qui ne fait pas vraiment dans la dentelle
. Le sang gicle, les corps souffrent, les visages sont déformés par la soif de violence et le spectateur reste cloué sur son fauteuil, happé par le show auquel il est convié. Cette suite se révèle bien plus spectaculaire que son premier volet, bien plus maîtrisé techniquement et narrativement. Miller et son équipe réussissent leur pari et le film devient un véritable phénomène. La critique complète ici